A Toulouse, depuis près de 8 ans, nous, membres de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion (CREA), nous organisons pour ouvrir des maisons (des bâtiments vides privés ou publiques) pour y loger avec nos propres moyens et selon nos propres besoins.
Nous sommes des pères, des mères, des enfants, des familles, des personnes seul-es, avec des situations administratives et personnelles particulières, ne rentrant pas dans les cases prédéfinis pour obtenir un hébergement, des papiers, un travail ou tout simplement une vie digne.
Chaque année, et malgré l’émergence de plusieurs autres collectifs de réquisitions (Collectif Lascrosses, AutonoMIE, CEDIS, DAL, Collectif Russel, Quai St-Pierre, Vestrepain…), la situation sur Toulouse ne fait qu’empirer. Plusieurs dizaines de familles sont toujours à la rue et cela même en pleine trêve hivernale. Le 115, les services d’hébergement d’urgence de l’Etat sont noyés sous les sollicitations, les campements se multiplient, le nombres de réquisitions explosent. Au moment même où Macron fait ironiquement de Toulouse le laboratoire de son plan « Logement d’abord ».
Nous avons conscience que nos façons de vivre, et de survivre, pour et par les nôtres : entre personnes en galère, ne vont pas dans le sens des intérêts de la préfecture, de la mairie, de la police et des propriétaires. Ils ne cherchent qu’à aggraver nos situations déjà difficile.
Depuis le début de l’hiver, nous subissons une vague répressive plus active et plus agressive.
Nous dénonçons aujourd’hui :
- Trois procès en Correctionnel en une semaine pour « violation de domicile » à la suite de tentatives d’ouverture de réquisition. Les relaxes obtenues parlent d’elles même, montrent la nullité et reflètent la pression policière et judiciaire exercée.
- Cinq procès au Tribunal de Grande Instance, Tribunal d’Instance et à la Cour d’Appel dans le cadre de la procédure d’expulsion du Centre Social Autogéré de la CREA.
- Quatre maisons, en pleine période hivernale, ont subi des expulsions immédiates. La police est rentrée avec force et sans respecter leurs propres lois. Ils ont fait peur aux habitant-es et les ont interpelé-es afin d’effectuer des contrôles de papiers.
- Huit maisons de la CREA (ce qui représente 21 familles, soit 72 personnes) sont sous le coup d’une expulsion planifiées entre le 1er avril et le 11 juin 2019.
- Plusieurs d’entre nous ont étaient enfermés au Centre de Rétention Administrative (CRA) durant plusieurs jours suite aux contrôles de la Police Aux Frontières (PAF). Ces contrôles ont été renforcé à la Gare Matabiau et dans les lieux sociaux (au Grand Ramier notamment).
- Les rassemblements de soutien devant les tribunaux ont été perturbé par les agents du Renseignement Territorial et de nombreux policiers.
- De nombreuses Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) nous ont étaient signifié-es
- L’ouverture d’une « chasse » par la PAF et la police ciblant les Albanais-es en particulier, sans prendre en compte les situations personnelles et familiales. Des agents de la PAF ont clairement exprimé le fait de vouloir arrêter et déporter le plus d’Albanais-e possible.
- Plusieurs perquisitions à 6h du matin dans des maisons de la CREA avec des immobilisations très violentes : armes contre la tempe des habitant-es par des gendarmes cagoulés (dont plusieurs personnes sont toujours en prison).
- L’expulsion d’une maison appartenant à la mairie par plus de 40 policiers fin Février, remettant ainsi à la rue deux familles et des personnes seul-es sans possibilité de récupérer leurs affaires, sans aucune prise en charge hôtelière par la préfecture, alors même que le service social de la mairie avait affirmer quelques jours plutôt qu’il avertirait de l’expulsion.
- Des refus d’entrées sur le territoire français à l’aéroport de Toulouse-Blagnac alors que toutes les conditions étaient réunies pour séjourner en France légalement.
- Les propriétaires recrutant en vain des équipes de vigiles pour remettre à la rue des habitant-es de maisons réquisitionnées.
- Le bailleur social d’Habitat-Toulouse (en lien avec la Mairie) ment en promettant de trouver des solutions de logement et de prévenir de l’avancement de la procédure d’expulsion tout en envoyant l’huissier expulser les habitant-es.
- Des camarades proches de la CREA sont actuellement détenu-es en Grêce, arreté-es alors qu’ils et elles essayaient de rentrer en France suite à leurs expulsions du territoire. Autre cas en Suède, une personne est actuellement détenue à la suite de la négligence de l’État français dans le cadre d’une procédure de demande d’asile politique.
Cette liste n’est qu’un court exemple de faits qui sortent de l’ordinaire et de la galère quotidienne.
Côte-à-côte, nous sommes ensemble dans ce combat pour survivre dignement, avec toutes les autres personnes à la rue, dans les campements, expulsé-es, avec tous les habitant et habitantes de toutes les maisons réquisitionnées, de tous les foyers, de tous les CADA, de tous les hôtels...
Malgré l’acharnement répressif, nous sommes encore et toujours là. Comme nous l’avons toujours dit haut et fort, nous ne disparaitrons pas. Nous espérons que demain, enfin, nous saurons mettre un terme à la guerre que l’État mène contre nous.
Tout pour tou-tes !
Pouvoir au peuple !
La Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion – Toulouse
Le 14 Mars 2019.
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