21 avril : marche aux flambeaux sauvages

Jeudi soir, après les AG Nuit Debout, un open mic a eu lieu place du Capitole. Une marche aux flambeaux s’en est suivie, avec son lot de bonne humeur, de casse et de peinture. Récit d’une manif sauvage improvisée.

Open mic à Nuit Debout

23h place du Capitole. Le rassemblement de Nuit Debout touche à sa fin, après une journée pluvieuse. Nous nous réunissons à une centaine de personnes autour d’une sono ambulante. Un open mic débute.

L’une d’entre nous se lance : "Parce qu’on prend la place, on change de Cap, c’est là qu’ça s’passe, alors tous au Cap !"

Au coin de la rue, on croise une bande de jeunes en train de raper au son de leurs téléphones portables. On les invite à nous rejoindre. Le micro tourne, l’ambiance se réchauffe.

Nous attirons l’attention de quelques policiers municipaux. Ils viennent menacer de mettre des amendes aléatoires aux gens si on ne coupe pas le son. "Pensez à ceux qui ont payé cher leur chambre d’hôtel" !

Etrangement, l’argument ne fait pas mouche. On coupe uniquement le temps qu’ils dégagent.

Le son reprend de plus belle, des patrouilles de municipale arrivent en renfort.
Ils reviennent nous voir à une ou deux reprises, et devant leur nombre et la présence de chiens, ainsi que l’arrivée d’une voiture de la police nationale, on préfère débrancher la sono.

Au bout d’une dizaine de minutes, ils se cassent. Ca tombe bien, on n’est pas fatiguéEs. Il est 00h30 et quelqu’un se ramène avec un beau stock de flambeaux qui n’attendent qu’une étincelle.

La ville est à nous

A une petite centaine, on se dirige vers la rue du Taur, nos torches enflammées en main. Pas un flic à l’horizon : la ville est à nous.

Notre joyeux cortège dans la rue du Taur

On chante, on s’époumone : "Toulouse, debout, réveille-toi", "Grève, blocages, manifs sauvages", "A bas l’Etat, les flics et les patrons", , "Le monde ou rien", "A-ah anti-anti anticapitaliste". Des pétards explosent.

On fait le tour de la basilique Saint-Sernin, non sans célébrer notre amitié pour la CGT à la Bourse du travail.

On prend la direction de Saint-Pierre. Deux distributeurs automatiques partent en éclats au niveau du George & Dragon. Quelques parcmètres sont aussi joyeusement défoncés. Ca fait toujours plaisir de s’en prendre au capitalisme et à la Métropole ! Quelques murs se font repeindre ; "Ni loi ni travail", "Crève la taule". Des poubelles sont renversées sur notre passage. Des voisinEs previennent les retardataires que les flics sont en train d’arriver dans la rue perpendiculaire à celle que nous suivons.

Au niveau de l’Arsenal, on s’offre un joli feu d’artifice, tandis que les mots "bourgeois de merde" sont graffés sur un 4x4. Et les sucettes publicitaires croisées sur le chemin devront s’offrir une réparation avant de pouvoir de nouveau nous présenter leur vomi.

En remontant la rue Valade, nous tombons face à face avec une voiture. Son conducteur, inutilement pris de panique, prend la fuite en marche arrière, provoquant l’hilarité générale.

ArrivéEs à Saint-Pierre, on aperçoit deux voitures de la police nationale. On bifurque alors rue Pargaminières, direction le Capitole, en chantant : "C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme et l’Etat policier !" On accélère le pas, les flics (des baqueux ?) semblent nous talonner. Les propriétaires de Kebab lèvent le poing en soutien sur notre passage. Des passantEs expliquent à d’autres, avec le sourire, qu’il y a une marche aux flambeaux qui fout le bordel.

On tourne à droite rue Lakanal. Rue Gambetta, "DISPERSION !" Tout le monde hurle et s’applaudit, des "merci !", "à la prochaine !" sont criés.

Bilan

Depuis le début du mouvement contre la loi travail, c’était la première manif sauvage qui avait lieu de nuit, mais aussi indépendament de toute manif officielle ou jour de grève nationale.

Les trajets autorisés d’habitude et le déploiement policier nous écartent toujours du centre ville mais cette manif nous a permis de déterminer nous même notre trajectoire. La rue était à nous !

La vaste majorité d’entre nous n’était pas préparée à cette manif sauvage, mais dans la spontanéité on a pu observer une belle solidarité : le cortège est resté soudé et la diversité des moyens d’actions a fait notre force.
Que les gens soient venu-e-s pour gueuler, faire des feux d’artifice, poser des baricades, péter des banques, graffer, tenir des flambeaux ou juste être ensemble, tout le monde avait sa place.

Dans ce climat de respect mutuel, des liens de confiance se sont établis. Ce qui nous fait espérer que ce ne sera pas là notre dernier coup d’éclat.

Rue Lautman vendredi matin...

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  • 25 avril 2016

    Et après.....

  • 25 avril 2016

    Super que pour une fois les totos n’aillent pas squatter les manifs (qu’ils jugent souvent de "molles" car pas de confrontation avec leur meilleurs copains de jeu, les flics.. ) et fassent, enfin, un mouvement à eux. Félicitations.


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