Antiterrorisme : Lettre ouverte au juge d’instruction Jean-Marc Herbaut

Les proches des inculpé.es du 8 décembre affirment leur refus de répondre aux convocations de la DGSI.

Depuis le « coup de filet dans l’ultra gauche » du 8 décembre 2020, la vie de sept personnes a été mise en suspens sur de simples présomptions d’intention. Alors que d’année en année les répressions judiciaire et carcérale deviennent en France toujours plus étouffantes, la justice maintient toujours depuis près de neuf mois trois d’entre elleux derrière les barreaux, dont un au Quartier d’Isolement, et ce sans qu’aucune date de procès ne se dégage pour le moment.

Depuis le 8 décembre, les proches des inculpé.e.s vivent dans la peur et la pression constantes dues à l’instruction en cours. La peur d’entrer en contact et de se soutenir mutuellement. L’angoisse de savoir son enfant ou ami.e enfermé.e dans 9m² de béton insalubre. La pression omniprésente et constante de la surveillance.

Durant l’été, le juge d’instruction a ordonné des commissions rogatoires laissant à la DGSI la possibilité de poursuivre son harcèlement envers les proches des inculpé.es. En théorie, tous les moyens sont permis.
Le contenu même des interrogatoires qu’elle mène, portant notamment sur les opinions politiques des personnes auditionnées (avis sur le gouvernement actuel...) est complètement hors de propos dans le cadre d’une enquête pénale et ne fait que souligner le caractère politique des activités de la DGSI.
Après que certain.es d’entre elleux ont enduré ces auditions humiliantes et traumatisantes, des membres des familles et ami.es des inculpé.es ont décidé collectivement de refuser d’y participer, s’exposant au risque d’une amende d’un montant de 3750 euros.


Voici la lettre qui a été adressée au juge pour expliquer cette décision.

A l’attention du Juge Jean-Marc Herbaut,

Nous, familles et ami.es des inculpé.es du 8 décembre 2020, déclarons par la présente notre refus de nous soumettre aux auditions de la DGSI. Nous sommes convaincu.es que la façon de procéder de la DGSI n’est pas de nature à vous apporter les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité, mais plutôt à valider un scénario pré-écrit depuis des années.

Par cette lettre, nous attestons que notre refus est définitif, au vu des méthodes malhonnêtes de la DGSI auxquelles plusieurs d’entre-nous ont déjà eu à faire face.

Depuis plus de huit mois, nous vivons sous le poids constant de votre instruction, dont la longueur se traduit par un grand nombre de violences sur les mis.es en examen et sur nous-mêmes, et fait perdurer l’acharnement carcéral sur nos proches toujours détenus. Les commissions rogatoires que vous avez récemment ordonnées représentent pour nous un énième anéantissement de nos vies privées.

Vous avez depuis le début de l’enquête mis en place des dispositifs de surveillance intrusifs, violant pendant plusieurs mois l’intimité de nos familles, de nos cercles d’ami.es et de nos couples, menant à l’écoute de nos moindres discussions, jusque dans nos foyers et nos véhicules.
Nous refusons que le moindre détail de nos vies soit disséqué une fois encore par la DGSI, d’autant moins si cela est fait dans le but d’alimenter une construction policière et de justifier la criminalisation de nos enfants, ami.es, frères et sœurs.

Vous qualifiez nos proches de « terroristes », ayant l’intention de fomenter un projet violent ; la seule violence que nous percevons dans cette affaite est le sort qui leur est réservé.
Depuis le départ, la DGSI a fait preuve d’une forme de partialité qu’elle n’a cessé de démontrer depuis, usant d’interprétations subjectives et mensongères, basées sur les maigres éléments qu’elle avait en sa possession, pour criminaliser les inculpé.es. Elle a par la suite mené des perquisitions violentes, humiliantes et traumatisantes, impactant les personnes les ayant vécues, ainsi que celles ayant peur de les vivre. Elle a procédé à des menaces d’agression sexuelle pour prélever de l’ADN lors de la garde à vue.

La DGSI a également profité de notre ignorance du droit pour effectuer des auditions sous la menace – notamment de gardes à vue –, proférant des insinuations déplacées, manipulant nos propos et omettant toutes les nuances apportées qui venaient un tant soit peu décrédibiliser leur scénario.
Nous présumons que votre démarche est de faire émerger de ces entretiens un aperçu le plus exhaustif possible de la situation de chacun.e. Néanmoins, au vu de leurs méthodes, il nous est impossible en tant que parents, ami.es, frères, sœurs, des inculpé.e.s du 8 décembre 2020 de nous soumettre à des auditions auprès des services de la DGSI.

Convaincu.es que leur place n’est pas derrière les barreaux, nous demandons la libération sans délai des trois personnes toujours incarcérées.

Les familles et ami.es des inculpé.es du 8 décembre.

Un grand nombre de personnes ont été contactées par la DGSI afin d’être auditionnées et il est possible que d’autres personnes le soient. Nous serons nombreux-ses à envoyer cette lettre comme réponse commune à ce harcèlement et nous vous invitons à le faire si vous êtes contacté.e dans le cadre de cette enquête, ainsi qu’à vous rapprocher des comités de soutien.

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