3300 arrestations, 1052 blessés, un coma, un décès : l’engrenage d’une répression toujours plus brutale

L’engrenage de répression et de violences ne semble plus vouloir s’arrêter depuis quatre semaines. Le mouvement des gilets jaunes bat ainsi tous les records en nombre de gardes à vue, de personnes déferrées en justice, de milliers de grenades et balles de défense tirées sur les manifestants et de personnes estropiées. Les inquiétants « records » répressifs contre la mobilisation sur la loi travail et lors de l’évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes sont désormais désuets. Jusqu’où le gouvernement ira-t-il ?

Au soir de la journée de mobilisation du 8 décembre, selon le ministre de l’Intérieur, 1723 personnes ont été interpellées dans toute la France – dont 1082 à Paris – et 1380 ont été placées en garde à vue. Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, mi-novembre, cela porte le nombre de personnes arrêtées à plus de 3300 et à 2354 les manifestants placés en garde à vue. Plus de 1200 personnes auraient été déferrées devant la justice depuis le début du mouvement. Par comparaison, c’est désormais davantage que lors de la contestation contre la loi Travail, de mars à juin 2016 sous le mandat de François Hollande, mouvement au cours duquel 753 personnes avaient été poursuivies.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet, en visite au tribunal de Paris au lendemain de la manifestation du 1er décembre, avait demandé aux magistrats une réponse pénale « tout à fait ferme » à l’encontre des prévenus. Le Syndicat des avocats de France a réagi, dénonçant « une atteinte au principe de l’indépendance constitutionnelle des parquets », et une « démarche hors du commun, qui constitue un dangereux précédent ». « Le parquet français ne saurait être sous la pression du ministre de la Justice », alertent les avocats.

Imprécisions, procès verbaux bâclés, délits mal caractérisés

Avant l’« Acte IV » des gilets jaunes du 8 décembre, une vingtaine de peines de prison ferme avaient déjà été prononcées sur la soixantaine de gardés-à-vue présentés. En Ardèche, deux manifestants ont écopé d’un an de prison ferme pour avoir jeté des pierres sur des pompiers et gendarmes. À Avignon, deux hommes, dont un de 60 ans, sont condamnés à de la prison avec sursis pour le même motif [1]. À Paris, 13 personnes ont également été mises en examen pour des dégradations de l’Arc de Triomphe, perpétrées le 1er décembre.

Plusieurs récits d’audience font état de procès verbaux bâclés, de délits mal caractérisés et d’imprécisions de la part des magistrats. Un des chefs d’inculpation récurrent est « la participation à un groupement en vue de la préparation, de violences volontaires contre les personnes ou dégradations de biens ». Ce délit avait été créé par la « loi anti-bande » de mars 2010, pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. Certains parlementaires socialistes l’avaient alors présentée comme une atteinte à la liberté de manifester. Quelques prévenus ont été appréhendés avant même d’accéder aux lieux de manifestation. Motif ? Ils possédaient des outils, des masques ou des lunettes de protection. Selon le code pénal, certains de ces objets peuvent être considérés comme une arme par destination, explique l’ex-commissaire Gérard Moréas.

1052 personnes blessées, dont plusieurs gravement

Deux militants écologistes ont par ailleurs été interpellés puis placés en garde à vue à l’issue de la marche pour le climat à Nancy, qui avait été interdite par la préfecture mais qui s’est déroulée quand même, pacifiquement. Julien Coupat, militant d’extrême-gauche qui avait été emprisonné puis définitivement relaxé après dix ans de procédure (le parquet avait renoncé à faire appel), en avril dernier dans l’affaire de Tarnac, a été arrêté préventivement dans la matinée du 8 décembre pour, de même, « participation à un groupement formé en vue de la commission de dégradation ou de violence ».

Côté blessés, le bilan provisoire s’élève à 1052 personnes, dont 187 du côté forces de l’ordre [2]. En comparaison, la mobilisation du printemps 2016 contre la loi travail avait causé plus de 800 blessés au bout de quatre mois de contestation, signale à Basta ! un membre de l’Assemblée des blessés, un collectif créé en 2014, après une rencontre de victimes et de familles de victimes de violences policières. « Le 1er décembre, un blessé était évacué toutes les quatre minutes », note Ian, un membre du collectif Désarmons-les, qui recense les violences policières et les dégâts causés par les armes dites non létales.

Avant la journée du 8 décembre, 15 000 grenades explosives et lacrymogène avaient été tirées contre les gilets jaunes depuis le premier weekend de mobilisation. Rien que le 1er décembre à Paris, 7940 grenades lacrymogènes, 800 grenades « de désencerclement », 339 grenades assourdissantes GLI-F4 – les plus puissantes – et 776 cartouches de Lanceur de balle de défense (les ex-flashballs) de 40 mm (LBD 40) ont visé les manifestants, selon les autorités. Certaines sources avancent des chiffres encore supérieurs. Par comparaison, lors de l’évacuation de la Zad de Notre-Dames-des-Landes, en avril 2018, 11 000 grenades avaient été tirées en dix jours.

Voir en ligne : 3300 arrestations, 1052 blessés, un coma, un décès : l’engrenage d’une répression toujours plus brutale - Basta !

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