Le bâtiment est occupé au rez-de-chaussée par des bureaux inutilisés servant de boîtes aux lettres à plusieurs entreprises. Des voisinEs zéléEs s’empressent néanmoins de contacter la propriétaire pour la prévenir du péril qui la guette. Celle-ci débarque et, très vite, la situation se corse.
CertainEs habitantEs de la résidence cossue dans laquelle se trouve le bâtiment sont extrêmement remontéEs, visiblement plus sensibles à la fable de la-travailleuse-qui-ne-peut-plus-travailler qu’au sort des 75 personnes à la rue. Leurs arguments sont atterrants. Florilège :
– Je risque de les entendre quand j’ouvrirai mes fenêtres !
– Comment ils vont faire pour manger ? Ils vont faire des allées-retours permanents !
– Ils vont chier partout !
– Qui nous dit que ce ne sont pas des terroristes ?
– Me faites pas le coup de la solidarité, je donne à des associations.
– Moi déjà je vois des femmes voilées, donc on n’est pas de la même culture, comment voulez-vous qu’on cohabite ?
– Ils écoutent de la musique musulmane.
Heureusement, quelques voisinEs solidaires viennent apporter leur soutien.
La police finit par intervenir. Elle recueille les différents témoignages et ramène le calme.
Mardi matin, les flics reviennent pour prendre en photo le cadenas installé par le Collectif Lascrosses. Ils ne répondent pas aux questions. Ça sent mauvais, les personnes en situation irrégulière quittent peu à peu le bâtiment.
En milieu d’après-midi, le quartier est bouclé. Un déploiement policier digne d’une opération anti-terroriste se met en place. La rue du Faubourg, qui n’est autre que la très fréquentée route d’Albi, est carrément déviée. Une bonne douzaine de véhicules sérigraphiées ainsi que plusieurs équipages de baqueux prennent place. Attentat ? Alerte à la bombe ? Non, dix personnes dans un bâtiment vide.
La police a pris prétexte de dégradations imaginaires (qui ne sont étayées par aucune photo, aucune preuve) pour expulser sans passer par la case tribunal administratif.
Sur les dix personnes présentes lors de l’expulsion, sept sont interpelléEs et font 24 heures de garde à vue. Parmi elleux, trois sont envoyéEs au Centre de Rétention Administratif à Cornebarrieu. Deux en sortent dans les jours qui suivent, mais un y est toujours détenu dans les conditions qu’on connait. Son recours sera jugé mercredi 21 au TGI. Courage à lui....
Les jours suivants, dans la résidence Vendôme où se sont déroulés les faits, on pouvait lire un mot à l’attention du voisinage :
complements article
Proposer un complément d'info