[Mexique] Gouverner par la mort

Récit détaillé de la Tuerie d’Iguala au Mexique. On le sait l’Etat tue pour défendre ses intérêts, on en a eu un exemple récent en France. le Mexique est une illustration crue et terrible de cet axiome basique de la domination. Jeff Klak publie un texte de Jon Gibler qui détaille les événements récent de la tuerie d’Iguala qui a soulevé une vague de protestation d’ampleur au Mexique. Nous publions en suivant quelques nouvelles reçue sur le mouvement.

Le 26 septembre dernier, six personnes, dont au moins deux étudiants de l’école normale rurale (la normal) d’Ayotzinapa1, ont été tuées par des membres de la police de l’État du Guerrero dans la ville d’Iguala. Les policiers, de mèche avec les narcotrafiquants locaux, ont tiré sur plusieurs véhicules qui, pour la plupart, se rendaient dans la capitale du Guerrero pour commémorer le massacre de centaines d’étudiants par l’armée en 1968. Après la sanglante fusillade, une répression très violente et une traque policière dans la ville d’Iguala ont provoqué la disparition de 43 étudiants, toujours portés disparus deux mois plus tard. Ils auraient probablement été sauvagement assassinés par le crime organisé qui a d’ores et déjà revendiqué la mort de 17 d’entre eux.
John Gibler, journaliste indépendant, s’est rendu dans l’État du Guerrero, quelques jours après le massacre, et a interviewé les étudiants survivants d’Ayotzinapa. Le texte qui suit est la traduction en français d’une conférence qu’il a donnée en octobre 2014 au café zapatiste de Mexico.
A lire sur Jef Klak

Quelques nouvelles du mouvement qui s’est déclenché depuis :

Les 11 personnes qui ont été arrêtées à Mexico le soir du 20 novembre, lors de la manif de soutien aux 43 jeunes disparus d’Ayotzinapa, ont été accusées à tort de terrorisme, d’émeute et de tentative d’assassinat. Les détenu(e))s ont été transféré(e)s en prison de sécurité maximale. Nous vous communiquons articles et témoignages autour de leur détention .

Depuis, il semble qu’ils aient été récemment libérés sous la pression de la société civile mais leurs accusations demeurent et la situation de répression au Mexique continue
Nous vous faisons suivre l’ extrait d’un échange personnel entre Mexique et Paris qui en fait état, afin de vous communiquer les dernières Nouvelles !

Les 11 prisonniers dont parle la lettre ont été libérés aujourd’hui, faute de preuves (et pour cause).
Un étudiant "détenu" hier par la police (en civil) dans une opération kidnapping, menacé, torturé, baladé pendant 3 h par des flics certains de leur impunité, a été "présenté à la justice" et libéré dans la nuit, grâce à la mobilisation immédiate des étudiants, parents, poètes et écrivains (il est poète). Il a porté plainte contre ses kidnappeurs. Sa mère appelle à renforcer le réseau de "parents d’étudiants".
Les théâtreux de Mexico, depuis vendredi, ont lancé la "libération des guichets", on entre gratuitement à tous les spectacles, avec (ou sans) une collaboration volontaire pour Ayotzinapa.
Les dessinateurs, peintres, illustrateurs, prennent une initiative par jour, dans toutes les grandes villes,
les facs sont en ébullition (mais c’est le début des vacances)
les flics se déchainent, la justice est toujours aussi pourrie, mais parfois, miracle, comme aujourd’hui, refuse de maintenir en prison des innocents,
l’armée entre "poser des questions" dans une fac de province (Coahuila), la direction et les étudiants protestent et les font sortir… et le lendemain, le général responsable de la zone va présenter ses excuses personnellement !
Les menaces personnelles se multiplient sur FB, twitter, par téléphone ou portable (et aussi par le biais d’accidents de voiture et vols à main armée qui se multiplient curieusement contre les militants), tout le monde les prend au sérieux mais sans panique, apparemment "Ya me cansé del miedo" (j’en ai assez d’avoir peur) n’est pas seulement un slogan,
la Commission de défense des droits humains de la ville (officielle) annonce la publication et diffusion massive d’un bref manuel sur "que faire en cas d’arrestation arbitraire" (ça, c’est ma brève préférée !)

Au Guerrero, de nouvelles fosses communes apparaissent tous les jours,
une caravane de mères de transmigrants centraméricains disparus au Mexique vient d’arriver à Mexico, elles recherchent leurs fils ou filles disparus, et aussi ceux des autres, moins de 200 recensés par le gouvernement mexicain, près de 70 000 (soixante-dix mille, tu as bien lu) d’après les organisations qui les cherchent,
des cas anciens de disparitions massives sont révélés, au Guerrero et dans tout le pays, et chaque fois on découvre que la police, la justice, le gouvernement, n’ont même pas fait semblant de chercher les disparus ni les coupables,

Le discours vide du Président a surtout servi à montrer qu’il avait convoqué tout le gratin de l’État, des forces armées, de la télé, la presse et le patronat (ainsi que les recteurs d’Université et en général, tout ce qui administre de l’argent public)… et que tout le monde est venu, a écouté en silence et applaudi studieusement. Mais on a tous entendu clairement la menace, sous l’enveloppe de cynisme technocratique,

Bref, franchement, on n’y comprend rien !
C’est tellement nouveau et pourtant connu, tellement instable, tellement plein de menaces et en même temps d’espoirs qu’un jour on voit tout en noir, le suivant on se dit que peut-être…
Mais on ne sait toujours pas où sont les 43… et ça, c’est clair, tant qu’on n’aura pas une réponse, on ne lâchera pas.

T.
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Le Bureau du Procureur général de la République a inculpé de crimes graves les 11 personnes détenues arbitrairement ce 20 novembre Article d’Eréndira Derbez y Gisela Martínez.

Mexico DF. 22 novembre. Aujourd’hui, le Bureau du Procureur général de la République (PGR) a inculpé les 11 individus arrêtés de manière arbitraire aux alentours du centre historique de Mexico suite aux mobilisations dans le cadre de la Quatrième « action globale pour Ayotzinapa » qui a eu lieu le 20 novembre dernier. Lors de cette journée les manifestants ont demandé la présentation en vie des 43 étudiants normaliens enlevés par la police municipale à Iguala.
Après 18 heures de détention au Bureau du procureur adjoint chargé des enquêtes spéciales sur le crime organisé (SEIDO), les trois femmes et les huit hommes détenus ont été inculpés de les délits d’association délictueuse , participation à une émeute et tentative d’homicide sous l’enquête préliminaire PGR/SEIDO/UEITA/194/2014, signée par le Ministère Public de la Fédération, Sinué Domínguez Campos, rattaché à l’Unité spécialisé dans la recherche sur le terrorisme, le rassemblement et le trafique d’armes.

Selon les informations collectées, ils ont subi des coups avant d’être arrêtés arbitrairement, car en aucun cas il existe des preuves contre eux concernant les délits dont ils sont accusés. Certains d’entre eux n’ayant même pas participé à la manifestation massive qui a eu trois points de départ : le monument de l’Ange de l’Independence, le monument à la Révolution et la Place des Trois cultures à Tlatelolco. Cependant, la police les a arrêtés uniquement par le fait d’être présents au Centre historique, même pour des raisons étrangères à la manifestation.

Des avocats, de différentes organisations et des parents de ces individus ont dénoncé de graves violations à la procédure, étant donné que, mise à part avoir été arrêtés de manière arbitraire, la plupart d’entre eux ont été présentés devant le Ministère public après plus de 12 heures après leur arrestation. Pendant ce temps leurs familles et amis ignoraient le sort des détenus. De même, le travail de défense légale a été entravé par
les autorités : la PGR les détient en isolement, des avocats commis d’office leur ont été imposés et on leur a empêché de s’entretenir avec les avocats de leur choix et de confiance.

Etant donné leur isolement, les familles de ces individus ignorent leur état de santé, s’ils ont reçu ou non une attention médicale adéquate et si l’expertise, imposée par la loi, concernant leur état au moment de leur arrivée à la SIEDO, a été réalisée.

Après la consignation, les détenus ont été déplacés vers des prisons fédérales loin de la capitale. Les femmes ont été déplacées à la prison de femmes de Tepic, dans l’état du Nayarit (où la très célèbre « Reine du Pacifique », accusée de trafique de drogues, à été détenue) et les hommes à la Prison Fédérale de Villa Aldama, dans l’état de Veracruz.
Les gens ayant subi une réclusion dans des prisons fédérales expliquent que toutes les inspections subies à leur arrivée violent les droits de l’Homme ; que les prisonniers y subissent un traitement cruel, inhumain et dégradant, et qu’elles sont contraires à l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus et, de manière générale, contraires aux Droits de l’Homme.

Selon le Comité Cerezo, le protocole d’incarcération consiste à dénuder les détenus, leur faire une exploration anale, à leur faire faire des squats et des bains de bouche, à les intimider avec des chiens entraînés, en plus des cris et des injures. Les conditions deviennent plus graves lorsqu’il s’agit d’individus ayant été arrêtés pour des raisons
politiques. Pour plus d’information, consultez le lien suivant :http://comitecerezo.org/spip.php?article1966

Par ailleurs, la distance géographique rendra encore plus difficile leur défense juridique. Elle empêche le contact entre les détenus et leur famille. Cette situation viole également les standards internationaux.

Qui sont les détenu(e)s ?

1.- Tania Ivón Damián Rojas : 21 ans, étudiante du 3e semestre de la filière de Sociologie à l’UNAM. Selon sa famille, au moment de son arrestation elle a subi des coups par des éléments de la Police fédérale (elle présente des hématomes dans ses bras et une contusion à l’œil droit).

2.- Hillary Analí González Olguín : Etudiante en Sciences Politiques à l’UNAM. Des témoins dénoncent qu’elle a été passée à tabac par la police. Elle a des côtes blessées, des vaisseaux éclatés dans un œil, des coups au visage. Selon sa famille, la police fédérale l’a jetée par terre et l’a assommée à coups de pied. Sa mère déclare : "J’ai passé presque 24 heures à chercher ma fille. Son seul délit a été de clamer justice".

3.- Liliana Garduño Ortega : Etudiante de lycée à distance. Mère célibataire. Elle prenait des photographies près de la place principale (Zócalo) lorsqu’elle a été poussée par un groupe de personnes qui fuyait la police. Elle a été atteinte par des éléments de la police, qui ont commencé à lui donner des coups de pied à la tête, tout en étant par terre.

4.- Isaac Domínguez Ayala : 31 ans, Ancien étudiant de psychologie à l’UNAM. Il a été arbitrairement arrêté le soir du 20 novembre lors de l’opération policière coordonnée par la Police fédérale et la Police du gouvernement du DF. Sa famille a informé que jusqu’à minuit du 22 novembre, elle a été empêchée de le voir. On n’a donc pas d’informations concernant son état de santé, ni de ses conditions physiques. Il n’a pas eu accès à une défense légale et il est accusé de délinquance organisée, terrorisme, émeute et tentative d’homicide.

Isaac travaille dans un hôtel. La dernière fois qu’il a pu communiquer avec sa famille il a dit qu’il se rendrait à la manifestation aux côtés d’Atzin (aussi arrêté). Il portait probablement un T-shirt polo bleu et jaune. Au moment d’être arrêté, ayant peur de donner son vrai nom, il a dit s’appeler Ramón, nom qui apparaît sur la liste de détenus.

5.-Laurence Maxwell Ilabaca : 47 ans. Doctorant à l’UNAM en lettres hispaniques. Musicien. Ses amis l’appellent affectueusement “Moro” (“maure”). Il a été arrêté au moment d’acheter des « tamales » (un plat typique mexicain). Il ne faisait pas partie de la manifestation. Sa situation migratoire est compliquée : étant donné qu’il est chilien, il
risque la déportation. Son ambassade ne lui a pas donné d’assistance consulaire. Sa défense est assuré par un l’avocat commis d’office et il lui est refusé de le changer par un autre avocat de son choix et confiance.

6.-Atzín Andrade González : 29 ans. Etudiants à l’Ecole des arts La Esmeralda, membre de l’Institut national des beaux arts (INBA). Il faisait partie du contingent de son école avec le reste de ses camarades. Il a perdu son contingent et il s’est retrouvé au milieu de la rixe. Il a été arrêté sur la place principale du Zocalo. Il présente des coups graves aux jambes qui lui empêchent de marcher correctemennt.

7.-Hugo Bautista Hernández : 22 ans. Etudiant au 3e semestre en Sociologie à l’UNAM. Selon sa famille, au moment de son arrestation il a été brutalement battu par la Police du DF et la Police Fédérale. Il est gravement blessé aux côtes et à un œil.

8.- Juan Daniel López Ávila : 18 ans. Il appartient à la Cooperative Guelatao et au Front Populaire Francisco Villa Independént (FPFBI)

9.-Luis Carlos Pichardo Moreno : 45 ans. Salarié.

10.-Roberto César Jasso del Ángel : 20 ans. Etudiant originaire d’Ecatepec
(ville de l’état voisin Estado de México)

11.-Francisco García Martínez : Sans information.

Source Collectif Masde131
Traduction Red global de traductores #Ayotzinapasomostodos


Communiqué du comité étudiant d’Ayotzinapa et des parents des disparus :

« Répression pour ceux qui luttent pour la liberté et la justice, Impunité pour la délinquance organisée »
Le 20 novembre 2014, jour de célébration de la Révolution mexicaine, dans
le cadre des manifestations exigeant la réaparition en vie des 43 étudiants de l’école normale rurale « Isidro Burgos » d’Ayotzinapa, Guerrero, 15 étudiants de différentes universités ont été arrêtés, et 11 d’entre eux incarcérés et transférés dans les prisons de sécurité maximale de Tepic (Nayarit) et de Veracruz.

Nous, de l’école normale rurale « Raúl Isidro Burgos”, ainsi que les parents des 43 étudiants normalistes d’Ayotzinapa, nous condamnons le criminalisation et les détentions arbitraires sous toutrs leurs formes, la fabrication de délits judiciaires et l’utilisation indue des prisons de sécurité maximale contre les étudiants incarcérés en prison de sécurité maximale.
Nous dénonçons la persistance et la réédition de schémas répressifs utilisées dans notre pays durant la guerre sale. Peña Nieto met en œuvre ses menaces, et la main répressive de son gouvernement autoritaire revient sur le devant de la scène, et avec le même schéma qu’auparavant on tue et on fait disparaître des étudiants, et loin de punir les gouvernements responsables, ce sont les propres victimes qu’on incarcère.
Il est inconcevable que les corps de police, les ministères publics, les juges et tout l’appareil d’Etat soient incapables de présenter en vie nos 43 compañeros étudiants, ni d’apporter une solution aux flagellations de la délinquance, mais qu’ils montrent toute leur efficacité lorsqu’il s’agit de juger et de transférer en prison de haute sécurité des étudiants, des paysans et autres personnes en lutte. Aujourd’hui la délinquance organisée déambule dans les rues sous l’uniforme de la police, rackettant dans la rue les vendeurs de tacos et de produits de détail, assassinant et stockant les corps dans les parcs publics, tuant et faisant disparaître les étudiants, tandis que les lutteurs sociaux et les étudiants défendant l’éducation publique et qui luttent pour la liberté et la justice se retrouvent criminalisés, détenus et envoyés dans les prisons de haute sécurité.

Il nous semble évident que l’incarcération injuste des étudiants est un message d’intimidation et de répression qui s’abat sur les organisations sociales et collectives, et sur les personnes qui, au quatre coins du pays, ont décidé de lever le ton afin de dénoncer et d’exiger la réapparition en vie des nos 43 compañeros, et enfants, respectivement.

Au vu de ce qui précède, nous exprimons notre plus ferme conviction dans la lutte pour la présentation en vie de nos 43 étudiants disparus, et réaffirmons notre désir de justice pour les assassinats dont ont été victimes nos compañeros. Ni la prison ni la mort nous terroriserons ni ne ferons reculer notre lutte.

Nous lançons un appel à ce que le mouvement continue à exiger la présentation en vie de nos 43 disparus, car c’est maintenant qu’il faut faire entendre la voix de la dignité et de l’indignation et qu’il faut rompre le mur de l’injustice et de l’impunité. Sortons dans les rues pour exiger la fin de l’autoritarisme et de la répression mise en œuvre par un gouvernement qui complote avec le crime organisé et qui incarcère ceux qui luttent pour un monde plus juste.
Au vu de tout ce qui a été dit antérieurement, nous exigeons :

  • La libération immédiate dess 15 étudiants détenus et transférés en prison de sécurité maximale.
  • La présentation en vie de nos 43 compañeros et enfants, respectivement.
  • La condamnation des responsables de la disparition et de l’assassinat de nos compañeros étudiants.
  • L’ouverture d’une enquête et la sanction des autorités liées au narcotrafic.

Bien à vous.
Parce que c’est en vie qu’ils les ont emmené, et en vie que nous voulons
les revoir !
Pour la libération de la jeunesse de la classe exploitée, nous vaincrons !
Libération des prisonniers politiques !

Comité étudiant : C. PEDRO DAVID GARCÍA LÓPEZ ; C. JUAN FLORES TERRERO ;C. ANDRES CLEMENTE RAMO ; Pères de famille : C. MELITON ORTEGA CARLOS

FECSM (Fédération des Etudiants socialistes paysans du Mexique)
Comité étudiants “RICARDO FLORES MAGÓN”
Ecole normale rurale “RAÚL ISIDRO BURGOS”
AYOTZINAPA, GUERRERO.
TEL.- 754 – 100 – 91- 22 . C.P. 39181.

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TEMOIGNAGE D’UN ETUDIANT ARRETE ET RACKETTE

Je suis un étudiant, et je ne souhaite pas donner mon nom car la police a pris mes coordonnées et je crains pour ma sécurité et celle de ma famille.
Je suis l’une des personnes arrêtées lors des événements de Zaragoza ce 20 novembre, lorsque nous sommes sortis pour exiger le retour en vie de nos camarades normaliens d’Ayotzinapa.
Mon récit commence entre 13h et 13h30, j’ai été arrêté sur l’avenue Ignacio Zaragoza.
Alors que je marchais aux côtés d’un groupe d’étudiants, un CRS ou un policier s’est jeté sur moi, sans crier gare. (L’officier de police qui m’a arrêté ensuite m’a confirmé qu’il s’agissait d’un policier et non d’un CRS).
Bref, j’ai été renversé par un, puis un autre policier, je ne pouvais pas courir, j’ai perdu mes lunettes qui sont tombées dans ma chute, puis des CRS sont arrivés et ont commencé à me donner des coups de pied sur la tête, les jambes, les fesses et le thorax. Je n’ai opposé aucune résistance. Je me suis alors aperçu qu’un autre policier était arrivé et a calmé ses collègues et ils ont un peu arrêté les coups, à l’exception d’un couple de policiers qui continuaient de me donner des coups de pied sur la tête. A ce moment-là, ils se sont querellés entre eux, ce qui a au moins mis fin aux coups.
On m’a soulevé et porté dans une voiture de police, un CRS a mis la main dans la poche gauche de mon pantalon pour me voler mon portable. Une fois dans la voiture, ils m’ont passé au peigne fin, m’ont enlevé mon portefeuille pour prendre l’argent qui s’y trouvait, ils m’ont pris les 150 pesos que j’avais sur moi, m’ont enlevé mon sac, et ils ont noté mes coordonnées qu’ils ont trouvées sur mes documents d’identité.
Ils m’ont ensuite menacé en me donnant des coups sur les côtes, je n’opposais aucune résistance car je savais que j’étais en position de faiblesse à la merci de trois policiers dans la voiture, et j’entendais d’autres policiers dehors, qui me frappaient sur la tête violemment. Je les ai vu "semer" dans mes affaires de l’essence, des pétards et des gants pour me dire que j’étais dans le pétrin car je venais de faire brûler un bus, et que j’étais le seul à avoir en ma possession de l’essence dans mon sac. En réalité, tout ce que j’avais dans mon sac était une bouteille d’eau d’un litre et demi et un sweatshirt.

On m’a retenu dans la voiture de police pendant plus de deux heures, sous la menace, en disant que je devrais payer une caution de 26 mille pesos, que je prendrais pour quatre ans de prison au Reclusorio Norte (prison locale) si j’étais présenté au juge et qu’on m’y enverrai illico.

On m’a demandé le numéro de téléphone d’un membre de ma famille pour leur dire où on allait me transporter ; ils ont demandé à ma famille 9 mille pesos à fournir tout de suite, faute de quoi ils m’emmèneraient devant le juge. Mon parent était bien évidemment effrayé et nous avons attendu son arrivée avec l’argent. On lui a dit que les étudiants avions fait brûler un bus, qu’on était en possession de pétards et de bombes. J’ai perdu la notion du temps. Ils m’ont enfin relâché.
Enfin, on m’a dit que j’avais été enregistré en vidéo et qu’on verrait pour combien d’années je prendrai en prison. Je suis arrivé à 20h chez moi, je suis couvert de coups et endolori, mais libre. Merci pour tout.

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