[Bristol] Nous sommes fières de celleux qui ont riposté contre la police

Depuis mars dernier ont lieu des manifs dans plusieurs villes britanniques contre une loi sécuritaire. À Bristol notamment a eu lieu une émeute où des bagnoles de condés ont été cramées et un comico attaqué. Récemment, les premières condamnations pour cette émeute sont tombées. Ce texte est un communiqué de la Croix Noire Anarchiste de Bristol et du collectif Solidarité avec les inculpé.es de Bristol [1], que nous avons souhaité traduire pour informer, et répandre la solidarité.

Le vendredi 30 juillet, cinq personnes ont été condamnées à plus de 14 ans de prison à elles toutes. Quatre personnes ont reçu des condamnations de plus de trois ans pour émeute.

Ces cinq personnes sont les premières à recevoir des peines de prison ferme pour l’affrontement contre la police devant le comissariat de Bridewell lors de la manifestation Kill the Bill du 21 mars. Cependant, plus de 75 personnes ont été arrêtées, 28 attendent des procès. Deux personnes sont actuellement en préventive à la prison de Horfield.

Les rendus sont :
• BL 3 ans 11 mois
• KA 3 ans 6 mois
• SQ 3 ans 3 mois
• KS 3 ans 6 mois
• YS 5 mois

Ce qui arriva le 21 mars fut un déferlement de rage contre la violence de la police. La foule riposta après que les policiers aient attaqué la foule avec des matraques et des boucliers. Du gaz poivre a été utilisé abondamment. Les manifestant·e·s ripostèrent et prirent les boucliers, les casques et les matraques pour se défendre. À la fin de la soirée plusieurs véhicules de police avaient été brûlés.

Nous écrivons cette déclaration pour préciser que nous soutenons celleux qui ont été condamné.es aujourd’hui [vendredi 30 juillet], et que nous sommes fières d’elleux car iels ont riposté. Nous devons être prêtes à nous défendre face à la police, et à rester aux côtés de celleux qui affrontent la répression et la criminalisation.

Des communautés à travers le royaume-uni subissent la violence de la police tous les jours, mais on appelle ça violence que quand c’est nous qui répondons !

La manifestation du 21 mars était contre la loi sur la police, les tribunaux et les condamnations, une loi qui vise à donner encore plus de pouvoir à la police pour réprimer la dissidence politique, et qui détruira les modes de vie des communautés de gitans, roms et nomades. Celleux qui ont lutté contre cette loi à travers le royaume-uni résistent contre le déséquilibre grandissant entre le pouvoir de l’état et celui du peuple, et contre la criminalisation croissante contre une des communautés les plus marginalisées du royaume-uni.

L’affrontement avec la police du 21 mars est arrivé dans un contexte où il y a de plus en plus de colère et d’actions contre la violence raciste, classiste et mysogine de la police britannique, et une réponse gouvernementale à la pandémie qui laissa le royaume-uni comme un des pays les plus touchés. L’impact de la crise du Covid-19 a été senti par les travailleuses et celleux que le gouvernement considère comme jetables.

Bristol était un point central des manifs Black Lives Matter au royaume-uni l’année dernière, quand plus de 10 000 personnes ont marché à travers la ville et ont abattu la statue de l’esclavagiste Edward Colston avant de la jeter dans le fleuve – une action qui s’inspirait des antiracistes aux états-unis. Des actions similaires ont eu lieu dans le monde contre d’autres monuments dédiés à des colonisateurs dans une vague d’organisation contre le racisme. Et pourtant la violence raciste de la police continue de plus belle. Cette année deux hommes noirs -Mohamud Hassan et Mouayed Bashir – sont morts après leur garde à vue à Cardiff et Newport. Ce n’est rien de nouveau : au royaume-uni, depuis 1990, plus de 1792 personnes sont mortes en garde à vue ou suite à une interaction avec la police. Et à Bristol, si t’es noir.e t’as sept fois plus de chances d’être contrôlé.e et fouillé.e par la police.

Pendant le mois de mars 2021 – dans les semaines qui ont précédé la manif Kill the Bill du 21 mars – des veillées hebdomadaires ont eu lieu en hommage à Sarah Everard, assassinée par un policier.

La loi sur la police vise à criminaliser davantage celleux qui se défendent face à la violence de la police, en doublant la peine de prison maximale pour des violences sur un policier, alors que la police peut utiliser la violence voire tuer impunément. Les condamnations pour dégradations de « monuments nationaux », comme des statues de marchands d’esclaves, seront augmentées jusqu’à un maximum de 10 ans de prison.

Cette loi vise également à accroître massivement le nombre de personnes emprisonnées dans le royaume-uni. Actuellement, la plupart des personnes sont libérées après avoir fait la moitié de leur peine. Si la loi passe, certaines inculpées devront purger deux tiers, et les tribunaux auront plus de pouvoirs pour imposer des longues peines sur celleux qui ont moins de 18 ans. Ces mesures d’enfermement s’accompagnent des plans de l’état pour employer 20 000 policiers en plus, pour construire six nouvelles méga-prisons et 18 000 places de prison en plus dans le royaume-uni.

La loi sur la police est une tentative de l’état d’augmenter ses pouvoirs répressifs afin d’attaquer nos communautés et enfermer encore plus d’entre nous. Nos mouvements doivent construire leur propre force pour se défendre eux-mêmes et riposter comme les inculpé.es de Kill the Bill à Bristol l’ont fait le 21 mars.

Comme nous avons vu, Bristol ne restera pas silencieuse. Les habitant.es de cette ville sait comment résister. Nous devons nous organiser pour soutenir celleux incarcéré.es, mais avons besoin de soutien de camarades dans tout le royaume-uni et ailleurs dans le monde pour cela, svp pensez à contribuer à notre cagnotte ici :
https://www.gofundme.com/f/ktb-prisoner-support-fund

Voici les adresses des compagnon.nes enfermé.es qui ont été publiées :
-# Stuart Quinn A1105ER
-# Kane Adamson A1103ER
-# Ryan Roberts A5155EM

Iels sont toustes enfermé.es à
HMP Bristol
19 Cambridge Road
BS7 8PS Bristol (Royaume-Uni)

article originel : https://bristolabc.wordpress.com/2021/07/30/abc-bds-statement/

Notes

[1« Defendant » se traduit par « défendeur », une personne qui subit une action en justice. Par exemple, une émeutière arrêtée qui a un procès. Cependant, nous avons décidé de le traduire par « inculpé.e » car ce mot nous semble plus commun et compréhensible.

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