"Il n’y a pas trop d’étudiant.e.s il n’y a pas assez de moyens", les précaires de l’université du Mirail en lutte

La lutte en cours sur l’université du Mirail contre la fusion des campus toulousains et la loi ORE est largement suivie par les personnels. S’y ajoute les revendications des enseignant.e.s/chercheur.e.s précaires qui ont constuit le mois dernier une cabane sous le préau pour visibiliser leur situation.

Ce mardi 13 mars à l’université du Mirail, près de 2000 personnes, étudiant·es et personnels mobilisées contre le projet de fusion des universités toulousaines et contre la loi ORE, étaient réunies en assemblée générale. Parmi les décisions prises à cette occasion, l’assemblée a voté massivement pour soutenir les points suivants visant à poser les bases d’un plan de lutte contre la précarité :

1 – La contractualisation des travailleurs : une réflexion sur une politique de contractualisation doit être entamée afin de stabiliser les situations de travail, avec une attention à ce que ces contrats ne créent pas une sous-catégorie de personnel. Un exemple à suivre serait le modèle des contrats d’ATER.

2 – Réorganisation du traitement administratif : de la même façon, les conditions de versement du chômage, systématiquement payé avec un retard de plusieurs mois, doivent changer. Le traitement administratif du personnel précaire, de l’embauche à la paie, doit être amélioré et sécurisé. Récemment ce sont encore plus de 200 personnes qui ont connu des retards insupportables sur leur paiement.

3 – La visibilisation de nos conditions de travail : enfin, la précarité ne doit plus être invisible. Les chiffres de la précarité doivent être publiés au bilan social de l’université et nous devons avoir un local permanent pour nous organiser.

Cette motion a pour but de visibiliser les leviers locaux de lutte contre la précarisation du travail à l’université. Nous restons convaincu·es que seul plus de moyens pour les universités leur permettront de fonctionner de manière satisfaisante en accueillant toutes celles et ceux qui le souhaitent. En clair, nous restons mobilisé·es pour la titularisation des précaires, et la création massive de poste reste au centre de nos revendications.

Pour info un tract récent du collectif des travailleurs et travaileuses précaires du Mirail, plus d’info ici.

Nous sommes enseignant.e.s, chercheur.e.s, en situation de précarité. Nous sommes les variables d’ajustement du retrait massif des financements publics dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR). Avec près de 2000 vacataires à l’université du Mirail, quels laboratoires, quelles formations pourraient à l’heure actuelle fonctionner sans personnel précaire ? C’est le symptôme d’une mise en faillite de l’Université, par un refus d’investissement à la hauteur de la nécessité. Depuis des années la précarité massive maintient l’illusion d’une université qui fonctionne à bas coût. Dans le même temps les personnels ont été mis sous tension, toutes catégories confondues, avec une hausse de la charge de travail et une dégradation des conditions de celui-ci.
Voilà des années que les effectifs vont croissants et que rien n’est fait pour relever le défi, et profiter de la chance d’une Université de masse.

Le projet de fusion des universités UT2 et UT3 et la sélection qu’induit Parcoursup nous préparent une université clivée, avec des filières d’études et des programmes de recherches hiérarchisés : les financements se concentreront sur quelques-uns quand la majorité aura toujours moins de moyens !
C’est le devenir de nos métiers d’enseignant.e.s et chercheur.e.s qui est menacé et l’Université elle-même dans ses fonctions de lieu de production et de partage de savoirs, mais aussi d’espace social de création et de rencontres.
L’orientation est un mythe. Il n’existe pas de formule magique permettant de savoir ce à quoi un élève de lycée est destiné. Les filières qui prétendent se baser sur des critères qualitatifs se mentent sur la réalité du processus à l’oeuvre. La sélection à l’entrée des filières n’apporte pas des élèves meilleurs, ni plus motivés, encore moins davantage de moyens. Seule une politique forte d’investissement de l’Etat dans l’éductaion et l’ESR pourra apporter à l’université les moyens nécessaires pour remplir ses missions !
L’excellence est une arnaque. Cette notion n’est qu’une vaste fumisterie qui ne parvient pas à masquer sa cruelle réalité : les rapports de pouvoir entre chercheur.e.s, laboratoires et universités pour se partager les maigres ressources.

S’il est plus qu’urgent de lutter aujourd’hui contre ces deux projets, il convient aussi de dire que leur retrait ne suffira pas. La situation dans laquelle nous sommes est depuis longtemps intolérable, l’université maltraite et précarise toujours plus ses travailleur.ses. Nous sommes payés 4 fois moins que nos collègues fonctionnaires, les conditions d’embauche se durcissent, les tracasseries administratives s’accumulent : non-paiement, embauche refusée au dernier moment, incertitudes, etc.

Nous voulons sortir de l’invisibilité, nous en avons plus que marre d’être des fantômes, d’être en transit. L’université carbure aux précaires, prenons-en acte. Dans les départements, dans les UFR, dans les laboratoires nous attendons des actions concrètes en direction du personnel précaire.

Nous demandons un espace pérenne pour se rencontrer, s’organiser et être visible sur le campus du Mirail.

Nous voulons des moyens pour :

DES CREATIONS DE POSTES !

* Nous demandons des ouvertures de postes d’enseignant.e.s chercheur.e.s
Alors que les besoins en enseignement et en recherche ne cessent d’augmenter, alors que les accumulations d’heures supplémentaires se développent, il est nécessaire d’ouvrir des postes pérennes.
* Nous demandons la création de CDU, de postes d’ATER et de demi-ATER

LA FIN AU SCANDALE DES VACATIONS !

*Nous demandons que les vacataires deviennent des agents contractuels de l’Université avec les droits associés à ce type de contrats : revalorisation du taux horaire des heures de cours, rémunération des tâches annexes, paiement mensuel !
Les paiements effectués des mois après la dispense des cours n’est pas acceptable !
* Nous dénonçons les conditions ubuesques d’embauche des vacataires (900 heures de travail salarié, 300 heures d’enseignement hors université ou 365 jours d’ARE) et demandons à ce que l’UT2J engage de réelles transformations de ce statut.
Ces conditions légales de recrutement poussent à des contournements de la règle qui ne font que renforcer la précarité. Elles ne correspondent ni à la réalité des besoins pédagogiques de l’Université, ni à la réalité économique des personnes embauchées. Nous demandons la création de CDD ouverts à toute personne ayant les compétences requises, sans ce type de conditions qui ne servent qu’à diminuer les salaires et les frais de gestion.
*Nous demandons que toute heure de travail soit rémunérée
Les chargé.e.s de cours sont rémunéré.e.s à l’heure et ils doivent effectuer gratuitement des heures complémentaires (surveillance des examens de contrôle continu et contrôle terminal, réunions pédagogiques, suivi des étudiant.e.s, etc.). De plus, il n’est pas rare que des chargé.e.s de cours ne soient pas payé.e.s pour des heures effectuées (contrats invalidés après le début des cours, oublis ou non comptabilisation, etc). L’engagement pédagogique des personnels précaires doit être reconnu par la réalisation de réunions pédagogiques rémunéré.e.s et systématiques.

DES CONDITIONS DE TRAVAIL DIGNES !

*Concernant le versement de l’Allocation de Retour à l’Emploi, nous demandons : une continuité de paiement entre la fin du contrat et le paiement des droits au chômage ou la rétroactivité des droits et non pas le décalage de leur paiement.
* Nous dénonçons les inégalités salariales dans le cadre du recours aux « CDD recherches ». Alors que certain.e.s sont rémunéré.e.s selon les grilles salariales en vigueur (docteur.e.s = ingénieur.e.s de recherche), d’autres docteur.e.s sont rémunéré.e.s comme des ingénieur.e.s d’études afin de pouvoir prolonger la durée des services rendus au laboratoire. Les laboratoires préfèrent rémunérer moins pour garder les ressources plus longtemps.
* Nous demandons l’exonération des frais d’inscription (hors sécurité sociale) pour tous.te.s les étudiant.e.s enseignant.e.s vacataires, ATER, CDU, etc. qui exercent un travail à l’Université.

Pour sortir définitivement de cette précarisation, nous demandons enfin un engagement vers la TITULARISATION de TOUTES ET TOUS LES PRÉCAIRES sur poste de fonctionnaire par l’ouverture des concours de la fonction publique à la hauteur de la résorption totale de tous les précaires de l’ESR.

precaires.mirail@gmail.com

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