Comment la police fournit à La Dépêche des articles clef-en-main (avec photo !)

C’est une découverte pour personne : La Dépêche roule pour les flics. Ce qu’on sait moins, c’est que les flics le lui rendent bien ! Retour sur la couverture troublante d’une action péage gratuit, et aussi plus généralement sur les petits services qu’on se rend entre l’hôtel de police et la salle de rédaction de La Dépêche...

Dimanche 26 février, on se retrouve à une petite trentaine sur le péage nord de Toulouse pour une opération péage gratuit. Le but : récolter des thunes pour soutenir les émeutier-es d’Aulnay-sous-Bois, victimes depuis plusieurs semaines d’un tribunal, Bobigny, dont la mission de maintien de l’ordre raciste et bourgeois semble de plus en plus assumée.

Très vite, des gendarmes interviennent et nous font dégager à coup de gazeuse. Des renforts (gendarmesques et policiers) ne tardent pas à rappliquer, si bien que nous finissons par être moins nombreux-ses que les flics qui nous encerclent. S’ensuit un interminable contrôle d’identité, deux par deux, « les filles d’abord ».

Quelle ne fut pas notre surprise, une fois rentré-es chez nous, de constater que La Dépêche du Midi avait déjà pondu un article sur notre action... avec photo à la clef !

Et l’article a été publié à 18h20, heure à laquelle nous étions encore nassé-es par les flics !

Réactivité ? Professionnalisme ? Quelques éléments permettent d’en douter...

Œuvre orpheline

En ce dimanche après-midi, aucun journaliste en vue, et encore moins de photographe... En revanche, beaucoup de flics adeptes de la photo amateur et du smartphone !

Et quand on s’intéresse au crédit de la photo publiée, on peut lire un mystérieux « DR  »... Qui signifie, selon Wikipédia :

Dans le domaine de la publication, Droits Réservés est une mention apposée à la place du crédit de l’auteur d’une œuvre orpheline, c’est-à-dire une œuvre dont il est impossible ou difficile d’identifier l’auteur.

Etrange, quand on sait que les photos prises par les journalistes sont toujours signées, ne serait-ce que par un simple « DDM  » (Dépêche Du Midi). Comme ici ou ici...

La Dépêche a-t-elle besoin qu’on l’aide à retrouver l’auteur de cette « œuvre orpheline » ?

Pour celleux qui ont encore des doutes : l’article évoque une opération de solidarité en soutien aux inculpé-es de la loi Travail. C’est le bla-bla qu’on a donné aux keufs pour ne pas les exciter plus qu’ils ne l’étaient déjà. Et on le retrouve tel quel dans les colonnes de La Dépêche...

La Dépêche : qui veut de la soupe ?

La proximité de La Dépêche avec l’institution policière est connue. Aucun autre acteur de la PQR (presse quotidienne régionale) n’est allé aussi loin dans la compromission. Il faut dire que cette proximité est ici érigée en modèle économique. Le canard aveyronnais l’Empaillé retrace très bien, dans un article intitulé « La Dépêche, les Baylet, la démocratie : qui veut de la soupe ? », l’histoire collaborationniste de La Dépêche, ce journal aujourd’hui « réduit à des publications d’annonces de faits divers et d’encarts publicitaires, de dépêches AFP paraphrasées et d’édito droitiers, courroies de transmission des mairies, des commissariats, des préfectures. La précarité des journalistes d’un côté et la complaisance ou la connivence des chefs de services envers leur hiérarchie et les pouvoirs locaux maintiennent un contenu pauvre ainsi qu’un travail d’investigation quasi inexistant. »

En fournissant quotidiennement La Dépêche en faits divers sordides et racoleurs, les flics permettent au journal d’exister. Quoi de plus rentable que ces informations enregistrées à la va vite, jamais recoupées, qui génèrent du flux sur Internet et des ventes en kiosque pour un travail proche de zéro ?

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Les articles les plus lus dans La Dépêche cette semaine...

L’intérêt de la police dans cette collaboration ? La couverture systématique de leurs « bavures », la promotion de leurs faits d’arme, la décrédibilisation de toute contestation un tant soi peu sérieuse, bref, la participation de La Dépêche, aux côtés (et du côté) des fonctionnaires, au maintien de l’ordre économique et social.

Par exemple, si vous lisiez La Dépêche, vous sauriez que les fonctionnaires de police ont sauvé trois personnes de la noyade en seulement six mois ! On l’apprend ici, ici, ou encore ici (« Ils ont ensuite hissé le SDF à la force de leurs bras, jusque sur la berge. »)

Pendant la loi Travail, combien d’éditos, combien d’articles mensongers pour cracher à la gueule des K-ways noirs et les dissocier du mouvement social ? Et plus c’est gros, plus ça passe :

Cela commence à devenir un problème pour les syndicats et les organisations de jeunes qui manifestent contre la loi Travail. À leur corps défendant, leur mouvement se trouve entaché, de fait, par les débordements violents de casseurs cagoulés et de minorités gauchistes qui n’ont qu’une seule envie : en découdre avec les forces de l’ordre. Les défilés qui se déroulent dans le calme sont pris otage par une minorité radicalisée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais la répétition des manifestations avec leur lot de violences risque d’affaiblir la cause défendue par ceux qui s’opposent sur le fond à la loi Travail. Surtout si les syndicats ne condamnent pas clairement les fauteurs de trouble.

Et lorsque les exactions policières commencent à se voir un peu trop, qui c’est qui assure le service après vente ? La Dépêche, encore et toujours !

Sur la fiche Wikipedia de La Dépêche, dont le PDG, rappelons-le, n’est autre qu’un ministre du gouvernement Valls, il est indiqué : « Une des devises du journal est : « La Dépêche renseigne vite et bien ». »

Du renseignement, ça elle en fait. De l’information, en revanche...

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