Face à la crise sanitaire, organisons-nous dans les quartiers populaires !

Ce que cette crise sanitaire actuelle vient rendre plus visible et criant pour ceux d’en haut, nous le connaissons que trop bien. Les mesures d’état d’urgence qui l’accompagne et, ici à Toulouse, les menaces répétées de son maire Jean-Luc Moudenc concernant l’instauration d’un couvre-feu, mettent une fois de plus en évidence la différence de traitement imposée aux quartiers populaires et à leurs habitant.e.s. Rien d’exceptionnel dans ce cadre légal d’exception : ce sont toujours les mêmes qui, à l’ombre et sans applaudissements, triment, raclent et ramassent. Dans cette crise comme dans nos vies quotidiennes et nos révoltes, tout le monde n’a pas les mêmes choses à perdre et n’encourt pas les mêmes risques.

Nos proches, celles et ceux que nous aimons, triment, sont mises et mis en danger, tombent malade et/ou meurent sur les chantiers, dans les usines, les entrepôts, sur les routes, aux caisses des supermarchés, dans les services nettoyages des hôpitaux et des hôtels. La continuité de leur travail est imposée par les puissants car il serait, de leur propre aveux, « indispensable au fonctionnement du pays ». « Indispensable » signifie surtout permettre aux autres d’assurer leur privilège de sécurité sanitaire. Ils et elles triment pour maintenir debout leurs familles dans des appartements exigus et dégradés, en haut des tours et des barres d’immeubles. Certain-e-s s’exposent en permanence en soignant les malades, en livrant pizzas et burgers, en distribuant le courrier, en ramassant les poubelles, etc. D’autres se font amender, insulter, humilier, gazer, tabasser et même heurter par les véhicules motorisés des forces de police. Les enfants qui restent à la maison galèrent pour le suivi scolaire. Les proches qui sont enfermés en prison sont exposés sans protection, se font tabasser par les Eris lorsque des révoltes éclatent, n’ont plus la possibilité de cantiner, de sortir en promenade, de voir les leurs aux parloirs... La liste de celles et ceux que l’Etat est prêt à sacrifier est longue. Tout comme celle des peines et les labeurs lissés dans l’invisible, et qui n’emporteront aucune reconnaissance. Sauf la nôtre. C’est cela nos vies à nous, non-blanc-he-s, basané-e-s, racisé-e-s, banlieusard-e-s, immigré-e-s, habitant-e-s de quartiers, issu-e-s des classes populaires.

Alors crise ou pas crise, « héro.ines » sacrifié-es du moment ou oublié-es de demain, ce qui nous semble important à l’heure actuelle et pour la suite, c’est de se lier et de se connecter, c’est de veiller les un.es sur les autres et de prendre soin de nous, c’est de produire notre vérité et de prendre en charge notre dignité.

Pour contribuer à cela, il nous semble important par exemple d’assurer une veille durant la durée de l’état d’urgence. Faisons circuler nos témoignages, nos signalements, nos images, nos vidéos. Soyons en alerte sur les différentes interventions et procédures policières et judiciaires dans nos quartiers (PV, amendes, gardes à vue, convocations...), sur les haggra policières qui les accompagnent, sur les contrôles de police ciblés comme en ce moment à Arnaud Bernard aux abords de la Case de Santé. Faisons aussi circuler nos droits de retrait déclenchés, nos préavis de grèves posés, nos luttes menées dans nos boites respectives. Dans le quotidien de nos vies et de nos galères, c’est aussi faire face aux loyers et factures impayés, à nos débrouilles habituelles qui ne marchent plus, aux démarches pour les mesures particulières durant l’épidémie, aux procédures d’expulsion, aux besoins alimentaires minimums, aux dépenses pour les enfants, etc.

De tout cela, soyons attentives et attentifs, faisons circuler l’info et les bons plans. Mettons en avant nos initiatives et nos entraides de quartiers, valorisons nos prises en charges collectives. Rassemblons nos forces, ne laissons personne isolé.e et organisons-nous !

Pour participer à cela, nous mettons à disposition nos différents canaux de communication pour relayer l’information et nous soutenir mutuellement :

Comité Vérité & Justice 31

P.-S.

Illustration : tableau de l’artiste Nigériane Joy Labinjo.

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