Dans des lettres aux riverains des quartiers de Sept Deniers et Ginestous en septembre dernier « concernant le démantèlement des campements illicites », la mairie « se réjouissait » de l’expulsion de centaines de personnes qui vivaient là depuis des années.
Supprimer les bidonvilles… mais pour quoi ?
A la rubrique « sécurité » de son document de publicité, « 2014-2017, 3 ans de progrès à Toulouse », envoyé à toute la population toulousaine, la mairie récidivait en mettant en avant la « suppression des bidonvilles ! », aux côtés de fanfaronnades sur l’augmentation du nombre de flics et de caméras de surveillance. Ce choix annonce clairement la dimension sécuritaire de ces expulsions, loin des discours de façade qui s’inquiètent des conditions de vie des personnes qui vivaient dans ces camps ; alors que durant les années rien n’a jamais été fait pour améliorer la situation de ces familles.
Des associatifs qui sont restés en contact avec les Rroms et gens du voyage ont recueilli les témoignages de personnes qui disent avoir été intimidées par la police plusieurs jours avant les expulsions : elles ont été incités à partir sans être forcément informées des possibilités de relogement. Par ailleurs, plusieurs personnes ont été relogées dans des conditions insalubres.
L’opération de relogement dont se vante la mairie dans les médias est en fait une politique du fait accompli ou les personnes sont poussées à accepter ce qu’on leur impose sans broncher, sans quoi elles doivent « dégager ». La mairie se vante d’avoir relogé dans des « lieux diffus » brisant ainsi le lien social et collectif que ces centaines de personnes avaient construit au fil des ans. Elles ne peuvent choisir avec qui elles habitent, elles subissent des contrôles à 7h du matin pour vérifier qu’elles n’hébergent pas d’autres personnes, elles doivent se plier à de nombreuses obligations administratives, ne pas s’absenter trop longtemps de leur logement. Tant pis si les logements où elles sont casées ne conviennent pas à leur activité professionnelle. Celles et ceux qui refusent ces conditions, sont mis dehors. Il faut par ailleurs savoir que lors de l’expulsion, beaucoup de personnes ont perdu une partie de leurs affaires (vêtements, papiers…), le camp ayant été détruit par des bulldozers deux heures après. On est loin d’un geste humanitaire !
Le golf : un projet antisocial financé par la mairie
Ce qui importait véritablement à la mairie, ce n’était pas les « conditions de vies difficiles », mais de dégager tous ces gens pauvres pour y construire un golf et un terrain de polo pour une clientèle aisée.
Et les moyens qui manquent pour du logement et des travailleurs sociaux pour accompagner les familles dans le besoin sont soudainement trouvés pour accueillir ces sports de riches : la Mairie, le Conseil général et le Conseil régional subventionneront ainsi le projet à hauteur de 825 000€ et le terrain sera mis à disposition par « bail emphytéotique [1] d’une durée de 99 ans pour une redevance symbolique d’un euro » (la Mairie estime que cela équivaut à un don de 750 000€).
Un golf ou polo seraient des équipements verts ? Le parking prévu pour cet équipement de luxe bétonnerait près d’un hectare : ça n’a rien d’écolo.
La communication municipale tente de rassurer en mettant en avant un accès au parcours de golf pour le public scolaire et des prix « accessibles ». Mais qui est dupe ? Peu de sports représentent autant la classe des riches et très riches que le golf et le polo.
Avec le golf, le métro
Cette opération s’inscrit clairement dans une volonté d’embourgeoisement du quartier. Ainsi dans la « lettre aux riverains » de septembre, Moudenc se félicitait : « La disparition de ce camp sauvage permettra aussi une meilleur dynamique de développement pour les quartiers de Ginestous et des Sept Deniers. […] Limitrophes de Ginestous, le secteur des Sept Deniers me tient à coeur. En effet ce quartier toulousain a un potentiel considérable ».
Ce langage évoque évidemment celui des agents immobiliers comme Olivier Arsac, maire de quartier des Sept Deniers. Ce qui se profile, c’est une explosion du prix du logement jusque-là relativement raisonnable. En effet, l’arrivée de la troisième ligne de métro prévue pour 2024 va changer la population du quartier. Baptisée « Toulouse aerospace express », la ligne reliera les pôles aéronautiques de la ville et les Sept Deniers ; on devrait alors voir s’installer petit à petit dans le quartier, une population de cadres d’Airbus et autres riches. C’est plus probablement à ce public qu’aux écoliers ou habitantes et habitants des HLM que se destinent les terrains de golf et de polo.
L’assemblée des Sept deniers
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