Contre « l’élimination sociale » de Philippe Lalouel à Montauban les 30 et 31 janvier

Depuis 1986 Philippe Lalouel a vécu en tout et pour tout 13 mois hors des murs… pour des vols.
Il sera à nouveau jugé par la cour d’appel de Montauban les 30 et 31 janvier 2014.

Il y a un an, en décembre 2012, la cour d’assises de Toulouse a condamné Philippe Lalouel, 46 ans, séropositif, à « une peine d’élimination sociale », pour reprendre les termes de l’avocat général :
Vingt années d’emprisonnement pour trois vols sans violence dans des agences postales en 2009. Il a fait appel de cette condamnation.

Philippe compte parmi les nombreuses victimes de l’affaire du sang contaminé de 1986.
Il grandit sans parents dans un quartier pauvre de Marseille. Pour améliorer l’ordinaire de ses proches, il en vient à tenter un braquage, au cours duquel il est blessé par un policier. A l’hôpital, il est contaminé par une transfusion sanguine, et arrêté.

Il prend huit ans de prison. A cette époque, et jusqu’à la fin des années 90, avoir le sida signifie qu’on est condamné à mort à court terme : Philippe est certain de mourir enfermé. Il tente donc d’échapper à la prison. En 1992, il ne rentre pas de permission ; en 1994, il parvient à s’évader. Au cours de ces deux courtes cavales, il commet plusieurs vols, toujours sans violence, pour assurer sa survie clandestine. Ces quelques mois de liberté lui valent en 1995 plusieurs dizaines d’années de prison. Parce qu’il est un ancien évadé, il est fréquemment placé en quartier d’isolement : 23 heures sur 24 en cellule, sans autre contact humain que celui de ses surveillants.

Il passe vingt-trois années en prison entre 1986 et 2009.

En 2009, Philippe a 40 ans passés. Il est toujours rongé par la maladie. L’administration pénitentiaire réalise qu’il a effectué les deux tiers de sa peine sans incident majeur, et surtout qu’il risque de mourir en détention. Une conditionnelle lui est brusquement octroyée. Il est brutalement plongé dans un monde qui lui est devenu étranger, astreint à résidence dans un village de Haute-Garonne, loin des rares attaches familiales qui lui restent. Malgré ses appels au secours, la justice n’estime pas utile de s’assurer qu’il reçoit un salaire pour son travail, ni qu’il est logé plus convenablement qu’au quartier disciplinaire.

Sans le moindre suivi, désespéré, dans le dénuement le plus total, il ne se suicide pas comme tant d’anciens prisonniers longue peine. Il vole de l’argent avec une arme volontairement non chargée dans de petites agences postales. Il a envie de vivre, il tombe amoureux de M. qui est aujourd’hui encore sa compagne. Mais il est vite arrêté, et réincarcéré.

Que Philippe n’ait commis aucune violence et que les sommes dérobées soient dérisoires n’a que peu d’importance pour la justice.

Il s’en est pris à l’argent des banques, protégé par le code pénal sans considération pour les trajectoires humaines : des peines infinies sont sans cesse infligées aux pauvres qui se font braqueurs. Philippe a écopé en première instance de vingt nouvelles années de prison. à son âge et dans son état de santé, c’est bien une peine d’élimination qui a été prononcée par la cour d’assises de Toulouse en 2012. Il manifeste encore son envie de vivre et fait appel de sa condamnation à mort.

Philippe sera jugé par un jury populaire les 30 et 31 janvier à la cour d’appel de Montauban. Ce jury, composé de neuf citoyens tirés au sort et de trois juges, a le pouvoir d’annuler la précédente condamnation.

Nous correspondons avec Philippe, nous le visitons en prison, nous avons des liens avec sa compagne, nous avons assisté à son procès en novembre 2012... Nous ne pensons pas que Philippe est un « récidiviste », seulement quelqu’un qui a passé trop de temps en prison. Nous pensons qu’il faut enfin lui laisser l’occasion de vivre un peu, dignement et entouré de ses proches, pour réapprendre doucement le monde du dehors.

Nous espérons que le jury le comprendra et que nous ne serons pas seuls pour le soutenir au tribunal.

Des amis de philippe

P.-S.

facebook.com/soutienlalouel

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