Ceci n’est pas une place

Quand on va boire un coup aux Tiercerettes, et qu’on est un peu fauché.e.s, les commerçants tirent un peu la tronche !

Un apéro aux Tiercerettes. De la place, il ne reste plus que le nom. Maintenant, il ne te reste qu’un muret, si t’as pas la thune ni l’envie de claquer trois balles pour un demi, ou douze dans une assiette de crevettes.
Mais seulement un tiers des tables sont occupées. On prend donc « place » : ni une ni deux, la remarque nous parvient « en fait, la terrasse est réservée aux consommateurs ». Belle communion entre gérante de resto pour bobos et serveurs de bar de gauchiste. Sur la question un peu profonde de la cohérence à remplir un espace caractérisé lui-même par sa capacité à être vide, on aura pas de réponse. Par contre, pas de faux-semblants, direct, en face, ça montre les crocs. La gérante du resto commence à ranger ses tables, on lui file un coup de main direct.
Les serveurs du Breughel veulent se fritter, y a du monde qui rapplique, mais en fait y a moyen de discuter. Tout le monde est d’accord : la mairie a gentrifié à peu de frais une place jusqu’alors un peu vivante à Toulouse… Cependant, on apprend que les keufs rappliquent, prévenus du charivari bien légitime qui vient d’avoir lieu. On s’arrache.

Un peu plus tard, retour aux Tiercerettes. Peinardes et peinards. Quand on aperçoit les bleus, même pas on s’inquiète, de l’eau a coulé sous les ponts depuis qu’un verre à pied s’est brisé sur la fontaine… Bon, en fait, on est un peu trop naïfs et naïves, ils viennent clairement vers nous, et le serveur les aiguille même un peu, en nous désignant du doigt ; probablement un geste commercial. Là, on la fait courte, agressions, contrôle d’identité, haussements de voix, et lacrymos. On s’en sortira en versant quelques larmes, en gueulant notre dégoût, et en nous réconfortant mutuellement ; en se réjouissant qu’il n y ait pas d’arrestation, quand même…

Fin bon, c’est quoi ? Rien, mais malgré tout, par deux fois dans la soirée, ce bar de merde a été forcé d’interrompre son business sur sa terrasse. Un vendredi soir, le resto ne proposait plus de tables sur la place. Plus tard, on aurait été ravi.e.s d’immortaliser le moment où ce bâtard de serveur nous pointe du doigt, encadré par deux cow-boys. Finalement, moi, ça me met un peu la pêche et me donne envie d’y retourner.
Et le Breughel, maintenant, on ne pourra plus dire que tu ne savais pas…

P.-S.

suite à ce texte, une analyse un peu plus riche de la gentrification d’Arnaud Bernard ne saurait tarder !

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