Les 43 d’Ayotzinapa et ce qui secoue le Mexique depuis plus d’un mois

Voici un bref point reçu par mail à propos de la situation actuelle au Mexique et de la mobilisation en réaction aux assassinats des étudiants d’Ayotzinapa par des hommes de main du narco-trafic liés aux édiles locaux.

Los 43 de Ayotzinapa.

Le 26 Septembre dernier, des étudiants de l’école Normal Rural d’Ayotzinapa (dans l’état du Guerrero) essayèrent de se rendre aux commémorations du 2 Octobre 1968 (massacre de Tlatelolco) [1] dans la ville de Mexico DF. Ils prirent deux camiones en direction d’Iguala. Leur périple devait continuer ainsi, de camiones en camiones jusqu’à la capitale.
Malheureusement, ils ne verront pas la fin du voyage.

Arrivé dans la ville d’Iguala, le maire José Luis Abarca, de peur que ces étudiants ne viennent boycotter un événement organisé par son épouse, fit appel à la police municipale d’Iguala et de Cocula (ville voisine) pour les en empêcher. Selon, les dires de certains témoins, les étudiants furent tirés comme des lapins. Les premiers à tirer furent les policiers en uniformes, suivis de ceux en civil. Après les heurts, on dénombrera 6 morts dont trois étudiants, 25 blessés dont un dans le coma ainsi que 43 disparus.
Au-delà des morts et des blessés qui choquèrent l’opinion publique, une question restait en suspens : qu’était-il advenu des 43 étudiants dont personne n’avait de nouvelles. Plusieurs témoins affirmèrent avoir vu les étudiants embarqués par les forces de l’ordre.

Le 30 septembre, 22 policiers furent arrêtés pour être entendus au sujet des 6 personnes tuées le 26 novembre.

Le 28 septembre le maire d’Iguala et sa femme prirent la fuite. Ils ne seront arrêtés qu’un mois plus tard dans la capitale.

Alors que le Mexique en émoi réclamait vouloir vivant les étudiants disparus, plusieurs fosses communes connues des narcotrafiquant furent fouillés en vain.

Lors des interrogatoires, certains policiers affirmeront avoir livré les étudiants à un groupe narcotrafiquants se nommant "Guerreros Unidos". Trois des membres les plus notoires de ce cartel ne sont autres que les frères de la femme de José Luis Abarca. L’enquête révélera les liens étroits qui liaient le « couple infernal » à ce groupe de narcotrafiquants.

Depuis, s’ensuivirent de nouvelles arrestations, au sein de la police, des pouvoirs politiques et de ce cartel. Les membres du cartel arrêtés, diront aux autorités avoir pris en charge les étudiant sur une route entre Iguala et Cocula avant de les avoir tués puis brûlés sur des bûchers pendant 14 heures. Les cendres seront jetés plus tard dans une rivière voisine.

Cela fait un peu plus d’un mois, qu’aucun jour ne se passe sans une manifestation ou des actions en soutien à ceux d’Ayotzinapa. Les actions pullulent est deviennent de plus en plus violentes. Depuis début novembre, le palais présidentiel de Mexico fut attaqué, des bâtiments du parti au pouvoir ont été brulé, l’aéroport d’Acapulco (capitale de l’état du Guerrero) à été pris d’assaut.

Cette affaire qui met en lumière les relations entre les gens de pouvoir et les milieux narcotrafiquants réveille un Mexique qui ne supporte plus cette corruption.

A lire sur Iaata : un article sur le rassemblement qui a eu lieu à Toulouse le 1er novembre dernier

P.-S.

De nombreuses mobilisations ont lieu en ce moment au mexique plus d’info sur le site de l’agence subversiones.

Deux brèves du Secours Rouge :

Le siège de l’Etat du Guerrero attaqué par les manifestants (8 novembre 2014)
Affrontements et blocage de l’aéroport d’Acapulco (10 novembre 2014)

Notes

[1Le 2 octobre 1968, l’armée mexicaine ouvre le feu sur des étudiants rassemblés sur la place des Trois-Cultures de Tlatelolco à Mexico. A quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques le gouvernement "socialiste" de Diaz Ordaz (PRI) ne parvient à mettre fin à la révolte étudiante qu’en tirant sur la foule. Bilan : près de 300 personnes assassinées (même si les chiffres officiels ne font toujours état que de 4 morts et 20 blessés), plusieurs centaines de disparus, mais aussi une cinquantaine de policiers tués.

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