Appel à soutien suite à l’expulsion de Chanti Ollin, lieu autogéré de Mexico

Le squat Chanti Ollin a été violemment expulsé au petit matin du 22 novembre dans une opération policière particulièrement musclée.
Un appel à solidarité internationale est lancé.
Il est possible de les contacter : chantiollinmx[at]gmail.com et chantiollin.mexico[at]gmail.com

00h30 (heure française) le 24/11 : les internationaux ont été libéréEs.

21h (heure française le 22/11 : les mexicainEs ont été libéréEs

Communiqué du Chanti Ollin traduit en français
(le 22 novembre 2016 à 19h, heure française)

Au peuple du Mexique
Aux organisations fraternelles
A nos compañer@s de lutte

A l’aube de ce 22 novembre 2016 à 2h30 du matin, une fois de plus le mauvais gouvernement présidé par Mancera a ordonné de réprimer un mouvement culturel et artistique. Au moyen d’une opération policière démesurée l’espace Culturel Autonome Chanti Ollin a été pris d’assaut sur l’avenue Melchor Ocampo, au coin de la rue Elba du quartier Cuauhtémoc de la ville de Mexico.

Environ 500 policiers anti-émeute, police d’investigation, cameramen, avec des échelles, des camions avec projecteurs et un hélicoptères. Ils sont pénétré par la force et avec une grande violence dans l’immeuble, cassant les fenêtres et les balcons du deuxième étage. Il faut noter qu’ils sont entrés sans montrer un mandat délivré par un tribunal et l’expulsion n’avait pas été notifiée préventivement. Ils sont aussi passés par les bâtiments voisins pour ouvrir un passage. En quelques minutes tous les éléments étaient déjà en place, procédant à une inspection et mettant l’édifice sous mandat de perquisition. Ils ont arrêté arbitrairement et sans mandat d’arrêt 26 camarades ici présentEs dont une fillette de 3 ans. Ils ont blessé un compañero et une compañera. Le Chanti, tout comme d’autres propriétés dans la ville de Mexico, a été abandonné par ses ex locataires il y a de ça de nombreuses années, et le propriétaire est mort, la société de location a fait faillite et la demeure est restée en l’état. C’est alors qu’à partir de l’année 2003. Un groupe de jeunes s’est chargé de donner une vie culturelle, communautaire à cet immeuble. L’immeuble a été occupé avec art, culture, et écologie, ouvrant l’espace comme un point de rencontre pour les jeunes, ainsi que pour les mouvements sociaux.
En déjà 13 ans d’existence de Chanti Ollin ; il y a eu des centaines d’ateliers, débats, représentations musicales, pièces de théâtres, il a offert un espace à de nombreux jeunes sans lieux où exprimer leur travail artistique et communautaire. Depuis le Chanti, se sont organisées de nombreuses brigades et caravanes de travail volontaire dans des communautés indigènes et paysannes ainsi que dans de nombreux quartiers de la zone métropolitaine. Mais dans le même temps, il a été l’objet de persécution, d’enquête politique et de harcèlement à travers la diffamation par de journalistes achetés ainsi que de nombreuses tentatives violentes d’expulsion.

Actuellement en raison du projet de gentrification de la Ville de Mexico, impulsé par les fonctionnaires de l’administration du gouvernement de la Ville, de connivence avec des hommes d’affaire avides ont essayé de vendre, ils tentent de privatiser et élitiser les espaces publics. Nous assistons à un processus durant lequel le centre de la ville a été vendu et maintenant ils prétendent par l’expulsion, la repression et la criminilisation de s’approprier les espaces communautaires qu’ont construit beaucoup de personnes honnêtes de manière autogérée.

Le Chanti Ollin est une référence de la résistance à ce projet vorace, qui cherche à mettre fin à toute économie populaire et à imposer par la force ses corridors mercantilistes de pseudo modernisation de la Ville. Ils cherchent à en finir avec le Chanti comme projet communautaire car il empêche les puissant de pouvoir continuer à s’enrichir vilement. Il convient de souligner à titre d’exemple le projet du corridor "culturel" Chapultepec. Quand bien même la population l’aie rejeté en consultation, Mancera tente de l’imposer à tout prix, car les engagements qu’il avait déjà pris avec les entrepreneurs devenaient trop onéreux pour les annuler.

Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de touTEs nos compañeros et compañeras arrêtéEs arbitrairement ce matin. [1]

Nous nous opposons à continuer d’enrichir les hommes d’affaires et fonctionnaires qui profitent du besoin de la population, faisant dans le même temps de la répression politique un sale business.

Nous nous manifestons en défense de la terre mère, de notre culture, de notre peuple contre ce capitalisme sauvage qui cherche à faire de la vie une marchandise.
C’est pourquoi nous continuerons à défendre notre droit à l’auto-organisation et l’auto-détermination en tant que communauté indépendante, autonome et originaire de la ville.

Nous lançons un appel pour que se manifestent ceux qui sentent dans leur cœur l’injustice que commet le mauvais gouvernement en essayant de fermer et démolir ce centre culturel autonome et autogéré.

Nous engageons la population consciente, les organisations et les communautés à se prononcer pour la continuité de ce projet culturel autonome. Le Chanti résistera tant que le peuple le soutiendra.

Nous appelons à la communauté culturelle consciente et indépendante à défendre cet espace collectif en installant une barricade culturelle à durée indéfinie. Nous invitons les musiciens, le peintres, les gens de théâtre, danseurs et au delà à se solidariser avec leurs travaux pour défendre les espaces libérés

¡ ! Ainsi comme la terre est à qui la travaille. Ainsi de même une maison est à qui l’habite ¡ !
Le Chanti Ollin est un bien commun inaliénable, il ne sera jamais une propriété privée.
¡ ! Que vivent les espaces autonomes de travail autogérés ¡ !
¡ ! Mancera dégage du Chanti Ollin ¡ !


Récit de l’expulsion du Chanti Ollin :

Ce 22 novembre 2016, aux environs de 2h du matin, les compañer@s du Chanti Ollin nous sommes aperçus que des agents de police étaient en train de poser des échelles sur les murs du bâtiment qui héberge le projet situé dans la rue Melchor Ocampo, au numéro 424, au sein de la délégation Cuauthémoc. Nous avons pu nous rendre compte que l’opération étaient composée de plusieurs centaines de policiers anti-émeute. Nous sommes 26 compañeros et compañeras membres du collectif Chanti Ollin à avoir été arrêtéEs, et nous sommes actuellement dans le commissariat n°50 de la capitale. Jusqu’à présent nous n’avons pas réçu d’informations au sujet du motif pour lequel nous sommes détenuEs. Il faut souligner que l’opération s’étendait aux bâtiments voisins et que la détention a été effectuée sans aucun ordre d’arrestation, car les ordres d’arrestations dont la police disposait étaient dirigés contre des personnes qui n’habitent pas dans le bâtiment, ce qui n’était donc clairement qu’une justification pour arrêter nos compañer@s.

Nous attendons l’arrivée des compañeros avocats du collectif "A bas les murs" et de l’organisation [de droits humains] Zeferino Ladrillero. Nous voulons souligner que le caractère du Chanti Ollin en tant qu’espace autonome est d’être anti-partis politiques et anti-institutionnel, raison pour laquelle nous nous démarquons et refusons les déclarations et les soutiens provenant de partis politiques ou d’organisations promues par ceux-ci. La maison "Chanti Ollin" mise sur la culture d’une science, d’un art et d’une spiritualité en liberté et collective, raison pour laquelle les projets hébergés par cette maison se déclarent en défense des espaces autonomes et autogérés et contre les projets mortifères qui guettent non seulement la ville de Mexico, mais également le pays tout entier et bien d’autres latitudes. Nous exigeons du gouvernement de la ville de Mexico dirigé par Miguel Angel Mancera la libération de nos 26 compañer@s prisonnier.e.s et la libération ainsi que le respect des expaces qui misent sur une alternative de vie comme c’est le cas du Chanti Ollin, et nous dénonçons tous les projets de gentrification en cours dans la ville de Mexico qui cèdent ce territoire aux entreprises et transforme la ville en une affaire juteuse, niant au passage notre droit au logement, à l’éducation et à la construction d’espaces communs.

Un rassemblement est actuellement appelé devant l’espace du Chanti Ollin, afin de le protéger d’une possible démolition et du pillage du bâtiment.

LIBERTE POUR LES PRISONNIER.E.S POLITIQUES
MANCERA HORS DU CHANTI OLLIN
RESPECT DES ESPACES AUTOGÉRÉS

Compte-rendus avec photos/vidéos sur https://chantiollinmx.wordpress.com/
et la page https://www.facebook.com/mxchantiollin

Un appel à solidarité internationale est lancé.

Il est possible de les contacter : chantiollinmx[at]gmail.com et chantiollin.mexico[at]gmail.com

Notes

[1NdT : TouTEs ont été relâchéEs en date du 24 novembre 00h30 heure française

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