28 avril : de 2h à minuit, journée noire pour la Métropole

Les actions se sont succédées jeudi 28 avril à Toulouse pour la huitième journée de mobilisation nationale contre la loi "Travaille !" Du blocage économique matinal à la manif sauvage nocturne, récit des trois temps forts de la journée.

Blocage économique dans le Nord de Toulouse

Un rendez-vous circule par SMS et par mail depuis le début de la journée de mercredi : rendez-vous au parking Fondeyre, face au MIN [1], au Nord de Toulouse, à l’appel de la CGT, de Sud-Solidaires et de la FSU. La rumeur court que l’on va bloquer le dépôt pétrolier qui se trouve à proximité. Finalement, on reprend nos voitures et on suit la CGT jusqu’à Grenade, où l’on comprend que l’on s’apprête à bloquer Eurocentre, le plus important centre logistique de la région toulousaine.

Eurocentre se situe dans la commune de Grenade, au Nord de Toulouse

Il est 3h et nous sommes autour de 80. Une vingtaine de jeunes (étudiantEs, etc.) sont venus prêter main forte aux syndicalistes. Ces derniers ont tout prévu ; des camions vident leurs palettes sur les accès d’un premier rond-point et des fumigènes sont allumés. On fait un feu pour se donner du courage, puis en route pour un deuxième rond-point. La zone compte en effet trois accès et autant de rond-points qu’il faudra bloquer si on veut porter un coup d’arrêt à l’activité économique (voir schéma).

Des disputes éclatent ici et là entre des chauffeurs pressés d’enrichir leur patron et les grévistes, mais qu’à cela ne tienne, sur le coup des 4h le troisième rond-point est à nous.

Une voiture de gendarmes s’approche... Échange quelques paroles... Et poursuit sa route. Ah, les supers pouvoirs du drapeau CGT.

Un chauffeur excédé descend de son poids lourd pour pousser une gueulante. Une syndiquée monte dans le camion et arrache les clefs du contact. Tout le monde est mort de rire, sauf l’apprenti casseur de grève à qui personne ne veut rendre ses clefs.

Alors que nous traversons le désert froid et moribond qui sépare deux rond-points, on aperçoit une masse en mouvement à côté du gigantesque entrepôt de tri postal. On se pince pour y croire ; une vingtaine de moutons sont là, en embuscade. On apprendra plus tard que c’est la nouvelle méthode employée par la Poste pour entretenir sa pelouse. Mortel ! Fou rire général.

Le camp sera levé vers 9h. Le gros des livraisons se faisant entre 3h et 7h du matin, c’est une journée de perdue pour la Métropole !

Ca fait du bien de voir qu’il reste des chics types dans les syndicats... En tout cas, dans leurs bases. On a su s’entendre pour mener à bien cette action, malgré nos différences de culture politique. Des échanges constructifs ont eu lieu, principalement autour du mouvement en cours et de la stratégie à adopter. Bref, ça fait plaisir !

Et, renseignement pris, le retrait de la loi travail, c’est dans trois semaines !

Une manif mouvementée

MAJ 01/05

Deux articles publiés sur IAATA font le récit et l’analyse de ce qui s’est passé jeudi après-midi, notamment avec la désertion des syndicat :

Entre 3800 et 6000 personnes se sont retrouvées à Arnaud Bernard à 11h. Les syndicaflics voulaient nous faire faire le morbide tracé habituel jusqu’au Monument aux morts.

CertainEs en ont décidé autrement.

Très tôt, les lycéenNEs et étudiantEs prennent la tête du cortège. Dégoutée, la CGT bifurque sur les allées Jean Jaurès, ne voyant pas l’intérêt de manifester autrement qu’en première ligne.

ArrivéEs au niveau de Saint-Georges, des dizaines de personnes tentent d’enfoncer la ligne de baqueux qui barre la rue Maurice Fonvieille. Réponse immédiate des keufs à base de gaz lacrymogènes.

La réaction des flics ne se fait pas attendre ; "le service d’ordre n’a pas fait son boulot, donc on bloque la manif pour empêcher d’avancer jusqu’au Monument au mort".

Le cortège se retrouve bloqué sur les boulevards, pris en étau entre CRS et GM [2].

Nuit Debout propose de s’asseoir devant le TNT et de faire un barbecue... Alors que certaines personnes étaient assises, un groupe d’étudiantEs essaye une première fois de suivre un camion Sud qui s’en va par la rue de la Colombette pour partir en sauvage, mais illes sont très vite stoppéEs par les keufs.

Il faut dire que les voltigeurs sont de sortie et font bien leur sale taf d’intimidation, gazeuse à la main :

Merci à la personne qui nous a fait parvenir cette photo.

Sur le boulevard, les flics et leurs barrières anti-émeutes avancent petit à petit vers les manifestantEs.

Une deuxième tentative de manif sauvage s’avère plus fructueuse : environ 200 personnes s’engouffrent dans la rue Castellane, acccompagnées d’un hélico et de dizaines de keufs.

Une poignée de retardataires suit et déstabilise les bleus en chantant à leur attention : "On est derrière vous ! On est derrière vous !"

Des violences policières ont lieu vers la gare routière. Une vidéo de flics qui tabassent un manifestant a été tournée, on espère la retrouver vite. [3]

Des contrôles d’identité massifs sont effectuées aux alentours, ainsi qu’au Faubourg Bonnefoy.

La manif sauvage se disperse. Bilan : entre 7 et 12 interpellations selon la legal team et 2 selon La Dépêche. 2 policiers blessés à la tête.

Et un Jean-Luc Moudenc pas content :

Pendant ce temps là, le sit-in devant le TNT suit son cours, et à Sud on chante : "Police partout, saucisse nulle part !" Eh oui, le camion ayant pris la tangente, il n’y aura pas de barbecue aujourd’hui... Tout ce beau monde s’en va donc débuter une occupation du TNT qui suit son cours aujourd’hui vendredi 29 avril.

Un récit plus détaillé de la manif est à retrouver sur le site du CAMé.

Nuit Relou et manif sauvage

Beaucoup de monde se rassemble place du Capitole. Les prises de paroles s’enchaînent et se ressemblent. Pour réchauffer l’ambiance, un groupe de personnes lance un feu dans un brasero et distribue du punch à prix libre.

Aux alentours de 23h30, le mot commence à tourner qu’une manif sauvage se prépare. Des slogans sont scandés, des pétards explosent.

Une cinquantaine de personnes s’élance dans la rue des Lois, en chantant les désormais classiques "Toulouse, debout, soulève-toi !", "Grève, blocage, manif sauvage !", "La rue est à nous". Pas un seul flic en vue, on peut enfin se lâcher !

Des tags fleurissent sur les murs, les stores, et même une Porsche qui roulera désormais avec un beau "Nuire debout" rose sur le capot.

Une agence LCL fait les frais de la joyeuse rage qui anime le cortège : bombes de peinture et coups de marteau. Jusqu’à la cité administrative, puis le boulevard Armand Duportal, le même ravalement de façade est offert à tous les parcmètres, sucettes et abribus JCdecaux.

Les keufs dorment encore, mais le cortège ne compte plus qu’une trentaine de personnes. Elles se dispersent au niveau du Canal de Brienne, pour se fondre dans la masse des fêtardEs du jeudi soir. A bientôt !

Quelques photos prises le lendemain :

Dans un article intitulé "Toulouse : beaucoup de casse en marge de la Nuit Debout", La Dépêche, que l’on invite à aller faire un tour à Nantes ou à Paris, nous raconte la fable suivante :

Des participants à la soirée d’hier nous ont fait savoir que ces "mecs très avinés" n’avaient "rien à voir avec le mouvement" qui a rassemblé 500 personnes de 18h à 23h jeudi. La soirée venait de se terminer quand ces individus sont arrivés. "Ils n’étaient pas là pour échanger sur la société de demain, croyez-moi", raconte une jeune femme qui en a vus une dizaine prendre la direction de la rue des Lois en lançant un pétard. Ce qu’elle n’a pas vu, en revanche, c’est que, à peine le dos tourné, les casseurs ont enfilé des cagoules pour commettre leurs méfaits plus loin, rue des Lois et boulevard Armand Duportal."

Décidément, La Dépêche a bien mérité la petite visite surprise qu’elle a reçu cette nuit-là et revendiquée ici-même.

Notes

[1Marché d’Intérêt National, le Rungis de Toulouse.

[2Gendarmes Mobiles.

[3Envoyer à contact.iaata@riseup.net

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