Récit d’une confrontation avec les voltigeurs

Je voulais relater une histoire désormais banale d’abus policier réalisé en marge d’une manifestation contre la loi travail. Je ne dirai pas la ville, ni le jour, pour des raisons évidentes, mais sachez que ce type de situation se produit en marge de presque toutes les manifs sauvages.

Je suis un manifestant lambda, pas plus casseur ou pas plus gentil qu’un autre. J’aime suivre les manifs sauvages qui s’éloignent des troupeaux de moutons aux autocollants rouges et aux camions vomissant des slogans tristes.

Ce jour là, un cortège est donc parti en ballade. 200 personnes environ.
On se promène donc dans la ville en gueulant des slogans, etc...
Je passe le déroulé plutôt paisible de cette promenade.
Puis vient le moment de se disperser. La bac et les gardes mobiles nous suivent de près.

Avec des amis on se dit que c’est le moment et on court dans une rue déserte.
Au bout d’une centaine de mètres, on entend une moto arriver. Et ce sont eux.
Les “néo voltigeurs”. Deux flics en noir, sans brassards, ni rien ne laissant apparaître qu’ils sont de la police.

Celui qui est derrière nous balance de la lacrymo alors que nous sommes sur le trottoir, essayant de nous protéger derrière les voiture garées. Nous continuons de courir et eux nous suivent tranquillement. Comme un jeu. Comme ces scènes dans les westerns où un cow-boy à cheval poursuit un indien à pied, déjà affaibli, et s’amuse à le laisser courir avant de l’achever...

Les flics nous gueulent : “Allez courez ! Courez !” Ils ont le sourire derrière leur assermentation et toute la machine de l’État derrière eux. Si l’un de nous s’arrête un peu pour reprendre son souffle ou pour essayer de les semer, ils s’arrêtent aussi et crient : “Tu vas courir enculé !” et balancent des coups de gazeuses.

Je fini par bifurquer et crois les avoir esquivé. Mais plutôt que suivre le petit groupe, ils reviennent me courser à coups de “Vroom, vroom !” sur leur grosse moto malsaine. Ils veulent en isoler un et se le faire !

Ils me rattrapent. La rue est déserte. Ils descendent de la moto et me menacent avec leurs matraques. "Montre ton sac petit con ! Fais pas le malin."
Je n’ai rien dans mon sac et leur montre.
Un des deux me fout un coup de lacrymo dans la gueule.
L’autre renverse mon sac par terre,
Il prend ma bouteille d’eau et dit :“C’est quoi ça ?

  • Bah une bouteille d’eau".. Je réponds.
    Il l’ouvre la renifle et la renverse sur le contenu de mon sac.
    C’est toi qu’a lancé une pierre tout à l’heure ? Hein ! Avoue !
    Je dis que j’ai rien fait. Je me dis qu’il ne faut pas trop ouvrir sa gueule car tout ce que je dirai, ils le retournerons contre moi de toute manière.
    Sur ce, l’un des deux me fout une gifle. J’ai presque envie de sourire tellement la situation est irréelle.
    Si on te rechoppe, tu vas le regretter” me crie le plus motivé des deux en remontant sur la moto.
    Ils s’éloignent et avec un sourire qui me pique tout le visage, je me dis qu’il n’y aura pas de prochaine fois.
    Parce que je suis un parmi les autres.
    Que dans ces moments, nous représentons le peuple et eux l’État.

Pour finir je dirai qu’il faut faire attention quand on se disperse en fin de manifs sauvages. Ne pas se retrouver seulE à quelques rues de la dispersion. Et surtout qu’il faut qu’on s’organise pour riposter face à ce genre de situations.
Et aussi, ne pas hésiter à témoigner quand on se trouve confronté à des violences policières et à publier dans les médias libres.

Pourquoi ne devrait-il y avoir que nous pour avoir peur ?
Pourquoi on ne renverserait pas ce rapport de force ?
Pourquoi On Resterait Calme ?

A bas l’Etat, les flics et les patrons !

Un manifestant toujours déterminé.

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