Salut à toi l’étudiant-e

Manifestation mardi 7 mars à 14h contre la fusion des universités de Toulouse. Départ groupé depuis la fac du Mirail après l’Assemblée Générale (grand Amphi)

Peut-être fais-tu partie de celleux qui connaissent leur voie depuis l’âge de six ans, et qu’en ce lieu tu réalises ce vieux rêve qui te colle à la peau. Peut-être que ce que « tu veux faire plus tard », tu n’en sais strictement rien, mais qu’être ici te permet d’acquérir tout un tas de connaissances qui t’aident à savoir ce que tu veux, voir qui tu es. Peut-être qu’au final, être ici t’aide à mieux comprendre le monde, et que c’est déjà beaucoup. Peut-être qu’au contact de ton cursus, tu t’es découvert-e une passion pour laquelle tu te bats, ou peut-être t’apprêtes-tu à changer de filière, explorer des horizons qui te correspondraient plus. Peut-être reprends-tu tes études après une maternité, après un burn-out au boulot, ou juste parce que tu en as envie. Peut-être qu’être ici te permet de rencontrer tout un tas de personnes qui elles aussi chamboulent ton horizon de pensée, te sortent du cadre de la post-enfance confinée dans le triptyque famille-école-dodo. Peut-être que tu te bats au quotidien avec un job de merde pour te donner les moyens de t’en sortir, sans vraiment être sûr-e du comment, ou peut-être que tu as la chance d’avoir une famille qui peut te soutenir financièrement afin que tu te focalises sur tes études. Peut-être es-tu plutôt réquisition sociale et qu’une bonne bourse explique toutes tes réinscriptions. Peut-être que mon maigre tableau ne recoupe pas ton expérience, mais peut-être que ta propre expérience ici te suffit à saisir les joies de ce petit monde que l’on appelle communément « université ».

Ce qui est certain c’est que cette simple idée du « droit d’étudier » est au coeur de la diversité de ces scénarios. Et que cette simple idée, si elle fût le fruit de luttes acharnées pour que cette brèche existe à travers le morne horizon du travail-bétail, nous amène à réfléchir à ce droit : que signifie t-il ? Faut-il avoir l’ambition d’être prof pour pouvoir étudier ? Faut-il être fil-le-s d’intellectuel-le pour avoir le droit de se poser des questions ? Faut-il avoir un projet professionnel cohérent dès nos 18 ans pour avoir le droit de s’inscrire dans un cursus ?

Assurément non, c’est donc que le « droit à l’éducation » recoupe une autre ambition. Est-ce que tout les panthéonisés du savoir avaient reçu la prophétie de leur génie dès la naissance ou bien se sont-ils attachés à leur discipline, reconnus à travers elle ? Est-ce que l’université n’est pas le lieu où cette possibilité se mue en volonté ? Qu’est-ce que l’enseignement alors, si ce n’est la possibilité de chercher, de se chercher hors de toute prédestination, d’esquisser une compréhension du monde et de soi grâce à l’accessibilité de ce grands amas de connaissances ?

Dis-moi, ça ne sentirait pas le privilège tout ça ?

Mais que ferais-tu si on t’annonçait que cette vieille image ringarde du droit d’étudier ne correspond plus au prérogatives du XXIème siècle ? Qu’au lieu de dispenser des connaissances, la fac doit dispenser des compétences ? Que comprendre le monde, c’est sympa, mais faut bosser hein, et puis fonder une famille, et rebelote, et que, pour que l’université corresponde enfin à ce merveilleux tracé existentiel, et bien il faut qu’elle s’ouvre aux exigences des entreprises ? Que toi, étudiant-e, tu ne peux avoir conscience de ta chance d’être ici qu’en étant confronté à la valeur de ton bien, alias le montant de ton prêt ? Que de toute manière, les fumeurs de spliff et autres révoltés en mal d’action, il va bien falloir qu’il cessent un jour de lancer des mouvements de lutte qui gangrènent la société, et que pour ça, seule une sélection rigoureuse permettrai enfin d’éradiquer ces néohippies ? Que si personne ne se bouge le cul, l’université du Mirail alias JJ va se fondre dans l’Université de Toulouse, bardée de scientifiques, d’ingénieurs, et que tout les rasé-e / poilue-s qui étudient les « arts » et les « humanités » vont ramer pour obtenir une part du budget, et certainement pouvoir se dépêtrer de la disette en abandonnant l’occitan et autres filières indéfendables auprès de la nouvelle déité qu’est le marché de l’emploi ? Et si tu te disais que ce putain de privilège, finalement un jour, il faudra bien se battre pour le garder, dis, tu te ramènerais avec nous avec ta colère, tes rêves, tes lubies, ta créativité et tes conneries ?

Si tu veux plus d’infos, check notre site, on y a collectivisé notre bonne volonté, beaucoup de travail et quelques articles pour t’éclairer.

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