22 novembre, une manifestation réussie malgré l’interdiction

Malgré un nouveau déploiement de force impressionnant, une campagne de dénigrement et d’intimidation et, nouveauté, une tentative de diversion par les organisations de gauches, la manifestation contre les violences policières a eu lieu. Bref compte rendus à chaud.

Des moyens de nous faire taire

Le parti de l’ordre n’a encore une fois pas hésiter à utiliser tous les moyens pour empêcher l’expression du refus des violences policières dans les rues de Toulouse.

  • Une campagne d’intimidation mêlant les menaces de violences étatiques si l’on osait se rendre sur le lieu d’un rendez-vous interdit et l’agitation d’une menaces qui viendrait de personnes violentes, extérieures à toute revendication qui viendrait casser nos jolies manifestations paisibles. La manifestation féministe a été directement la cible de ce genre de menace. On a aussi entendu des rumeurs de rassemblement de groupe fasciste relayé de ci de là. Le message était clair si vous ne sortez par pour faire des courses, restez chez vous.
  • Une manifestation organisée par les organisations de gauches qui en appelant à un autre moment et sur un autre lieux entérinait la distinction entre les bons manifestant.e.s et les méchant.e.s casseurs et casseuses. Un représentant de la FSU a même voulu rassurer les commerçants toulousains en leur assurant que les manifestant.e.s allaient ensuite faire des courses ce qui ne manquerait pas de leur être profitable.
  • Enfin bien sur un dispositif de maintien de l’ordre impressionnant installé dès le matin pour poser une ambiance de tension. Hélicoptère survolant la ville, convois de camions de flics traversant la ville sirènes hurlantes, pour à l’heure H du jour J encercler les manifestant.e.s qui avaient osé se rendre sur le lieu de rendez-vous.

Dès le matin un canon à eau est amené sur place... De mémoire de toulousain on a pas vus ça depuis les années 70...

Une détermination sans faille

Encore une fois ça n’a pas fonctionné. Nous étions tout aussi nombreuses que 15 jours auparavant pour dénoncer les violences policières. Il est vrai que cette ville a connu coup sur coup deux assassinats policiers à moins de dix jours d’intervalles. Si la mort d’un jeune lors d’un braquage n’avait alors pas beaucoup mobilisé, l’assassinat d’un manifestant au Testet à raviver immédiatement cette mémoire. Bref, les violences policières sont quelques chose de présent dans les têtes.
Alors que la manifestation du matin n’avait été qu’une promenade de drapeaux rassemblant 300 à 400 personnes, la manifestation interdite rassemble un cortège hétéroclite de plus de 1000 personnes [1].

Et oui malgré l’interdiction c’est bien un cortège qui se forme et qui s’ébranle vers la seule porte de sortie laissée libre par les forces de l’ordre, le pont neuf. Visiblement le préfet a décidé de protéger coûte que coûte le centre ville. Faut-il encore démontrer que la police défend l’ordre et l’exploitation ? Que l’ordre public est celui des marchands et des patrons ?
Avoir réussi à former un cortège malgré toutes cette pression et avoir formé une manifestation nombreuses et déterminées en dehors de toutes organisations centralisées est une vraie réussite. Le fait que les forces de l’ordre ait réussi à nous sortir du centre ville rajoute une touche sombre qui ne doit pas nous faire bouder notre plaisir.

Révolte rive gauche

Une fois passé le pont neuf, à Saint Cyprien, la police nous a bloqué sur le rond point et ne nous laisse pas remonter les allées Charles de Fitte. La tentative de passage en force a été l’occasion pour certains membre de la BAC [2] d’infiltrer le cortège, juste avant les premiers gazages et matraquages.
Sur le chemin de patte d’oie, quelques "non-violents" agressent celleux qui s’en prennent aux banques, pubs et horodateurs. Des discussions pas forcément sereines ont lieu dans la manifestation sur les questions de la crédibilité, de l’autodéfense et de la violence. On ne peut que se réjouir que des débats aient lieu à la base sur les stratégies à adopter pour que ce mouvement progresse. Toujours est-il que plusieurs fois les forces de l’ordre ont été en difficulté reculant même par deux fois devant la détermination des manifestant.e.s.
Ne pouvant pas passer par les allées Charles de Fitte, à peu près 300 personnes se déplacent jusqu’à patte d’oie, puis rejoignent la rue des fontaines pour rejoindre la place du ravelin et st cyp à nouveau. Toutes les banques, les DAB et autres pubs porteront les traces du passage du cortège, sans oublier une boutique de voitures de luxe... Un fourgon de CRS est sérieusement amoché, le mobilier urbain utilisé pour ralentir l’arrivé des forces de l’ordre, la BAC et les CRS n’arrivent pas à arrêter ou à ralentir les gens, leur seule attaque est à base de lacrymogènes.
Le cortège se déplace en fonction des passages laissés libres par les forces de l’ordre, et finit par repasser par Saint Cyprien et remonter cette fois Charles de Fitte vers le Fer à Cheval. L’antenne de la police nationale de Saint Cyprien n’a pas tellement apprécié d’être la cible de la colère des manifestant.e.s. La manifestation a continué à se disperser dans des escarmouches jusqu’à l’avenue de Muret. C’est visiblement à ce moment là que la plupart des arrestations ont eu lieu voir le fil d’info de la légal team.

Le centre ville marchand n’est pas déserté par la protestation

Le dispositif de nasse n’a pas tenté tout le monde. Certain.e ont formé un cortège dynamique et joyeux dans le centre ville du coup libéré de la présence policière.
Au cris de "qui sommes nous ? des casseurs ; qu’est-ce qu’on fait ? une manif" Ilelles ont déambulé derrière une banderoles "127 morts depuis l’an 2000 la police fait son travail" dans l’hyper centre commercial de Toulouse. Distribution de tract, explication aux passant.e.s, chants... cela a permis que malgré la pression policière cette espace ne soit pas complétement dévolu à la marchandise.

En début de soirée des personnes ayant réussis à revenir sur St pierre ont formé un nouveau cortège qui a remonté les rues passantes du centre ville au cris de " la police mutile, la police assassine."

Voilà prêt d’un mois que nous manifestons sans demander l’autorisation de personne. Les interdictions ne font que renforcer la détermination de tous et toutes à tenir la rue. Alors que l’université semble s’organiser, que des grèves et des manifestations se préparent dans divers secteurs on se prend à rêver d’un mouvement social...

P.-S.

Les photos qui ne sont pas floutées sont issues du net.

Notes

[1La bataille des chiffres n’est pas intéressante mais il est important de souligner que des membres de ces organisations ont préféré venir l’après midi ou faire les deux plutôt que de cautionner la désolidarisation de leurs directions.

[2Brigade Anti Criminalité, flic engagé pour le goût de la cogne, agressif, méchant et souvent impliqué dans des violences allant jusqu’à la mort. La dernière victime étant Thimoté Lake

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