Un comité de quartier contre les travaileurs et travailleuses du sexe

L’arrêté anti-prostitution ne fait plus trop parler de lui, les médias et les politiques sont passés à autre chose, si la pression c’est relâchée un tout petit peu la répression continue et certains aimerait même l’augmenter. Le comité de quartier Minimes-Barrières de Paris, par exemple, n’entend pas lâcher l’affaire et fait de l’activisme pour que les limites de l’arrêté contre les prostitué.e.s s’étendent. La preuve par un courrier récent adressé aux adhérent.e.s, appelant à multiplier des plaintes pourtant en baisse.

A première vue un mail cordial et relevant de l’information pratique :

Chers adhérents (es)
Si vous êtes concernés par les nuisances dues à la prostitution : bruit, propreté des rues... ne manquez pas de le signaler au 3101
Cordialement
pour le CA.

On peut se méfier d’une telle insistance sur un problème en particulier, ce ne sont pas les sirènes hurlantes de la police qui rentre au commissariat à vive allure qui posent problème, non plus les pressions des promoteurs sur les habitant.e.s du quartier.
Le comité de quartier Minimes-Barrières de Paris a un discours rodé sur les nuisances. Il en avait, il y a quelques mois identifié trois : les roms, les prostitué.e.s et le dépôt Esso classé Seveso 2 dans la zone industrielle... Ce mélange entre catastrophe industrielle et personnes humaines est déjà bien dégueulasse à lui seule, mais le comité de quartier va plus loin que simplement relever les problèmes. Il milite pour que ceux-ci prennent le devant de la scène et prennent une importance qui dépasse leur réalité. Voilà la note qui accompagne le mail en question :

Prostitution : APPELEZ LE 31 01
Lors de la dernière commission de suivi prostitution organisée par la Mairie le vendredi 14 novembre, il aurait été constaté pour le mois d’octobre une baisse de trois quart des appels au 31 01 concernant les nuisances liées à la prostitution dans notre quartier.
Or pour que cessent ces nuisances, il faut maintenir la pression en continuant à appeler au 31 01 autant de fois que vous y êtes confrontés.
Le Comité de Quartier de son côté a envoyé un courrier à M. Mailhos, Préfet de la Haute-Garonne, à M. Moudenc, Maire de Toulouse, à M. Arsac, Maire adjoint chargé de la prévention et de la sécurité, à M. Boyer, Maire du Quartier des Minimes-Barrière de Paris pour solliciter une entrevue au cours de laquelle :

  • il remettra les pétitions signées par les riverains ;
  • il demandera que cessent toutes les nuisances liées à la prostitution. [1]

Plutôt que de se féliciter de la baisse des appels, le comité enjoints ses adhérent.e.s à « faire pression » à augmenter la perception des nuisances pour faire aboutir leur revendication d’exclusion d’une partie des personnes qui vivent et/ou travaille dans le quartier. Cacher derrière des associations dites apolitiques, ce sont de véritables tenant d’une politique sécuritaire d’exclusion et de violence envers les plus démuni.e.s qui se cache.

Des habitant.e.s des Minimes solidaires

Notes

[1Les mises en gras sont des rédacteurs de l’article

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