Petit passage à la « Nuit debout » toulousaine

S’inscrivant dans la lignée de la « Nuit Debout » à Paris et ailleurs, plusieurs centaines de personnes ont occupé le Capitole jusque tard dans la nuit. Petite chronique d’un court passage sur la place et de quelques rencontres.

Visiblement, des textes issus de la commission communication de la « Nuit Debout » de Toulouse devraient prochainement être publiés sur nuitdebouttoulouse.fr. C’est plus ici d’un regard extérieur et de passage qu’il est question.

A 2H30 encore une centaine de personnes occupe la place du Capitole. Certaines semblent avoir prévu d’y dormir. Pas un flic à l’horizon ni sur la place ni aux alentours. Du moins pas plus que d’habitude (voire moins ?). L’idée semble inscrite chez les pandores et leur chefs que les participant-e-s à la « Nuit Debout » à Toulouse serait toléré-e-s ce soir.

Pas mal de personnes croisées cette nuit s’enthousiasment d’être là, d’y être nombreu-ses-x, d’y avoir fait des rencontres, d’avoir « parlé politique ». Pour plusieurs étudiant-e-s qui trainent au Capitole, tant les manifestations parfois dynamiques du jour ou de ces dernières semaines, que le bouillonement des AG dans leurs établissements ou des différents moments dans le mouvement sont une première.

Beaucoup ne connaissent pas Iaata.info [1], ce qu’est une "legal team" ou les différents lieux de rendez-vous militants à Toulouse. Et les milieux politiques que tout cela représente ne semblent d’ailleurs pas (plus ?) tellement présents au Capitole. Pour des organisateureuses de la Nuit, c’est peut-être le signe d’un certain clivage, corroboré par l’absence totale d’uniformes. Ça serait dommage que cette sensation de clivage perdure.

Des dires des quelques rencontres de cette nuit, la soirée a été riche en échanges, prises de paroles directes ou par le biais d’une crieuse (qui permet utilement à celleux qui ne se le sentent pas de pouvoir quand même faire entendre une voix dans l’assemblée).

A 1h00, l’heure est à la relâche, à la musique, à la picole et à des multiples appartés joyeux où se partagent les ressentis sur les moments vécus ensemble en ce moment. Visiblement, l’AG ou ses commissions n’auraient pas dégagé d’actions très précises ni de « perspectives politiques » comme on en cherche aussi dans certains milieux militants. Mais l’envie est là de « faire des choses », d’occuper la ville, d’y laisser sa marque en peinture ou autrement.

Pas mal de monde partage aussi des récits de la journée en manif, exprime une joie d’une liberté et de possibles vécus pour la première fois, la blaze face à une surprésence policière, la malice des contournements dans les petites rues ou lors de la brève occupation de la gare. Même si ce n’est pas forcément la pratique des gens présentes, les formes plus dynamiques ou offensives en manif sont vues avec une certaine bienveillance et compréhension.

Une intervention lors des prises de parole a retenu l’attention de certain-e-s : c’est chouette de se réunir là et de faire de la musique jusque tard dans la nuit, mais il y a la conscience que les premier-e-s concerné-e-s par la violence du travail et de son monde n’y sont pas. L’idée a été lancée de se joindre à d’autres vécus, en déplaçant par exemple la Nuit Debout dans un quartier populaire de Toulouse. Si demain, le rendez-vous est encore pris au Capitole, le sur-lendemain pourrait se dérouler ailleurs, au Mirail par exemple...

Le collectif à l’initiative de cette nuit semble se dire que s’il y a assez de monde demain pour renouveler l’expérience, d’autres pourraient prendre le relais et se réapproprier l’initiative.

Ça semble en tout cas clair pour tout le monde que la « Loi Travail » n’est que l’étincelle d’une rage plus profonde et générale.

Notes

[1Et donc c’est ici et vous pouvez proposer des textes en vous créant très rapidement un compte.

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  • 6 avril 2016

    Pour poursuivre la discussion, il me semble que tout ceci est tout à fait conciliable : un gros rassemblement qui occupe l’espace public plein de potentiel sur lequel lorgnent déjà des récupérateurs de tous bords.

    Il y a un bon texte sur Paris-Luttes qui se termine ainsi :

    Enfin, il va de soi que si la finalité de ces occupations est de « construire un projet politique ambitieux, progressiste et émancipateur » (texte d’appel à la Nuit Debout du collectif « Convergence des luttes »), c’est-à-dire de servir de chair à récupération politicienne sur la base de ce qu’on été Syriza et Podemos sur les insurrections-occupations grecques et espagnoles, tout tombera à plat. Mais ce n’est pas parce que des apprentis politiciens se tiennent en embuscade dans les « collectifs citoyens » qui ont appelé à ces occupations qu’il faut d’entrée de jeu les disqualifier : les espaces sont ouverts, prenons-les et inventons d’autres formes. Et peut-être que, dans ces lieux communs massifs qui vont émerger, des discussions-clarifications sur les perspectives politiques permettraient de dessiner clairement les lignes de partages entre celleux qui fantasment un « Podemos à la française », une sixième république (et une police) citoyennes... et les autres qui n’attendent vraiment plus rien de la politique représentative classique et de l’Etat et ont décidé de se soustraire durablement à la valorisation capitaliste et l’Economie.

  • 6 avril 2016

    Ce récit semble différent à première vue des témoignages de "Nuit Debout" à Grenoble et Paris

    ... mais le premier complément d’info laisse planer la récupération par les confusionnistes. Vigilance, les ToulousainEs !

  • 6 avril 2016

    La page Facebook et le pad de la Nuit debout semblent plus actifs :
    https://www.facebook.com/Nuit-debout-31-mars-Toulouse-215770982115477/
    et https://titanpad.com/0wyNfYvg9G

    Sur les commentaires de la page Facebook (pas forcément représentative de quoi que ce soit), il y a plein de merde, quand même :

    • un appel à virer "les antifas" pour que ce soit démocratique
    • la promesse de Renaud Schira, d’Inform’action, de venir (d’ailleurs il y a peut-être un lien avec le premier point)
    • un gars qui annonce tout fier qu’il a invité le PS 31 à participer et de leur réponse on saurait si "ils sont pour ou contre le peuple" (et il "ne mâche pas ses mots")

    Bref, l’aticle donne envie, mais je pense qu’il y a un enjeu à investir vite cet espace au risque que ça devienne un truc tout pourri.


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