Nous étudiant-e-s, enseignant-e-s, enseignant-e-s chercheurs - ses, réuni-e-s à une centaine le 18 octobre à l’université du Mirail (« Jean Jaurès »), à la suite de la tribune « Quand tout acte contestataire peut être qualifié de "terrorisme" » (voir Libération du 5 octobre 2016) signée par plusieurs centaines d’universitaires à l’occasion de l’agression policière subie par Guillaume Vadot, et du meeting à Paris 1 Tolbiac du 6 octobre contre les violences policières, le racisme et l’islamophobie, nous joignons à la dénonciation de ces derniers, et exprimons notre entière solidarité à toutes celles et ceux qui en sont victimes.
Nous condamnons la politique autoritaire et l’attaque des droits démocratiques, de s’exprimer, de manifester, ou en encore de faire grève, qui se sont intensifiées depuis 2015 au nom de la « lutte contre le terrorisme » et sous couvert d’état d’urgence. Elles ont brutalement sévi au printemps en particulier contre la jeunesse mobilisée contre la loi Travail, mais aussi les travailleur.euses et syndicalistes en lutte, incarnation d’une logique politique combinant destruction des conditions du travail tant privé que public et criminalisation des résistances qui s’y opposent (dont les procès des Air France et des GoodYear sont une illustration emblématique). Et ce faisant elles poursuivent et accentuent, fruit de la tradition coloniale et néocoloniale de la République, une ségrégation et un encasernement violents ancrés de longue date, longue liste de « bavures » et de morts à l’appui, des personnes racisées et des habitant-e-s des quartiers populaires. Ce dont actuellement les migrant-e-s, de Calais et d’ailleurs, font également les frais. Dans le même temps, le gouvernement a réaffirmé sa ferme intention d’expulser la ZAD de Notre Dame des Landes, prévoyant pour ce faire le déploiement de 2500 à 3000 policiers sur la zone... Jusqu’où cela ira-t -il ?
Nous ne céderons pas aux menaces, ni mise sous tutelle ni muselage, que les plus hauts sommets de l’État font de plus en plus planer sur l’université, et condamnons l’interdiction du meeting sur les violences policières qui devait se tenir à l’université d’Evry (Essonne) ce lundi 17 octobre. Il s’agit d’une atteinte intolérable à la liberté de penser et de s’exprimer. Nous appelons en ce sens toutes celles et ceux, étudiant-e-s, travailleurs - s - es enseignant-e-s, chercheur - s e - s, administratif - ve - s, des universités de France, à rompre le silence et à se coordonner afin que ce genre de pression ne puisse plus avoir droit de cité. Nous ne devons pas abdiquer notre liberté de penser, d’analyser, de produire des savoirs critiques. Nous devons au contraire les exercer tou - te - s ensemble plus que jamais et les mettre au service, dans l’université et au - dehors, de la compréhension partagée la plus intransigeante de ces mécanismes iniques, des conditions sociales qui les rendent possibl es aux institutions, police et justice en premier lieu, qui les incarnent. Pour cela, nous devons faire en sorte de pouvoir nous réunir publiquement sur ces questions à chaque fois que nous le jugerons utile.
Nous nous réunirons de nouveau au Mirail pour commencer à concrétiser ces perspectives le 8 novembre prochain. Sur Toulouse – qui avait servi de laboratoire à une répression policière et judiciaire d’ampleur au cours du mouvement qui avait surgi, au Mirail tout particulièrement, suite au meurtre de Rémi Fraisse à Sivens il y a tout juste deux ans – nous souhaitons contribuer à construire le dialogue le plus convergent possible. Nous pensons qu’une rencontre dans un proche avenir entre les organisations syndicales, politiques, les associations de quartiers, les collectifs antiracistes, les collectifs contre la répression, de la ville, et toutes celles et ceux qui souhaitent s’associer, serait un grand pas en avant pour avancer sur les moyens de faire front ensemble sur ces questions majeures dès aujourd’hui, et qui risquent fort d’être encore plus aiguës demain.
Le 25 octobre 2016
Texte reçu par mail du Collectif Auto Média étudiant
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