Bien que l’occupation se déroulait tranquillement, la directrice de l’agence refusa de répondre aux questions et appela immédiatement la gendarmerie. Quel ne fut pas leur étonnement lorsque les occupants découvrirent, trônant au dessus de la machine à café, une banderole contre le projet – celle-ci visible dans la commune de Camarade avait disparu depuis peu… Interrogée à ce sujet, la directrice parla d’un « trophée ». Au bout d’une heure et demi, elle daigna recevoir une délégation sous le regard protecteur du brigadier-chef. Ils sortirent ensuite, calmes et déterminés, en présence d’une vingtaine de gendarmes.
Voici le communiqué :
EDF, merci pour l’étude, dégage !
Nous, habitants de Camarade, d’Ariège et d’ailleurs, venons vous rendre visite aujourd’hui dans vos locaux. Nous n’avons pas pris rendez-vous, nous sommes entrés sans frapper, un peu comme vous l’avez fait en 2007 à Camarade en posant votre mât de mesure du vent. Ce n’est qu’en juin 2013 que nous avons découvert qu’il s’agissait d’un projet d’implantation de quatre à six éoliennes de 140 mètres de haut. Une fois de plus, les habitants sont les derniers au courant. Vous nous méprisez et nous réduisez à un vulgaire facteur humain dans une étude d’impact. Que les choses soient claires, nous ne sommes pas dans vos bureaux aujourd’hui pour négocier quoi que ce soit : ni la longueur des pales, ni un quota d’oiseaux morts chaque année, ni même la date de votre prochaine réunion publique. Nous ne voulons pas non plus d’éoliennes moins bruyantes ou plus discrètes dans le paysage. Nous ne sommes pas venus chercher une quelconque compensation à l’installation de vos engins, comme vous l’avez récemment proposé à un habitant de Camarade. Nous n’acceptons ni argent, ni emploi, ni ticket pour le stade toulousain. Pour être tout à fait francs, nous souhaitons juste que vous dégagiez. On ne comprend pas ce qui vous retient. Une association locale d’une centaine d’adhérents, En avant camarade, s’est constituée contre le projet ; l’association des chasseurs de Camarade (ACCA) s’y oppose fermement ; la Mairie vous demande de retirer le projet ; la communauté de communes et le parc naturel régional (PNR) se sont prononcés contre. Il est vrai que depuis la loi Brottes, vous n’avez plus besoin d’écouter tous ces gens pour déposer un permis de construire, la Préfecture étant votre seul interlocuteur.
Néanmoins, vous allez devoir compter avec nous.
Contrairement à ce que vous voulez nous faire croire, ce type de projet n’a pas pour but la sortie du nucléaire ou le sauvetage de la planète. Nous subissons depuis trop longtemps une politique nucléaire dévastatrice et il n’est pas prévu que ça change, même après un accident aussi grave que celui de Fukushima au Japon. L’Etat français prolonge la durée de vie des centrales et vient d’annoncer un programme de construction de réacteurs EPR pour remplacer ceux des centrales les plus vieilles. Les énergies dites renouvelables ne font que s’ajouter au nucléaire. Comme le soleil ou la marée, le vent est aujourd’hui réquisitionné et transformé en « gisement éolien » à valoriser et à exploiter. Il s’agit de produire et de vendre toujours plus de cette marchandise énergie. D’autant que celle qualifiée de renouvelable est dotée du pouvoir magique de générer de colossales subventions d’Etat à l’investissement. Au passage, ces nouvelles énergies produisent aussi des crédits carbone qui se vendent sur un marché international du droit à polluer. Bref, on comprend votre enthousiasme.
Quant à vos méthodes, nous savons que vous ne reculez devant rien. A Camarade, vous avez réussi à obtenir l’accord d’un propriétaire mort depuis cent ans. Chapeau bas !
Au sud du Mexique, dans l’isthme de Tehuantepec, vous participez à la construction et à la gestion d’un gigantesque parc de plus de 4000 éoliennes. Vous n’hésitez pas à payer des paramilitaires et à acheter les élus locaux pour terroriser les habitants qui résistent au projet. EDF, c’est énergies nouvelles et vieilles combines. Comme elles sont sales, vos énergies propres !
Nous ne voulons pas de votre parc éolien, ni à Camarade, ni ailleurs.
Le mouvement de libération de la parcelle A851
Les facteurs humains et animaux de l’étude d’impact
La bande à Banos*
dans les bureaux d’EDF énergies nouvelles, Toulouse, le 25 Février 2014
*EDF énergies nouvelles déclare avoir obtenu l’accord de Paul Banos, propriétaire de
la parcelle A851 sur laquelle est implanté le mât de mesure du vent. Il se trouve
qu’il est mort en 1921…
complements article