[Torino] Quartier et prison, actions de solidarité et appel

Manifestation 14 Juin à Turin, Piazza Crispi Porta Palazzo à 15h00.
Communiqué "Quartier et prison", compte-rendus des actions de solidarité, appel à manifester samedi 14 juin, et mise à jour sur les adresses des personnes incarcéré.e.s.

Quartier et Prison

Chaque jour Porta Palazzo grouille de milliers de personnes. Certains jours en particuliers, le vendredi ou le dimanche, dès les premières heures de l’aube, certaines rues du quartier se remplissent de vie et d’échanges. Chacun est à la recherche du meilleur moyen pour se gagner de quoi vivre. Des travailleurs honnêtes bien sûr, mais aussi avec eux des hommes et des femmes qui n’ont pas d’emploi légal ou simplement qui, du travail communément entendu, n’en veulent surtout pas entendre parler. Pourquoi suer autant pour 2 francs 6 sous ? Ça n’en vaut pas la peine. C’est comme ça que les rues de notre quartier se peuplent de trafics et d’échanges, marchandises volées et marchandises illégales, occasions interdites, stands entiers fruit des incursions dans les rues riches du centre, le parfum d’une boutique de via Po à moitié prix, les chaussures de marques « tombées » d’un quelconque camion, le téléphone potable hi-tech pêché dans une quelconque veste. Chacun s’adapte, chacun se débrouille ; par contre tous , vraiment tous ont les yeux bien ouverts. Et oui, la bonne marche de tes affaires dépend de l’arrivée des Forces de l’ordre. Policiers et Militaires, Carabiniers et Police locale, Police Municipale et j’en passe et des meilleurs, tournent avec patrouilles régulières sur les places, arrêtent et frappent, traquent et déportent. Quelquefois ils arrivent en force avec beaucoup de fourgons, ils entrent dans les parcs, ils débarquent dans les bars et ils arrêtent, oui ils rrêtent. Pour celui qui jusqu’à ce moment a pu vivre sa vie et ses affaires sans être perturbé, désormais s’ouvrent les grilles de l’univers carcérale, qu’il s’agisse d’un Centro di Identificazione ed Espulsione pour qui n’a pas simplement les papiers ou aussi la prison pour les autres, accusés de délits plus graves.

Le voilà notre quartier, les rues, le marché, les bars et la prison. Justement comme ça, la prison. Le Vallette (prison de Turin) fait partie de notre quartier. Même si elle a été construite dans la banlieue dégradée de Turin, entre un incinérateur et une autoroute, loin, très loi du quartier où nous vivons, le Vallette est pour nous plus proche que la Place Vittorio. Dans ses blocs sont enfermés beaucoup de nos amis, des personnes que nous avons rencontrées dans les rues de Barriera, au marché, dans les maisons occupées, avec certains nous avons tchatché devant la porte barricadée d’une maison qui résistait à l’expulsion, avec d’autres nous avons hurlé contre les militaires pendant une rafle cours Brescia, avec d’autres encore nous avons jeté des bouteilles contre la police ou aussi échangé quelques paroles autour d’une bière au bar. Ceux -ci sont nos amis, les personnes qui comme nous, finissent ou pourraient finir en prison. Les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas travailler, contraintes ou désireuses de voler, en tout cas des personnes qui, comme nous, n’acceptent pas la réalité dans laquelle ils vivent et voudraient mieux, et même le luxe pourquoi pas !

Notre quartier pourtant n’est pas seulement ça. Nous ne devons pas cacher que la pauvreté ou le simple désir de vouloir plus créent aussi des monstres. Il y a, entre les habitants de ce quartier, qui a développé un désir ardent de prendre la place des flics. Ici, il y a qui fait la guerre à ses semblables, à qui est pauvre comme lui, à qui galère. Opprimés et vaincus par leur condition, ils cèdent à l’arrogance et à la volonté d’exploiter et de profiter des autres. Ils envient et imitent les riches plutôt que les haïr et les combattre. Ils informent et craignent la police plutôt que la chasser et la ridiculiser.

Voilà ce sont eux nos voisins, dans le bien et le mal. Pour tous ou presque la société fait irruption avec le spectre de la Prison. Les patrouilles à travers les rues de Barriera et Aurora rappellent justement cela, que la prison est proche, que le Vallette pourrait t’avaler comme elle avale chaque jour des dizaines de personnes ; elle t’avertit de baisser immédiatement la tête, de bosser en silence, d’accepter d’être viré, d’être expulsé de ta maison, d’être frappé par la police ou simplement de considérer comme normale l’étalage de richesses de quelques-uns. La gueule fermée et le regard par terre quand tu marches.La prison fait peur à beaucoup et ceux-ci s’y tiennent bien à distance. Mais est-ce vraiment possible se tenir à distance de la prison ? Pour qui habitent dans ces zones, c’est pas possible. Comme nous disions un peu avant, le Vallette fait partie de notre quartier et pas seulement parce qu’à l’intérieur il y a beaucoup de personnes que nous avons rencontré dans ces rues. Le Vallette ne font que compléter un processus l’exclusion qui a déjà commencé dans le quartier de Barriera di Milano et qu’en prison trouve son développement maximal, tous et toutes sont donc pris en considération, pas seulement les rebelles.

Que faire entre flics et bonimenteurs, profiteurs et balances ? La lutte contre la prison commence justement ici dans ces rues. En s’opposant à l’activité de la police et des forces de l’ordre, en combattant qui, pauvre type d’entre les pauvres, voudrait profiter de
cette mer de misère. Lutter contre la prison commence par la solidarité entre les habitants de ce quartier, entre qui connait la prison et qui la connaitra. Détruisons l’angoisse et la peur qui la caractérise, ridiculisons son rôle de fantôme intimidant au dessus de nos têtes,
faisons de ces lieux un point de référence solidaire avec les détenus et les détenues de le Vallette, faisons arriver leurs voix dans ces rues, faisons en sorte que nos cris arrivent jusqu’à leurs cellules.

Organisons nous ensemble. Que la solidarité et l’entraide deviennent une réalité entre les détenus et les habitants de ces rues, que la proximité psychologique entre notre Quartier et le Vallette devienne un point de force, une Arme contre nos ennemis et non seulement une triste imposition du pouvoir et de ses sbires.

Traduit de l’italien.

REPRENDRE LES MAISONS, CONTINUER A LUTTER !

Mardi 3 juin à Turin la police a effectué 17 arrestations : 12 personnes mises en prison et 5 en assignation à résidence, et en plus 4 obligations de rester dans la commune de résidence, 4 interdictions du territoire de Turin et 4 pointage au commissariat. Le plan d’accusation se réfère à des épisodes liés à la lutte contre les sfratti (expulsions locatives) qui a lieu dans plusieurs quartiers populaires à Turin depuis plus de 2 ans. L’enquête est par contre bien plus vaste et frappe 111 personnes avec des accusations allant de menace et violence à agent dépositaire de la force publique à séquestration de personne et tentative d’extorsion. Ces chefs d’inculpation selon le parquet de Turin se seraient déroulés au cours des résistances aux sfratti, durant lesquelles des dizaines de personnes se sont organisées ensemble pour arracher des renvois d’expulsions des mains des huissiers de justice. Une pratique quotidienne portée par des centaines d’expulsés et de solidaires, à Turin et en italie, poussée par la volonté de s’opposer concrètement aux décisions des patrons, des juges et de la police.

C’est donc la lutte pour le logement que cette enquête vient frapper. Une lutte qui se réaffirme dans toute l’italie et qui s’exprime par la contestation, les piquets (blocage de l’expulsion, ndt) et les occupations. Les incarcérations de ces jours-ci s’inscrivent en fait dans un cadre plus large qui comprend les expulsions de squat en cours à Rome, à Florence et partout ailleurs.

L’intention du parquet de turin est d’intimider tous ceux et toutes celles qui ne sont pas prêtEs d’accepter passivement d’être chasséEs de chez soi et s’obstinent à résister, comme le démontre les nombreux-ses personnes sous enquêtes qui n’appartiennent par tous-tes à des circuits militants. Dans une période historique comme celle-ci, où qui gouverne, le PD (=PS,ndt),ne laisse pas de marges de marchandage, l’opposition concrète et directe est le seul moyen à disposition de qui lutte.
De même que le sabotage aggravé de terrorisme duquel sont accusés Matttia, Claudio, Chiara et Niccolo pour tenter de diviser cette pratique du contexte de la lutte NoTav, aujourd’hui ces incarcérations veulent intimider qui entend bloquer les décisions prises d’en haut. Non seulement face à qui luttent contre les sfratti mais aussi qui avec un piquet entend interrompre les travaux d’un chantier, d’un marché général ou la circulation sur les routes d’une ville.

C’est pour cette raison que nous pensons qu’il est important de répéter que piquets, occupations et sabotages sont un patrimoine commun de toutes les luttes et pour cela soient défendues des attaques de la magistrature en les diffusant et généralisant le plus possible.

MANIFESTATION SAMEDI 14 JUIN A 15H00 PLACE CRISPI QUARTIER BARRIERA DI MILANO A TURIN

SOLIDAIRES AVEC LES EMPRISONNE-ES ET LES INCULPE-ES - LIBERTÉ POUR TOUS ET TOUTES !

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Quelques réactions suite à cette nouvelle offensive répressive :

LA SOLIDARITÉ COURT VITE !

8 Juin :

Cuneo : Une vingtaine de solidaires se sont retrouvés sous les murs de la prison pour saluer Francesco et tous les détenus. Il a été possible de bien parler avec l’intérieur et ainsi de pouvoir savoir que Francesco se trouve déjà dans une section normale et non plus dans la section des nouveaux arrivants. Dedans s’est déroulé une petite battitura (frapper les barreaux de la cellule en rythme, ndt) en réponse au salut.

7 Juin :

Ravenna : Au cours de la matinée un groupe de solidaires a distribué aux passants un texte relatif aux arrestations du 3 juin. il a été possible aussi à se faire entendre des détenus autour de la prison, saluant Andrea et tous ceux qui se trouvent enfermés dans la ville prison du centre historique de la ville.

Vercelli. Un groupe nombreux de compagnons et compagnonnes s’est retrouvé en soirée autour de la prison dans laquelle sont détenus Fabio et Marianna. Le salut a duré deux heures durant lequel il a été possible de parler avec beaucoup de prisonniers.

Alessandria. Une quinzaine de personnes sont allées saluer dans l’après midi Daniele. Beaucoup de choeurs, slogans et cris ont été lancés pour apporter la solidarité à l’intérieur.

Asti. Un groupe de solidaires, dans l’après midi, s’est retrouvé autour de la prison où est emprisonné Michele pour saluer tous les détenus. Le rassemblement a duré plus de deux heures durant lesquelles choeurs et interventions ont raconté les arrestations du 3 juin.

Biella. Une quinzaine de personnes, tard dans l’après midi, est restée pendant une heure autour de la prison pour saluer Beppe et les détenus qui, en entendant les cris et interventions, ont pu allègrement répondre.

Aosta. Vers 19h, les détenus de la prison où sont enfermés Toshi et Paolo ont pu entendre un gros bordel. Depuis le pré voisin, un beau groupe d’enemis de la prison ont cherché par tout moyen de se faire entendre et ainsi de l’intérieur est arrivée une réponse chaleureuse faite de hurlements et battiture.

Turin. Environ 80 personnes se sont regroupées autour de la prison des Vallette devant le bloc D où sont enfermés Nico et Claudio. Interventions, musique et chants se sont succèdes pendant presque deux heures malgré l’important dispositif de flics anti émeutes.

Bologne. Des ami-es et solidaires avec les incarcéré-es de Turin ont distribué tracts et tagué quelques messages dans le quartier de la bolognina pour raconter aux passant-es et aux habitant-es l’opération du 3 juin.

5 Juin :

Bologne. Dans la nuit quelques inconnus ont recouvert de peinture et briser les vitrines du siège du Parti Démocrate (PS italien, ndt) de via Galliera. Surement les paroles de Gariglio, secrétaire régionale du PD piémontais, après les arrestations du 3 juin n’auront pas plu à certains.

4 Juin :

Rovereto. Dans la nuit le local du siège du PD a été recouvert de peinture rouge. Les tags disent : "à droite comme à gauche qui expulsent est fasciste", "solidarité avec les compagnons de Turin", "PD = répression".

Lecce. Dans l’après midi dans le centre de Lecce a eu lieu una manif en solidarité avec les compagnon-nes turinois-es frappées par l’opération policière du 3 juin. Avec banderoles, tracts et interventions au mégaphone deux croisements importants de la ville ont été bloqués pendant une bonne demi heure avant de se déplacer vers les zones de banlieues.

3 Juin :

Turin. Dans la ville piémontaise, après une grande assemblée à l’Asilo occupato, est décidé de partir en manif dans le quartier d’Aurora. Sous une pluie battante, quasi une centaine de personnes ont entonné des chants pour la libération de toutes les personnes arrêtées. Depuis les fenêtres, les bars, des trottoirs, les habitants de la zone ont pu s’unir aux cris que les seuls étrangers dans nos quartiers sont les flics. D’autre part tous savent ce que veut dire être menacé d’expulsion, et beaucoup ont appris à le vivre non pas comme une galère personnelle mais comme une résistance collective, renvois après renvois. Beaucoup savent aussi ce que signifie vivre avec le chantage d’un permis de séjour qui souvent manque, avec la menace constante d’un contrôle de flic.

Rome. Dans la capitale, le rassemblement en solidarité avec les inculpé-es de Turin se transforme en une manif de près de 600 personnes en rejoignant le quartier de SanLorenzo. Le blocage de certaines rues a créé un gros bordel dans la zone est de la ville.

Milan. Tard dans l’après midi une soixantaine de solidaires a improvisé durant deux heures un rassemblement place Cadorna, face à la station ferroviaire, avec intervention au mégaphone, tractage et banderole "pas touche à la lutte pour le logement" et "solidarité avec les garçons et les filles de Turin". Il a aussi été rappelé l’expulsion le même jour de
plusieurs maisons occupées à Rome : de Turin à Rome les maisons s’occupent et se défendent.

Cagliari. Un apéritif sur une place déjà prévu en solidarité à cinq personnes de cette ville, est devenue un moment pour renforcer sa proximité avec les inculpé-es de Turin.

source : autisti.org/macerie

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Adresses définitives des camarades incarcéré.e.s :

Daniele Altoè C.C. Piazza Don Soria, 37 - 15100 Alessandria ;
Andrea Ventrella C.C. Via Port’aurea, 57 - 48100 Ravenna ;
Paolo Milan C.C. Località Les Iles, 14 - 11020 Brissogne (Aosta) ;
Toshiyuki Hosokawa C.C. Località Les Iles, 14 - 11020 Brissogne (Aosta) ;
Giuseppe De Salvatore C.C. via dei Tigli, 14 - 13900, Biella ;
Francesco Di Berardo C.C. via Roncata, 75 - 12100, Cuneo ;
Nicolò Angelino C.C.Via Aglietta, 35 - 10151, Torino ;
Michele Garau C.C.Strada Quarto Inferiore, 266 - 14030, Asti ;
Marianna Valenti, incarcérée en plus des autres parce qu’elle a refusée l’assignation à résidence, C.C. Via del Rollone, 19 - 13100 Vercelli ;
Fabio Milan C.C. Via del Rollone, 19 - 13100 Vercelli.

Nicco, Chiara, Claudio, frappés eux aussi de nouvelles mesures répressives, restent en prison aux mêmes adresses (rappelons la prochaine audience du procès NoTav pour terrorisme le 6 Juin) :

Claudio Alberto C.C. Via Arginone 327 - 44122 Ferrara ;
Niccolò Blasi C.C. Via Casale San Michele 50 - 15100 Alessandria ;
Chiara Zenobi C.C. Via Bartolo Longo 92 - 00156 Roma.

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