4,9,3 Soleil !

Dans l’après-midi du mercredi 6 juillet le gouvernement annonce qu’il va de nouveau passer sa loi « Travaille ! » à coup de 49.3, et comme le 10 mai dernier des appels circulent à se rassembler place du Capitole à 18h. Les deux mois écoulés ont laissé des traces, la foule est moins nombreuse, et les flics à l’affût. Récit de la « nasse du Capitole »

Tout ceux et toutes celles ayant participé aux deux manifs sauvages du 10 mai dernier en gardent sûrement un bon souvenir : après le foirage complet de l’assaut sur le siège du PS, nous étions un millier à se lancer dans les rues du centre. Le 5 juillet, il a fallut se contenter d’être enfermé-e-s sur le Capitole.

Il fait 49.3 fois plus chaud

Sur place à l’heure dite, on sent déjà que pas grand chose ne sera possible. Seules 200 personnes ont répondu à l’appel, et toutes les rues sont petit à petit verrouillées par les keufs et les GM. La chaleur est écrasante, les recoins d’ombre aux pieds des camions du marché en plein rangement sont une place de choix. Effet Nuit Debout oblige, le mot circule qu’une AG va commencer. Au final peu de monde prend la parole, et si l’idée d’une manif est évoquée, c’est avant tout pour rappeler qu’on risque d’être en danger. Nouveau moment de flottement, pendant lequel ça circule et discute pour savoir si au moins on tente de sortir de notre enclos surchauffé par le soleil et zieuté de près par les RG (qui ont recruté un petit nouveau).

Petit point sur nos forces fait, on est très peu à être suffisamment motivé-e-s. Finalement on se lance quand même, tout le monde suit, et notre petite foule s’élance en direction d’une rue bloquée par les bakeus aux cris de « Valls, Macron, (et tout les autres) démission » . Ça chante et ça tape dans les mains : « laissez-nous manifester », «  A bas l’État, les flics et les patrons », « laissez-nous passer » , « c’est pas les immigré-e-s qu’il faut virer, c’est le capitalisme et l’État policier » . La colère est vite plus dirigée contre les ordures qui nous séquestrent que contre le 49.3 ou le gouvernement. Des « la police avec nous » sont bien plus timidement repris. Au moins quelque chose se passe et le petit groupe qu’on forme a de la voix mais évidemment de petits mouvements de boucliers suffisent à nous faire reculer. Après quelques minutes face à ce premier barrage et alors que les rangs des pandores se resserrent, on part vers une autre rue. C’est parti pour une bonne heure de jeu dans une place du Capitole devenue une nasse géante, sous l’œil des bourges aux terrasses des cafés.

Un éternel recommencement

Le même schéma se répète à chaque fois. Une nouvelle rue, une nouvelle ligne de flics, de bakeus ou de Gendarmes mobiles. Des chants, des mains qui claquent mais personne ne passe, d’ailleurs on n’essaie pas vraiment. La commissaire arrive avec quelques renforts (GM ou bakeus) et on repart vers un autre barrage en rigolant. Au milieu de tout ça des passant-e-s et des voitures qui sortent du parking se retrouvent également pris au piège, ils font comme nous et tournent en rond. On chambre la Bac qui se retrouve à faire la circulation «  les bakeus, à la circulation ! », ils n’apprécient pas vraiment notre humour et commencent à attraper une copine vite dégagée grâce à l’aide des gens autour. Quelques poubelles sont placées face à une ligne de GM, histoire de se rappeler que le mobilier urbain même de plus en plus perfectionné dans une logique anti-subversive recèle toujours quelques outils à exploiter. Certain-e-s se disent qu’on devrait laisser tomber les flics et partent vers les portes de la mairie déjà bouclées. Symboliquement quelques coups d’épaules sont donnés jusqu’à l’arrivée d’une équipe de bakeus et l’habituelle commissaire qui au passage donne un cours de morale aux manifestant-e-s. Visiblement ils ne souhaitent pas que l’on sorte, mais ne veulent pas non plus noyer la place sous les lacrymos, ils se contentent de pousser avec les boucliers et les tonfas, de quelques insultes ou menaces « touche pas à mon camion ou je t’éclate », en attendant que l’on s’épuise.

La liberté ne déborde pas toujours

Décidant que l’on peut désormais pousser l’absurdité de la situation jusqu’au bout, et alors qu’il n’y a plus que 100 personnes dans cette « manifestation », voilà que ça part vers le Mc Donald’s. Les grilles se ferment, avec les client-e-s dedans. « Laissez-nous consommer ! » , « des nuggets pour les poulets » chante la foule. Après quelques tours de cage supplémentaires, une nouvelle visite du Mc Do, de la mairie, du Sephora , quelques barrières déplacées et alors que la plupart des manifestant-e-s sont parti-e-s selon les consignes données par la commissaire (pas plus de trois personnes à la fois), la partie s’arrête. La flicaille reste encore un moment sur une place rendue aux touristes et à la consommation, alors que tout le monde s’est dispersé. On aura versé bien plus de sueur que de rage.

L’été sera chaud, même sans cagoules ni lacrymos...

P.-S.

Photo d’illustration : 3 mai, lors de l’évacuation du McDonald’s.

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