En silence, sans interférence - Nouvelles de l’HP 5

L’HP c’est aussi…

… des moments tellement indescriptibles. Mais tellement. Des moments de solidarités rares. Précieux. C’est des chutes de tensions. C’est beaucoup d’attentions. C’est des éclats de rire. Des boums improvisées, à se faire engueuler par l’infirmière. Mais on s’en fiche on est en surnombre si on veut on mutine. C’est des traffics de bouffe, des courses faites en cachette. Des tentatives loupées de faire rentrer de la tiz’. Des envies de prendre d’asso la cachetonnerie. C’est des discussions à te foutre les larmes aux yeux. Des frissons et aussi tellement d’énergie. C’est des regards. C’est dire à l’autre pour aussi se le dire à soi. C’est la peur de l’OD, de la trop grosse chute de tension, de l’accident. Parce qu’à l’HP mine de rien on s’attache. A tout s’est ratés du coeur, éccorchés d’la vie. Trop à vif. Trop en vie pour vraiment la quitter. C’est des acharnées, des guerrières. C’est des sourires, et des fous rires. C’est fou, en fait. Toute la vie qu’il y a ici. La vie derrière la mort. La lumière derrière les barreaux. Encore. Cette envie de vivre. Niquer la mort.

Et ça renforce. Ça donne envie de s’accrocher, j’te jure.

L’HP … C’est aussi soulever pleins de tabous. Alors je me retrouve avec mes copines. Mes nouvelles copines de l’HP a dire sans dire, à nommer quand on le peut, à se soutenir mutuellement. Même dans les silences. C’est savoir quand que l’autre ait besoin de dire. C’est comprendre les réactions. Parce qu’on a toutes subis à un moment un truc dégueux. Et de réaliser ça de nouveau ici, j’en ai mal au cœur. Et en même temps j’ai envie de partager la force qu’on m’a donné. J’ai envie de partager toute la cefor que les plus hardcores des féministes hardcores m’ont donné. J’ai envie qu’on arrête de se rouler dans la merde en pensant que c’est tout ce qu’on mérite. Qu’on arrête de se tourner vers toutes ces personnes qui nous piétine le corps et le coeur.

L’HP… C’est un gros relou qu’on arrive à remettre à sa place, et qui finit à se barrer de lui-même. Oui, oui, il a fait son sac et il est parti. Chose, qui soit dit en passant ne se fait toujours pas dans le plus beau des middle. Oyé middle oyé. Reconnaissez-vous les planqués qui n’ont pas assumé. Même si la fuite reste toujours la plus lâche des réponses… au moins nous voilà tranquilles. Moins apeurées, dégoûtées par ses regards libidineux et gestes envahissants. Avant nous avons eu le droit à l’éternel « Ouin ouin » du mec-cis-hétéro dans toute sa splendeur. « C’était pas méchant, je suis gentil... ma femme est morte… » Mais en fait t’es qu’un connard de gros dégueulasse et on te veut pas ici !
Alors forcement, ça fait remonter des trucs, ça fait pas du bien par où ça passe. Mais ça passe et ça crée des liens. Ça rend fortes. Ça déterre même les non-dits. Et on en parle entre nous. On se soutient. Et ça, ça n’a pas de prix.

C’est toutes ces personnes victimes de violences qui ont cette étincelle. Cette lueur. Qui ont ce je ne sais-quoi qui font qu’elles envoient valser la mort. Elles s’accrochent à la vie. Même sans bras, sans réelle emprise. Avec trois fois rien, juste pour ne pas crever. Et on est là ensemble à se raconter nos vies. Tranquillement. C’est même parfois pas morbide. C’est juste nos vies. La vie et sa violence. A base de viols, inceste, violeences conjugales, drogues. A base de maltraitance et d’errances.
Tout ne tient des fois réellement qu’à un fil. Un tout petit fil. Et ensemble on tente de le saisir. D’échanger nos techniques, ou juste simplement se dire qu’on n’est pas seule.

Et purée, je commence à l’aimer ce groupe. Je m’étais pas préparer à ça. Je m’attache alors que j’avais prévu d’être retranchée dans ma carapace. Loupée. C’est peut-être qu’il me reste un peu de cœur dans toute cette rancoeur. C’est peut-être que les connards qui sont passés avant n’ont pas tout pris. J’espère. Parce que c’est précieux tout ce qu’il se passe ici. C’est tellement précieux. Les mots me manquent. J’pense que c’est ce genre d’expériences qui doivent se vivrent pour être comprises.

J’vous aime bande de fous. J’aime vos décalages, vos blessures, vos félures. J’aime vos mots de travers, vos maux qui vous font aller de travers. J’aime vos rires, vos sourires et même vos larmes. J’aime vos silences. J’aime vos cicatrices, vos remarques. Votre « marginalité » qu’ils disent. J’aime votre façon que resquiller la vie. J’aime cette façon que vous avez de la croquer. Merci de m’avoir permis d’aimer encore.

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