Des assemblées générales, d’abord. A l’université du mirail. On ne savait pas pourquoi on était là. Passer du bon temps, accepter de ne pas avoir les cartes en main, et pour les plus téméraires d’entre nous, faire parvenir une parole anarchiste jusqu’à cette tribune de l’angoisse.
Un blocage : clairement, ça prend pas.
[Je passerai sur les AGs de lutte et Nuit de boue, s’organiser avec des gens qui ne veulent pas esquisser la moindre remise en question est totalement vain. Et un peu irritant aussi.]
J’ai le souvenir criant de manifs ou l’on s’emmerde. D’autres pendant lesquelles on se sent intensément vulnérables, les lignes de bacqueux qui nous entourrent, prêtes à nous manger tout cru.e.s. Les black-blocks de 10 personnes, ça vaut pas le coût. Et l’énergie de ouf perdue à préparer ces moments qui nous ont toujours déçu.e.s... En ce qui me concerne, je tacherai d’anticiper la platitude des cortèges, au cas où on serait confronté.e.s à un nouveau mouvement social qui vient.
Quelques moments un peu chaleureux. Une manif sauvage qui surprend tout le monde le 31 mars.
Des initiatives un peu audacieuses : on choisit le bouche à oreilles pour organiser un open-mic au Capitole. Rapidement ça part en manif sauvage. On s’amuse un peu, à déambuler dans les rues, de nuit, on se disperse, sans souci. Le sourire aux lèvres. Ce n’est pas rien. La routine est brisée.
Une autre fois, le soir du 49.3. Le nombre est là, la détermination est palpable. Mais d’après moi, il est nécessaire d’admettre que le travail de propagande effectué pour "conscientiser les masses" n’a joué en rien : la démocratie déçoit certaines personnes qui croyaient en elle, ielles sortent pour exprimer leur colère.
Une expérience de squat. Là, ça promet. Tout le "middle" est bouillant. Quelle Ag d’ouverture ! Au bout de deux jours, celles et ceux qui préféraient faire vivre le lieu que massifier ou disparaître se sont gentiment fait.e.s cueillir par les decks. Un gros big up au réseau social qui permet au monde entier de se mobiliser, sur lequel certain.e.s communicant.e.s annoncent des activités telles que "confection de banderoles renforcées" dans le bâtiment. Pour réagir à cette arrestation massive, on pourra apprécier le fait que certain.e.s trouvent opportun de penser à établir un fond politique commun tandis que d’autres sont assez folles ou fou pour vouloir compliquer le travail des keufs par des barricades dans le quartier.
Bon, que celles et ceux qui attendent la salive aux lèvres le réveil des prolétaires se jettent à couteaux tirés dans la bataille chaque fois qu’une intersyndicale pointe le bout de son nez, ça s’entend.
Mais pour celles et ceux qui tentent de lutter ici et maintenant, contre tous les pouvoirs, c’est en revanche plus surprenant de se limiter aux traditionnelles formes de contestation syndicale. Certaines propositions ont été faites : le blocage d’un tram à Paname, le sabotage avorté des machines à composter à Rennes, l’attaque d’un comico à Toulouse. Mais globalement, on a restreint notre champ d’action à celui proposé par les syndicats : la Manifestation. Il me semble qu’on peut être nettement plus créatifs/ves, et pas qu’en période de "Mouvement Social".
Pour finir, le discours antirep. Il en ressort que pour mettre hors d’état de nuire la police et la justice, il suffit de connaître ses droits en garde-à vue. Et avoir des idées de groupes qui veulent bien jouer gratos en vue du concert organisé pour dédommager les flics blessés. Il serait pas mal d’aller un peu plus loin. En réflexion, en actes. Se munir un peu d’outils théoriques pour capter les privilèges dont on accepte de se doter face au juge : "j’ai tel diplôme, tel taf". C’est pas donné à tout le monde. L’avoir en tête... Chaque fois qu’on proclame notre innocence pour prendre moins cher ça retombera sur celui ou celle qui ne veut ou ne peut pas se payer ce luxe. La logique qui consiste à être révolutionnaire seulement jusqu’au risque du cachot "parce que je suis plus utile dehors que dedans" fait que certain.e.s se retrouvent d’autant plus isolé.e.s face à la justice, ou en taule, justement. Et en acte, alors. Se dire qu’on peut, massivement ou en petits groupes, perturber le cours de la justice. Affirmer le fait qu’on ne la respecte pas : à l’intérieur ou en dehors du tribunal.
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