Ambiance pédale contre la prison !

Yo, le mercredi 18 Juin à 19h à ambiance pédale (rendez-vous régulier entre personnes qui se retrouvent derrière le terme de pédé.e) on va parler de thématiques pas supers glamours mais qui ont touché et touchent encore une bonne partie des personnes queers : la répression, la justice et la prison.

Même si en France le crime de sodomie à été envoyé aux oubliettes, que nous ne sommes plus considérés légalement comme un fléau social, qu’on ne nous condamne plus parce qu’on entrave les bonnes mœurs bourgeoises et judéo-chrétiennes ... La prison reste une réalité pour beaucoup d’entre nous : les plus précaires qui doivent se démerder pour vivre dans ce monde de fric, les personnes racisées qui subissent le racisme de la police et de l’état, les personnes qui n’ont pas les bons papiers, les travailleureuses du sexe, les personnes en lutte contre ce système merdique ...

Parce que cela nous concerne, on a envie d’en parler dans le cadre d’une de nos soirées. Ce moment sera composé de deux temps :

  • une petite présentation sur l’histoire de la répression de l’homosexualité en France.
  • la projection de deux films états-uniens qui brassent ces thématiques :

"Homotopia", film de 2007 réalisé par Eric A. Stanley et Chris Vargas. Il est une critique queer radicale du projet politique qui prône le mariage gay et l’assimilation. Cette fiction aborde les questions du racisme, du colonialisme, du SIDA et de l’état.

"Criminal queer" des mêmes réalisateurs met en scène en 2015 une lutte radical des personnes trans et queer contre le complexe industriel carcéral et pour un monde sans murs. Ce film développe notre libération collective en travaillant à l’abolition des multiples façons dont nos cœurs, nos genres et nos désirs sont confinés.

Hésites pas à ramener de quoi grignoter (du pop corn ça serait le best !) et à boire. Pour rappel on remet le texte d’invit d’ambiance pédale en dessous !

Et au fait, comment ça va les pédé.es ? Elles se portent comment les
tapettes ? Ce n’est pas une blague, on a envie de prendre le temps de
nous la poser vraiment, cette question : comment on la vit notre vie
d’homo ?
Vu d’un peu loin, tout va pour le mieux pour les hommes qui aiment les
hommes : le sida ne tue (presque) plus dans nos contrées, (presque) plus personne ne remet en question le mariage pour tous, Drag Race cartonne à la télé, un grand nombre de députés RN à l’Assemblée Nationale sont gays - le droit d’être des fachos comme les autres, ne serait-ce pas là l’étape ultime de notre « intégration » ?

Cette vision stéréotypée de la normalisation gay est partagée par nombre de LGBT. Le besoin de se serrer les coudes face à l’homophobie appartiendrait au passé. Le temps des combats politiques serait terminé, puisqu’il n’y aurait plus rien à gagner. Avec l’arrivée des trithérapies du VIH qui ont relégué les questions de santé au second plan ; mais aussi avec Grindr et autres réseaux, plus besoin de quitter notre canapé pour se rencontrer. Nous n’aurions plus besoin d’espaces spécifiques pour débattre, se battre, se soigner, se rencontrer.

Conséquence : on a l’impression que de nombreux lieux de sociabilisation dépérissent. Qu’il s’agisse de lieux commerciaux (on ne compte pas le nombre de bars et de boites gay qui ont fermé en 20 piges), associatifs (les assos sont toujours là, les pédés dedans, moins) ou informels (certains lieux de drague en extérieur se vident, quand ils ne sont pas dégagés par la gentrification). Seuls semblent rester des événements festifs ponctuels comme la Gayguette à Toulouse qui, preuve que le besoin d’être ensemble est toujours présent, font le plein comme jamais.

Dans les milieux plus radicaux, une partie des transpédégouines
(TPG) a également acquis l’idée que les pédés étaient désormais des
"hétéros comme les autres" : on y a vu se systématiser ces dix
dernières années les zones en mixité choisie « sans mecs cis »,
écartant les pédés cis et obligeant les trans à justifier de leur
transidentité (pratiques heureusement plutôt en reflux).

Sauf qu’en fait non, qu’on le veuille ou non, nous ne sommes pas devenus des hétéros comme les autres. L’héritage des luttes passées et la culture qui leur est propre continuent de forger nos manières de vivre et de nous définir. L’homophobie, certes moins palpable qu’autrefois, ne cessera jamais de nous agresser, ne serait-ce que parce qu’on en a intériorisé une partie.

Nous sommes, comme l’ensemble des personnes LGBTI, toujours
surreprésentés parmi les personnes ayant des troubles psy, parmi celles
qui font des tentatives de suicide ou des overdoses. Ou encore à être
victimes d’agressions sexuelles, de (cyber-)harcèlement ou de
guet-apens. Car qu’on se la soit infligée à nous même, ou qu’elle vienne des autres, la violence et la solitude font partie de nos constructions depuis l’enfance. Réprimer nos attirances, nos amours, nos manières, nos jeux, nos envies, contrôler notre façon de nous habiller ou de marcher, s’empêcher d’être démonstratif avec son partenaire dans l’espace public est ou a été notre lot quotidien. Même si tout le monde ne l’a pas subi de la même manière, cette peur laisse des traces. Et on a besoin de s’en parler.

Une des conséquences de la honte et de l’isolement qui nous traverse est l’explosion de la pratique du chemsex dans les milieux gays. Si elle est en partie liée au besoin de se retrouver et et d’assumer ses envies en faisant sauter tout un tas de barrières mentales, on en connaît aussi
les dangers. Pour la personne qui ne vit plus sa sexualité et ses
relations sociales qu’au travers des drogues, la perte de contrôle n’est
jamais loin, et c’est ainsi que l’on apprend presque chaque semaine que X est parti à l’hosto, ou que Z est décédé. Drames invisibles qui sont un véritable enjeu de santé communautaire aujourd’hui.

On a aussi envie d’interroger un certain nombre de normes que l’on
trouve parfois enfermantes. Le culte du corps jeune et bien foutu, du
membre bien monté, de la multiplicité des partenaires comme seule forme de sexualité épanouie, de la virilité, le rejet ou la fétichisation des personnes fems, trans, racisées... Mais aussi une certaine indifférence
que l’on retrouve parfois à l’égard des questions de consentement.

Alors on a envie de se rencontrer autrement. Sans avoir besoin de
prendre la fête, le cul ou les drogues comme prétexte. Se parler juste
pour se parler. Partager nos bonheurs, nos peines, nos questionnements.
Ramener un peu à bouffer et à boire. Échanger sur nos vécus et nos
constructions. Se faire de nouveaux potes. Débattre. Parler de notre
santé. Et puis se marrer, aussi !
On appellerait ça les rendez-vous « Ambiance Pédale ». Ça serait
pour toutes les personnes qui se sentent pédé, qu’elles soient homo ou
bi, cis ou trans, dans le placard, sur la scène, ou même encore en
questionnement. Pour les super virils et les folles jusqu’au bout des
(faux) ongles. Ça serait un temps rien que pour nous et ça nous
ferait du bien.

Si tu as lu ce texte jusqu’au bout, et même si tu n’es pas forcément
d’accord avec tout, tu te sens peut-être concerné. Tu viens ?

P.-S.

Contact et inscription à la mailing list : ambiancepedale [at] riseup.net

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