Il y a un peu plus d’un mois, 10 personnes ont été interpellées et mises en examen pour des faits datant du 7 février, journée de mobilisation en solidarité avec la lutte palestienne. Elles ont été interpellées dans l’espace public, sur des trajets quotidiens ou pas, ce qui peut témoigner d’un niveau de surveillance élévé des espaces anarchistes. Cela devient très fréquent à Barcelone que des dossiers se montent après une manif, que des personnes se fassent arrêter un ou deux mois après, afin d’être mises en examen sur des instructions qui vont durer quelques années, avec des chefs d’inculpation qui peuvent entrainer plusieurs années de prison.
Dans ce cas précis, les compagnon-nes sont accusées de groupement criminel, une charge similaire à association de malfaiteurs. J’ai voulu diffuser une traduction d’un communiqué de Ègida, un collectif de défense collective anarchiste barcelonais. Il revient sur ce qui s’est passé, sur la répression de la lutte pro-palestinienne et anti-génocide, et la solidarité qui a été montrée dès les premiers instants, et qui sera nécessaire tout au long du processus.
Les 18 et 19 mars dernier, il y a eu 10 interpellations en lien avec la journée de grève du 7 février, appelée en Catalogne en solidarité avec le peuple palestinien. Pendant cette grève plusieurs actions ont été menées : blocages routiers, manifs délocalisées, actions de boycott contre des entreprises et des institutions complices du sionisme, ainsi qu’une grosse manifestation unitaire en fin de journée à Barcelone. Au cours de celle-ci, plus d’un millier de personnes ont pris la rue et des actions ont visé des complices du génocide, comme les bureaux de Indra, RTVE, des Mc Donalds et des Carrefour. Celles-ci ont fait l’objet d’une procédure ouverte par la Brigade de Renseignements des Mossos d’Esquadra (la police catalane).
La plupart des interpellé·e·s vont passer deux nuits au Comissariat Central de Les Corts, où iels vont recevoir le soutien chalereux de plus de 500 personnes solidaires, qui ont pu faire entendre leur cris à travers les grilles des cachots. Le lendemain au Tribunal (Ciutat de la Justícia) iels sont sorti·e·s vers la fin de l’après-midi, et ont été reçu·e·s par un bon groupe de personnes qui s’y rassemblait depuis 10h du matin. N’oublions pas le poids des charges qui leur sont attribuées : désordre public, dommages matériels, manifestation illicite et groupement criminel ; et aussi qu’il n’est pas exclu qu’il y ait plus d’interpellations ou de mises en examen.
La gravité des chefs d’inculpation est révelatrice une fois de plus de l’objectif de la répression, qui n’est pas celui de poursuivre certains délits soit-disant commis par un groupe concret d’individus, mais plutôt de tenter d’effrayer et de criminaliser nos idées, pratiques et actions collectives et individuelles.
De fait, le mouvement en solidarité avec la résistance palestinienne fait l’objet d’un intérêt fort de la part des corps répressifs partout dans le monde. Cela vaut la peine de mentionner d’autres affaires comme les arrestations de membres de Samidoun 1 le 23 novembre 2023 en Allemagne suite à la tentative de la part de l’état allemand d’interdire l’activité du collectif, ou le procès ouvert contre plus de 100 activistes de Palestine Action en Grande Bretagne pour des actions directes contre des entreprises d’armement israéliennes et britanniques. Les états alliés du sionisme utilisent tout leur arsenal pour défendre les infrastructures des sponsors du génocide, assiègeant judiciairement celleux qui s’y opposent. Israel et ses alliés ont déjà plus de 30 000 morts sur le dos, mais ils accusent de criminelles les personnes qui les dénoncent.
En plus de tout ceci, depuis Ègida on pense qu’il est nécessaire de l’analyser aussi comme une attaque contre le mouvement libertaire étant donné que la plupart des interpellations ont un profil idéologique concret et qu’il semblerait que l’état essaye de noyer à coup de procès les compagnon·nes anarchistes et leur entourage. Notre solidarité est avec elleux tou·te·s, indépendamment de leur militantisme politique. On vit des temps de recrudescence de la répression, de condamnations lourdes et de mesures de surveillance avec des nouvelles et des anciennes méthodes de contrôle. Malgré cela, on connaît leur objectif qui est tout le temps le même : ils veulent nous enterrer. Mais ils ne comptent pas sur le fait que nous n’abandonnerons aucun·e personne qui lutte, maintenant plus que jamais, que nous affronterons et dépasserons les peurs et difficultés de façon collective, que nous sommes des graines et que nous avons les outils pour fleurir : l’entraide, l’action et l’autogestion.
1 collectif de soutien au prisonnier·es palestien·nes, présent dans plusieurs pays.
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