Aujourd’hui, 7 janvier, un an jour pour jour...

Aujourd’hui, 7 janvier, un an jour pour jour après les attentats contre Charlie-Hebdo et alors que Hollande donnait son discours à la préfecture de Paris, un homme est mort sous les coups de feu des policiers.

Il s’agissait d’un individu armé d’un couteau (ah non, finalement c’était plutôt un hachoir de boucher. Heureusement qu’une enquête est en cours, hum…) et d’une fausse ceinture d’explosifs.
De quoi faire trembler l’escadron des forces de l’ordre.
Sans nul doute, ils ont du bien flipper, puisqu’ils l’ont tué.

Un homme est mort.
Un homme est mort, tué de sang froid, comme ça, par quelques coups de feu. Parce qu’on ne peut pas faire n’importe quoi, monsieur. On ne rigole pas. C’est très sérieux et on peut en mourir. On ne peut pas monsieur, crier Allah Akbar comme ça dans la rue. Y’a deux mois un homme prenait un an ferme pour la même chose. Apologie du terrorisme gros, ça blague pas. Maintenant tu peux même mourir pour ça.

Je crois que ce qui me touche aujourd’hui c’est à quel point la mort de quelqu’unE peut être dénuée de toute émotion. Les médias, les flics… Tout est fait pour « rassurer » les genTEs. « La police patrouille », les démineurs, les robots, les chiens, tout le monde est réquisitionné pour analyser ce corps gisant. Ce corps inerte est resté là des heures. A même le sol. Comme il est tombé.
Tout le monde se fiche de ce corps. Il l’a bien mérité. Terroriste ou fou. Ou les deux à la fois. Parce que de toutes façons plus rien ne veut rien dire, plus rien n’a de sens. Il a bien mérité de se prendre une balle. On ne peut, monsieur, venir provoquer les forces de l’ordre de la sorte. Voyons !
C’est bon, la menace terroriste a été neutralisée.
Tout le monde court après les infos les plus croustillantes, bande de charognardEs ! A celui ou celle qui aura l’info avant les autres. TouTEs court après l’identité de l’homme abattu, non pas pour le faire exister ou lui rendre HOMMAGE -comme c’est tant la mode pour commémorer les victimes des attentats parisiens- mais bien pour s’emparer de la moindre information pouvant valider le fait qu’il ait été abattu froidement, mettre un visage sur cet horrible personnage.

L’enquête avance et fort heureusement, toutes les bonnes raisons pour tuer cet homme sont réunies. Il portait sur lui un "papier sur lequel figure le drapeau de Daech ainsi qu’une revendication manuscrite non équivoque en langue arabe ». Heureux hasard pour celui qui lui a tiré dessus..! Et puis de toutes façons il était armé d’un hachoir et semblait vaguement porter une ceinture d’explosifs. Shaah !

« L’enquête en flagrance pour tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste se poursuit désormais (...) sous l’autorité de la section anti-terroriste du parquet de Paris et confiée conjointement à la section anti-terroriste de la brigade criminelle de la préfecture de police (SAT) et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)", rajoute le communiqué des keufs.

Mais, wesh les gars, il est mort et vous enquêtez maintenant ? D’abord on tue, après on réfléchit. A quoi elle va servir cette enquête ? A nous dire que oui cet homme a bien mérité de mourir ? Que oui c’était réellement un mec qui allait mener un attentat terroriste, au nom de Daech, qu’il avait prévu de venir se faire sauter, blablabla… On le sait déjà.
La police fait bien son boulot. Et puis maintenant qu’il est mort de toutes façons…
Heureusement que les flics sont armés, prêts à neutraliser à jamais ce genre d’individu à « l’air menaçant ». Encore un bon argument pour touTEs les défendereuses de ce fichu état d’urgence et de toutes les mesures sursécuritaires qu’ielles sont en train de nous pondre. Les flics se gaussent d’ailleurs : « Et dire que pour certains bien pensant, l’état d’urgence et la loi anti-terro ne se justifie pas ! » Ahahah. Qu’ils sont heureux d’être intervenus…
J’imagine déjà le flicaillon qui a tiré sur le mec : un héros est né ! Peut-être va t-il être décoré, adulé par ses collègues. Berk !

L’Etat d’urgence ne cesse de trouver de justification. Et les mesures ultra-sécuritaire ne cessent de s’accroître. Dorénavant tout flic qui le souhaite peut garder sur lui son arme de service, en toute occasion, n’importe quand, n’importe où. Bon, fort heureusement les élèves policiers ne sont pas concernés. Rassurons nous tout de même, il faudra au moins avoir son concours pour pouvoir tuer des genTEs dans la rue. Ouf !
Et concernant la légitime défense des flics étaient déjà pas mal protégé mais le projet parle d’une « irresponsabilité pénale » en raison de l’état de nécessité. C’est à dire que tout fonctionnaire de police ou gendarme pourra tuer, même hors cas de légitime défense, si la personne a commis un ou plusieurs homicides volontaires et que peut-être, très sûrement elle va réitérer très prochainement.
Youpitralala.
« Quand les policiers en attrapent un, il faut qu’ils le tuent tout de suite ! » disait ce matin même Patrick Pelloux, médecin urgentiste et ancien chroniqueur à Charlie-Hebdo, dans la Dépêche du Midi [1]. Il faut qu’ils le tuent tout de suite. Quoi de plus normal ?! A ce compte, réhabilitez la peine de mort et arrêtez de vous mentir.

Tuer un homme sous couvert qu’il est terroriste est d’une banalité sans nom. Qui est-ce qui va bien pouvoir s’en émouvoir ? Il était armé, et était connu des services de police (pour vol, hum…). Tout argument sur le passé décadent de cet homme va être mis en avant, ses moindres faux pas, son moindre supposé attachement à l’Etat Islamique, ses moindres troubles mentaux… Un homme a été tué par la police et elle avait encore toutes les meilleures raisons du monde de le faire. Elle n’a fait que son travail. La police travaille, elle tabasse à domicile, retourne des appartements, humilie et assassine impunément.
Mais rassurez vous, c’est pour votre bien, la police vous protège.

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