Nouvelle taule à Muret

Non content de posséder l’un des plus gros centre de détention de (f)Rance à Muret, l’agglomération toulousaine et sa proche banlieue vont se doter sous peu d’une nouvelle taule. Petit tour d’horizon de ce que leur presse dit de ce nouveau projet nauséabond.

Depuis 1981 et l’abrogation de la peine de mort, l’emprisonnement est la punition maximale de référence. Néanmoins, les détenu.es continuent de mourir enfermé.es. Malgré la propagande gouvernementale qui essaie de faire croire que la réinsertion des détenu.es est un axe majeur des politiques carcérales, on saisit bien à travers l’enchaînement des plans de constructions de nouvelles prisons depuis les années 1980 qu’on enferme toujours plus et pour plus longtemps. [1]

  • La nouvelle prison de Toulouse-Muret

La nouvelle prison « Toulouse-Muret » s’inscrit dans un plan de construction de 33 nouvelles taules en france, soit 16,000 cellules en rab.

Ce nouvel établissement fait également partie des 9 lieux sur les 33 qui sont identifiés comme prioritaires.

En cause, la « surpopulation carcérale » : on pourrait leur proposer de plutôt ouvrir les portes mais le couple police-justice enferme encore à plein régime et la nécessité d’infrastructures pour suivre la cadence prime sur l’idée d’abolir les prisons tout court.

Au niveau national, 1,13 milliard d’euros a été débloqué par le ministère de la Justice pour mettre ce vaste plan sur pieds.

Les prévisions locales parlent de 600 nouvelles cellules et de l’embauche de 150 porte-clés (autrement appelés « matons » ou « surveillants pénitentiaires ») et de 250 autres personnels pour faire tourner la zonz.

Le projet est annoncé à Agen en octobre 2016 par M. Valls alors premier ministre : la prison est prévue pour les années 2020.

Elle tiendra compagnie à la maison d’arrêt de Seysses, construite en 2003 pour les courtes peines (moins de deux ans), les détentions provisoires (en attente de procès) et les longues peines en attente de transfert ; ainsi qu’au centre de détention de Muret, créer en 1966 pour désengorger la prison Saint-Michel qui accueillait les longues peines. [2]

Dans la même idée que les deux taules déjà là, le site est choisi car il est rapidement accessible par l’autoroute depuis le Palais de Justice de Toulouse, CQFD. [3]

Le site pénitentiaire est à une trentaine de km de Toulouse [4]

  • Autres futures prisons dans le coin

Quatre autres nouvelles prisons doivent voir le jour dans le reste de la région dans le cadre de ce plan « 33 prisons ».

Une dans l’Aude, vers Narbonne (500 places) mais le site de construction n’est pas encore déterminé.

Une autre autour de Montpellier (les sites pressentis sont Saint Jean de Védas et Montpellier) de 500 places aussi.

À Alès, une maison d’arrêt de 450 places sera construite, à moins de 15 minutes du tribunal de grande instance, du commissariat et de la caserne des pompiers.

A Perpignan, une maison d’arrêt de 400 places sera bâtie dans la zone du « Mas Orline ». [5]

Les prisons de la région de Toulouse font partie des plus peuplées de France, après Paris et Marseille. Selon des chiffres diffusés en 2016, 4 413 places sont disponibles pour les 5 633 détenus répartis dans une vingtaine d’établissements.

La surpopulation s’élève donc à 127,6%. Elle est de 150,2% à Paris et de 130,1% à Marseille. [6]

  • Partenariats public-privé, les PPP

Ces nouvelles prisons, comme celles construites ces dernières années, s’insèrent dans une vision toujours plus sécuritaire du maintien de l’ordre.

Dans cette optique, la technologie permet de cloisonner, de séparer les détenus pour éviter tout contact humain et donc toute organisation collective, par le biais de la vidéosurveillance, de portes automatisées avec ouverture à distance ou toujours plus de sas. La directrice de la zonz de Réau, « ouverte » depuis 2012, assume publiquement une « architecture oppressante ». [7]

De plus, au 1er janvier 2016, 68 prisons sur les 188 françaises sont gérées en partie par des entreprises privées, qui n’ont donc aucun intérêt au désemplissement des taules ou à leur destruction mais bien à la construction d’encore plus d’établissements.

Par exemple, Sodexo a 34 contrats dans les prisons françaises et s’en sert comme tremplin pour exercer à l’internationale. L’entreprise « limite » ses activités dans les pays « démocratiques » et « sans » peine de mort. Mais, paradoxalement, au Royaume-Uni où Sodexo s’occupe aussi des soins aux détenues, l’une d’elle a attaqué en justice l’entreprise qui ne lui a pas fourni les soins nécessaires après une fausse couche.

En france, ce sont de nombreux autres acteurs qui entrent en scène : Eiffage (4 prisons en france dont celle de Roanne), Bouygues et ses filiales comme Themis possèdent et gèrent six taules en france ou Spie Batignolles qui en a 3. Pour le chantier de la prison Toulouse-Muret, on ne trouve aucune indication pour le moment sur les prestataires.

Les partenariats publique-privé (PPP) et les gestions en déléguées influent directement sur la vie en taule : en 2011, la justice avait pensé baissé le loyer des télé en cellules et de le mettre au même prix en prison publique (8euros/mois) ou privée (18euros/mois) ; mais comme les contrats de délégations n’arrivaient à terme qu’en 2016 ou 2017, il aurait fallu payer des compensations aux prestataires privés donc : ça c’est pas fait. [8]

Bref, que brûlent les taules, les portes-clés au milieu.

Notes

[2Xavier Hurtevent, La Dépêche, 08.02.2017.

[3Helene Menal, 20Minutes, 23.02.2017

[4Helene Menal, 20Minutes, 23.02.2017

[5Jean-Marc Perez, FranceBleu Toulouse, le 7.10.2016

[6Alice Patalacci, Côté Toulouse, 23.02.2017.

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