Coronaval masqué ariégeois

Nos corps confinés cherchent à retrouver le rythme des instrus qui lui font taper du pied. Nos corps bloqués pendant 55 jours attendent leurs complices avec lesquels ils partagent un gilet et quelques slogans. Nos corps fatigués réclament « laissez moi danser » de Dalida et de pouvoir crier malgré les masques.
RDV vendredi 22 mai à 17H sur les allées Vilotte à Foix pour défiler déguisées.

Au début du XIXe siècle, l’Ariège compte 44 forges sur lesquelles reposent l’industrialisation encore naissante dans nos vallées. C’est le début de la « révolution industrielle ». Celle-ci apporte une idée et une vision du monde incompatible avec les organisations villageoises d’alors. Les forges ont besoin de grandes quantités de charbon de bois. On édicte donc un Code Forestier interdisant notamment le ramassage du bois mort ou la pâture, pratiques pourtant vitales pour les communautés. Des pans de la société se retrouvent menacés : les sans rien, les bergers, les paysans sans terre.

Pourtant cette offensive du pouvoir central naissant ne s’est pas faite sans accroc. Ainsi va de « la guerre des demoiselles » qui agita les vallées ariégeoises entre 1829 et 1872. Les insurgés d’alors qui s’en prenaient aux maîtres des forges, aux gardes forestiers, aux notables et aux bourgeois, ont privilégié une approche carnavalesque pour ne pas être identifiés. Ils se couvraient d’une ample chemise de femme, se grimaient le visage et arboraient des masques fait de peau de renard. La résistance s’exprima entre autres en continuant à pratiquer des activités usuelles malgré leur interdiction progressive. Fréquemment, ils organisaient de grandes fêtes, charivaris et carnavals.

En 2020, toujours en Ariège, un virus vient bouleverser nos imaginaires, nos manières de se rencontrer et de s’organiser. L’État humilie à tour de rôle les hôpitaux, les services publics, les pauvres.
Entre couacs et crise, il n’instaure que répression, dans un langage infantilisant, nous plongeant dans un monde où nos déplacements, notre sociabilité sont paramétrés par l’autorité. Sous couvert d’état d’urgence sanitaire, le gouvernement nous gave de préceptes sécuritaires. Il achète allègrement drones et gaz lacrymogènes alors qu’il traîne sur les masques. Des pans de la société se retrouve menacé : les sans rien. En 2020 les forges ne sont plus que des attractions touristiques désertes et nous avons encore quelques forêts dans nos vallées, mais les banques sont sauvées avant les vies. Les tristes schémas perdurent, le capital est violemment imposé.

Par des lois, des décrets, des ordonnances, des attestations et des contrôles, ils cherchent à éduquer et contrôler nos corps. Alors que nos corps ne demandent qu’à danser !
Nos corps confinés cherchent à retrouver le rythme des instrus qui lui font taper du pied. Nos corps bloqués pendant 55 jours attendent leurs complices avec lesquels ils partagent un gilet et quelques slogans. Nos corps fatigués réclament « laissez moi danser » de Dalida et de pouvoir crier malgré les
masques.

Fêter ensemble ne veut pas dire être inconscient. Il est possible d’adopter entre nous des attitudes et des pratiques sanitaires qui nous protègent. Aucun ministère n’a encore sorti un guide pratique discorona et nous ne le ferons pas non plus. Libre à chacune de venir protégée comme elle le sent.
La bienveillance est la clé de voûte de cette fête, pas de slow sans consentement.

Alors ramène ton gobelet, ton plus beau costume de carnaval, ton sourire sous ton masque, tes gants, ta visière, tes confettis, ton porte voix ou tout ce que tu veux pour faire la fête.
RDV vendredi 22 mai à 17H sur les allées Vilotte pour défiler déguisées.

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