À Foix, le 10 novembre, tentative de réquisition

En cette année 2018 le gouvernement s’attaque encore une fois aux plus précaires, légiférant sur le logement à travers la loi ELAN (Evolution du logement et aménagement numérique). Privatisation des HLM, facilitation des procédures d’expulsions, détricotage de l’encadrement des loyers, diminution des habitats neufs et accessibles aux handicapés, voilà quelques exemples qui composent ce dossier. L’INSEE recense trois millions de logements vacants quand 150000 personnes n’ont nulle part où habiter. S’ajoutant à cela, une baisse des aides aux logements condamne de plus en plus de personnes à la galère. Face à ce constat, une mobilisation active s’est déroulée le 10 novembre 2018 à Foix.

Du rassemblement à l’occupation

A 17h un rassemblement festif se tient sous la grande halle, pendant une heure, une petite centaine de personnes joyeusement déguisées échangent, dansent, et festoient avec vin chaud, café, gâteaux maison, au son d’une batucada et d’une fanfare. Des passants approchent spontanément et des discussions s’engagent jusqu’à la lecture d’un texte dénonçant les effets de la loi.

Le rassemblement part en manifestation et déambule jusqu’aux abords de l’hôtel de la Barbacane (inoccupé depuis 2012), appartenant à un gros multipropriétaire fuxéen (divers commerces et bâtiments). Le rythme s’accélère et l’invitation à la réquisition est lancée. Une partie du cortège investit le bâtiment alors que trois agents de police s’interposent rapidement et tentent d’y pénétrer.

Les autres manifestants se tiennent à l’extérieur. Un important effectif policier est déployé, réunissant gendarmerie, police nationale, PSIG, renseignements généraux ; la préfète arrive peu après. A leur disposition hache, bélier et leur armada habituelle : matraque, taser, bouclier, lacrymo.

Chantal Mauchet, préfète de l’Ariège, célèbre, au lendemain de l’expulsion, le centenaire de la boucherie de 14-18

L’équipe bleue ne joue pas le jeu

A l’intérieur, des barricades sont montées dans la précipitation. Les preuves d’installation qui devaient permettre le lancement d’une procédure judiciaire et donc éviter une expulsion immédiate sont ostensiblement ignorées par les flics. Ils attaquent une porte à la hache. Une discussion s’improvise dans le bâtiment sur la réaction collective à tenir à l’entrée de la police.

Ils commencent justement à défoncer la porte principale au bélier et brisent les vitres des portes et fenêtres. Les gens se rassemblent en groupe compact insistant sur la nécessité de rester tous ensemble. Après plusieurs efforts, les flics parviennent à défoncer les barricades renforcées au fur et à mesure par du bric à brac et du mobilier de luxe, au son du saxophone et des chants qui remplissent de joie cette atmosphère tendue.

L’électricité est coupée, les flics tapent sur leurs boucliers annonçant la charge sur ce groupe soudé, huant et hurlant « cassez-vous ! ». Ils avancent et frappent au hasard. Sous leurs violents coups de matraque, au moins cinq blessés dont deux personnes iront à l’hôpital, récoltant des jours d’ITT. Les autres se font taser et frapper. Le groupe compact peut finalement sortir, vigilant à ce que personne ne se retrouve isolé face à leurs coups ou tentatives d’arrestation.

Le groupe réuni scande à nouveau des slogans face aux flics puis part en manif sauvage. La cohérence du groupe se manifeste encore, empêchant des arrestations sur des personnes isolées. Le cortège s’arrête finalement sur un parking, en face de la gendarmerie et reprend la fête : musique, danse, open mic…

On fait l’bilan, calmement

Chacun.e a son ressenti, il n’y a pas d’unanimité sur cet événement chez les participant.es. Le manque de communication au sein de la manifestation a donné lieu à un défaut d’évaluation de la situation ; certaines personnes se sont retrouvées dans le bâtiment sans pleine conscience des risques. Durant la construction des barricades, certain.es avaient le sentiment d’être coincées malgré elleux. Les moyens matériels et humains policiers ont produit la surprise générale dans cette petite ville de Foix.

Retenons face à cette violence, la solidarité qui s’est maintenue entre ces gens de différents horizons, permettant l’évacuation par la fenêtre, à la l’aide d’une corde, d’une partie du matériel. Chacun.e tentait de protéger son voisin des coups de tonfa et de taser. Toutes les tentatives d’arrestations ont été empêchées grâce à cette cohésion de groupe. L’évènement s’est conclu sans aucune garde à vue.

La réquisition de cet hôtel aurait offert la possibilité d’un grand nombre de logement, des espaces d’activités, de partage. Au lieu de cela, le bâtiment désert continue à se délabrer. A cette déception se mêle malgré tout, une détermination à persévérer dans la résistance active et à donner de la joie dans nos vies.

A bientôt… ?

Cette tentative de réquisition était un joli bal des malfaiteurs, une pensée à toutes et tous les inculpé.es de Bure en ce 10 novembre...

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