Philippe Lalouel, la prison éliminatrice

La cours d’assise de Montauban a jugé en appel jeudi 30 et vendredi 31 janvier 2013, Philipe Lalouel pour divers braquages et des délits connexes. La peine a été ramené de 20 à 17 ans, trois petites années de grâce lâchées comme une aumône. Retour sur le procès.

17 ans, le verdict est tombé comme la lame aiguisé d’une guillotine qui ne dit pas son nom. "Une peine éliminatrice" comme l’avait demandé le procureur en première instance et comme il l’a demandé encore une fois en seconde instance. Oui, le même homme qui voulait le voir rayé de la société a à nouveau sévit. Malgré le fait que, dans l’idéal de la justice juste, tout le monde doit avoir droit à un nouveau jugement par des personnes différentes. Mais que peut on attendre d’une justice qui ne laisse pas la place aux personnes d’exister telle qu’elles sont dans toutes leurs complexités sociales ? Comment juger l’affaire de Mr Lalouel sans prendre en compte son parcours carcéral, sans prendre en compte les conditions réelles de sa libération conditionnelle ?

Vous pouvez écouter un compte rendu du procès dans l’émission le front du lundi sur Canal Sud (à partir de la 30ème minutes). Vous y entendrez un extrait de son journal pendant sa "réinsertion" et les comptes rendus des membres du comité des ami.e.s de Philippe. Suivez son histoire ici.

DÉCLARATION DE PHILIPPE (du 29 janvier, à la veille de son procès) :

« Mesdames et messieurs les journalistes.
Je tiens à vous remercier tous de prendre à cœur mon histoire.
On m’a condamné à mort au premier procès comme plein de prisonniers le sont dans les centrales. Aujourd’hui nous n’avons plus un espoir.

Comment peut on me condamner à mort pour ces trois vols ? Comment ?
Je n’ai pas de sang sur les mains, rien.
Cela fait 26 ans aujourd’hui que je suis en prison.
Dans six ans, ce que je dois faire quoi qu’il se passe, cela me fera 32 ans de prison.
Une vie foutue en l’air.
Mais j’assume cette vie.
De là à me remettre 20 ans, là, c’est la mort assurée. C’est tout perdre une dernière fois.
Je voudrais connaître la vie ; un peu ; avec ma compagne et mes amis d’aujourd’hui.
Je n’ai pas, moi même , les années pour finir cette peine de 20 ans.
Les années données font le parcours d’un homme. Ce que je suis aujourd’hui.

Mais je ne suis pas ce que l’on veut faire de moi lorsqu’on regarde mon passé, mon parcours de prison et les évasions que ce parcours a semé.
La prison est une roue sans fin.
A un moment, on en a marre. Il faut que ça s’arrête.

Il faut que l’on nous donne, à nous les grosses peines, une chance de ne pas crever en taule.

A ce procès j’aimerais que les jurés comprennent ma vie. ; ce parcours catastrophique, ces années de prison qui me ramènnent aujourd’hui encore devant les assises.
Une vie sur laquelle je veux tirer un trait et pouvoir vivre avec ma compagne ; revoir mes filles et profiter de tous mes amis qui sont là pour moi aujourd’hui.

Pour le moment on m’a condamné à la mort lente.

Je n’ai pas fait un bon choix en recommençant les vols. Mais ces vols, sans sang ni blessé, ne valent pas une peine d’élimination.
32 ans de prison, quel espoir a-t-on avec cela ?

Quand j’entends madame Taubra dire qu’on sort aux deux tiers de peine, j’ai envie de réagir.
Il faut arrêter de parler des remises de peine, des RPS, car pour nous les grosses peines ; c’est un mot.

Comment faire croire à des jurés que je pourrai m’en sortir ?

S’ils sont humains, peut être, ils ne me condamneront pas à mort comme les jurés du premier procès. Je me battrai au mieux et on verra la suite.

Je vais finir sur ces lignes. En vous disant à tous que pour le moment j’ai l’espoir.
Va t-on me laisser cet espoir, qui sait ?

Mais on est tous là pour se battre et encore merci.

J’ai un bon chemin qui m’attend, Monique, vous tous dehors. Revoir mon avocate qui se sera battue pour moi.
Pour le moment ce n’est qu’un rêve, on verra bien au verdict.
Merci encore à tous.

Je ne veux pas survivre, je ne veux pas mourir en prison, je veux vivre libre. »

Publiez !

Comment publier sur IAATA?

IAATA est ouvert à la publication. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment y accéder et procéder ! Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous contacter.