Aurillac, rue des Carmes, le 19 août 2016

Un récit à plusieurs mains de la bataille d’Aurillac.

« Un festival en cage

Cet été, rdv est pris avec les copains copines pour le festival d’Aurillac, un festival de théâtre de rue qu’on apprécie pour sa composante assez sauvage : un off (les spectacles non déclarés, au chapeau) impressionnant, et un public parfois agité... En témoignent notamment les batucadas endiablées qui secouent le vieux centre à longueur de nuits, mais aussi le nombre de « campements » de tentes et camions installés sur le moindre espace vert, à l’écart des campings officiels. Mais cette année, état d’urgence oblige, les autorités compétentes (haha) ont tenté une pacification malvenue : tout le centre-ville est encagé par des barrières agrémentées d’un affichage sur les mesures exceptionnelles que le plan vigipirate nous imposent et d’un dispositif de sécurité visant à fouiller tous les sacs. Les flics se promènent tranquillement, comme dans n’importe quelle fan zone... S’il faut avouer que la plupart des vigiles postés aux points de contrôle sont assez sympas et pas trop zélés, la déconvenue nous rend de notre côté moins poliEs. Dès le premier jour on leur fait la promesse que les barrières ne tiendront pas la semaine... L’histoire nous a donné raison. Faut dire qu’on était pas les seulEs à être déçuEs. Et les conversations sur la nécessité de libérer Aurillac étaient souvent revenues entre nous, mais aussi avec pas mal de gens rencontréEs. Jo notamment, une copine du cru, qui nous a longuement parlé de l’existence d’une prison en plein centre... CertainEs se sont d’ailleurs payéEs un tour de chauffe sur les vitres du local du FN les deux premiers soirs, jusqu’à ce qu’il soit protégé par des planches de bois, qu’on s’est appliquéEs à redécorer (RIP mon marqueur). Pendant plusieurs jours, on a parlé de faire tomber les barrières, on a imaginé des scénarios, on a espéré, désespéré, on a prospecté, on a repéré les entrées les plus empruntées et les heures de pointe. Jeudi soir, on croit halluciner (il était déjà tard) quand on entend dans une buvette un peu excentrée un rdv pour une action à l’entrée des Carmes à 18h le lendemain. Un tract d’appel, paraît-il, aurait tourné sans que nous n’en ayons vu la couleur.

"Le plus bel art de rue"

Lorsqu’on arrive sur le lieu du rendez-vous, à 18h et des brouettes (faudra qu’on fasse quelque chose pour ces retards...), les barrières jonchent le sol et de nombreuses personnes sont déjà mal en point tant l’air est chargé de gaz. Une copine clown, présente depuis le début du rassemblement et active devant la compagnie de GM chargée de protéger les barrières de l’entrée, se dira d’ailleurs choquée de la vitesse à laquelle le rassemblement a pris la tournure d’une confrontation directe. En très peu de temps, les affrontements commencent et les gardes mobiles sont refoulés derrière les barrières. Quelques manifestants jettent cailloux et petits pavés, plusieurs potelets sont dévissés et balancés. On entend quelques tirs de flashball, des street-medics s’improvisent. On retiendra le mouvement spontané de copains copines qui décrochent des pancartes en carton (affiches de la promotion du off, déployée à l’arrache sur tous les murs de la ville) pour tenter d’évacuer le gaz contenu dans le petit tronçon en artère de la rue des Carmes où nous nous situons. Belle initiative collective, et qui plus est qui fonctionne, 150 personnes à vue d’œil s’y mettent et à chaque tir de grenade lacrymogène les yeux piquent un peu mais le gaz s’en va rapidement. Néanmoins, le manque de préparation des émeutiEres tranche avec ce qu’on a pu connaître en manif ces derniers temps dans le cortège de tête : des gens torse nus, même pieds nus, peu de k-way noir ou de lunettes de piscine. On retrouve pourtant cette même joie de se battre ensemble, des slogans fusent (beaucoup de "tout le monde déteste la police", moins de slogans ciblés sur l’emprisonnement du festival peut être ?), beaucoup de graffs sont réalisés ("le plus bel art de rue c’est l’émeute", "quel beau spectacle", "une seule solution : la ventilation" ...). Quoi qu’il en soit, en l’espace d’une petite heure, l’emplacement des barrières devient celui de la barricade. Les gendarmes mobiles, bloqués derrière, se retrouvèrent donc dans l’incapacité de charger. Face à la belle ténacité des manifestants, la compagnie finit par s’en aller. Dans un moment d’euphorie plutôt indescriptible, tout le monde grimpe sur la barricade, des cris de joie sont entonnés et quelques feux allumés. On apprend plus tard que trois personnes on été interpellées. »

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P.-S.

Un autre récit de cet épisode du festival d’Aurillac :
https://iaata.info/Festival-d-Aurillac-la-fete-ne-tient-pas-en-cage-1521.html

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