Premier bilan sur les manifs de novembre : la répression

Le mois de novembre 2014 a été particulièrement agité à Toulouse. Suite à la mort d’un manifestant sur la zone à défendre du Testet, des manifestations ont lieu quasiment tous les samedis. Jamais autorisées, elles sont parfois interdites, et sont à chaque fois sanctionnées par des arrestations nombreuses. Nous essayons ici de faire le compte des condamnations dans la perspective d’alimenter un bilan politique de l’agitation de novembre.

Petit retour sur les manifestations

Dès l’annonce de la nouvelle, le dimanche 26 octobre un rassemblement est appelé place St Étienne devant la préfecture. 200 personnes s’y retrouvent et vont partir en manif sauvage après un court échange qui n’aboutira sur aucune autre décision à part justement le fait de partir en manif. Il y aura ainsi une manifestation ou un rassemblement quasiment tous les soirs de la semaine suivante. Ces rendez-vous rassemblent assez peu de monde mais un appel à manifester est lancé pour le 1er novembre. Ce sera la première édition des « manifs du samedi » qui se dérouleront toutes selon un schéma relativement similaire, où l’enjeu principal sera simplement de pouvoir manifester. D’autres manifestations auront lieu le 8, le 22 et le 29 novembre. À part la débandade du 29 qui a vu moins de 200 personnes au point de rassemblement, toutes ont réuni entre 1000 et 2000 personnes malgré un déploiement policier énorme et une intimidation très forte dans la presse [1].

Action/répression/action/répression/action/répression/action/répression....

Cycle infernal bien connu de tout ceux et celles qui veulent en découdre avec ce monde — et bien que ne pouvant clairement pas être l’unique élément de réflexion à l’heure de faire un bilan — il nous semble impossible de ne pas faire le récapitulatif de la répression qui a eu lieu. Il est clair que c’est sur cet aspect que l’agitation de novembre a connu son plus fort niveau d’organisation et, en plus, il reste du pain sur la planche. Dès la manifestation du 8 novembre une legal team se met en place et très vite des actions de solidarité sont faites avec les personnes arrêtées, rassemblements devant le commissariat et le tribunal, concert de soutien etc...
Même si l’on ne peut que se réjouir d’une telle réactivité, peut être faut-il quand même s’interroger sur le fait que cela soit la seule dimension où l’on retrouve un peu d’organisation collective... La manifestation du 29 novembre a montré que le seul fait d’appeler à un rassemblement ne faisait pas une manifestation réussie.

1er bilan de la répression...

Parlons peu parlons bien : voici des chiffres. Il faut préciser qu’ils sont pour l’instant partiels pour deux raisons :
1) certains procès sont toujours à venir ;
2) certaines personnes arrêtées ne se sont pas fait connaître auprès de la Legal team, chargée de récupérer les infos sur les arrestations et tout ce qui permet ensuite d’organiser plus efficacement la solidarité. Il faut savoir aussi que très peu des personnes arrêtées faisaient partie de groupes militants ce qui complique le recensement [2].

Nous avons des informations sur 28 personnes qui sont convoquées ou qui sont déjà passées en procès.

Les arrêté.e.s :

  • le 1er novembre, ce sont 16 personnes [3] ;
  • le 8 novembre, ce sont 21 personnes qui seront interpellées ;
  • le 22 novembre on finira par dénombrer 17 arrêté.e.s, 18 si on compte la personne qui se fait arrêter au tribunal le mardi suivant lors des rassemblements de soutien.

54 personnes en tout auront été arrêtées sur l’ensemble des manifestations. Un certain nombre seront relâchées sans poursuite ou avec des rappels à la loi.

D’autre vont passer en comparution immédiate, et là la justice de classe va faire sa partie du boulot de maintien de l’ordre. À ce jour (25 décembre), elle a distribué :

  • 25 mois de prison ferme ;
  • 25 mois de prison avec sursis ;
  • 210 heures de TIG ;
  • 5000 euros d’amende ;
  • 7200 euros pour le noël des flics (ACAB [4]) ;
  • 45500 euros pour des dégâts matériels.

En ce moment, cinq personnes sont en prison, une est encore dehors malgré une peine ferme et a peut-être une « chance » de se la faire aménager. Il ne reste qu’une personne dont le renvoi en comparution immédiate n’a pas été effectué et trois personnes qui vont passer en correctionnelle [5].

Ce petit bilan n’est qu’une première pierre à une réflexion sur ce qui s’est passé dans les rues de Toulouse ces derniers mois, espérons qu’il aide à alimenter la réflexion collective pour les prochaines actions...
Pour le moment le soutien financier doit continuer, un concert de soutien aura lieu en janvier.

Notes

[1voir les différents comptes rendus de manifestations sur ce site, pour le 1er ; pour le 8 ; le 22 et enfin le 29 et une vidéo sur la première partie.

[2C’est aussi une indication sur un fonctionnement de ces manifs qui malgré une très forte proportion de militant.e.s dans les cortèges ces derniers sont sous-représentés dans les arrestations... Est-ce qu’être militant fait courir plus vite ? Est-ce que les personnes organisées s’en sortent mieux ? Est-ce que les personnes organisées laissent les autres se débrouiller ? En majorité ce sont des hommes qui se font arrêter alors que là aussi la proportion ne correspond pas. Est-ce que les hommes courent moins vite ? Sont-ils moins malins ? Est-ce que le virilisme conduit à l’arrestation ? Autant de sujets passionnants pour les étudiant.e.s de sociologie

[3ce chiffre émane de la préfecture, les autres de la legal team

[4All Cops Are Blindés de thune

[5Là c’est un peu technique mais en fait lorsqu’on passe en comparution immédiate (un type de juridiction fait pour traiter rapidement des cas et distribuer du ferme) même si on refuse de comparaître la première fois on est à nouveau jugé en comparution immédiate. On a eu plus de temps pour préparer sa défense mais on revient dans ce haut lieu de l’injustice de classe et oui, c’est pas fair play...

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