Juin 2016, nous sommes au bar à la fin d’une manifestation anti fasciste et nous voyons entrer dans ce bar un gars qui a violé une meuf il y a deux ans. Nous sommes cinq militantes, dont certaines connaissent les faits, et nous voulons réagir pour que ce type dégage. Il s’installe au bar, commande une bière, et nous sommes déjà choquées qu’il soit accepté et servi alors que les patrons sont au courant du viol qu’il a commis, et qu’ils avaient acté son exclusion du bar au moment des faits.
Alors que nous voulons son départ, l’un des patrons le soutient et le protège : il refuse de le sortir, et l’accompagne boire un coup dans l’arrière salle. Quand nous y entrons pour le virer, il continue à le défendre, refusant qu’il sorte du bar avec des arguments tels que « j’ai déjà fait un effort en allant dans l’arrière salle », « me cassez pas les couilles », « mettez-vous à sa place », tout ça résumé à : « c’est mon bar je fais ce que je veux ». L’autre patron présent ce soir-là n’est pas intervenu et ne nous a pas soutenues non plus. Tout ceci aura duré 1h30.
En tant que meufs et féministes, nous ne voulons pas laisser passer ce genre de choses. La question du viol et des violences sexuelles est trop souvent balayée d’un revers de main, minimisée, voire justifiée. L’absence de consentement est toujours interrogée, la parole des meufs sans cesse remise en cause.
La plupart du temps, ces violences ont lieu dans l’entourage proche. Il est difficile de trouver des modalités d’actions satisfaisantes et de libérer la parole, d’autant plus quand il nous est renvoyé que « de l’eau a coulé sous les ponts » et que nous ne sommes plus légitimes à réagir.
Ces faits se sont passés au Communard, bar connu et investi par des militant.e.s, qui organise de nombreuses soirées de soutien. Il revendique une identité anti-fasciste, anti-raciste, anti-homophobe mais aussi anti-sexiste, solidaire de nos luttes féministes.
Nous ne nous faisons pas d’illusions : dans cette société patriarcale, les lieux « safe » n’existent pas.
Encore une fois, nous rappelons que ce ne sont pas aux personnes qui vivent des violences de se cacher et se taire.
Ce texte a pour objectif de dénoncer ces faits pour qu’ils soient connus de tou.te.s.
Féministes tant qu’il le faudra !
Des meufs
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