On gueule, d’abord, contre ce type qui commence à couper les cadenas, puis il se mange une giclée d’extincteur dans la tronche, des sceaux d’eau et des canettes en verre. Mais il se démotive pas pour autant et finit par ouvrir la porte : les 4 mecs, dont un géant qui n’inspire pas confiance, accèdent au hall.
Entre temps, malgré le chaos qui régnait à l’intérieur on a réussi à prévenir pas mal de potes. Les premier.e.s arrivent très rapidement. D’abord, illes demandent aux gros bras du proprio de sortir, puis essayent d’autres procédés ingénieux : lacrymos dans la gueule, défonçage de scooter, lancer de disqueuse en bas des escaliers et autres facéties. La montagne essaie de défoncer quelqu’un.e avec une barre à mine gigantesque, on est soulagé.e.s que cette personne parvienne à s’enfuir. Ça inspire des gens à l’intérieur de l’hôtel qui commencent à canarder la bagnole du chef des hommes de main : après avoir perdu son pare-brise arrière, il choisit de déplacer un peu sa caisse. Les soutiens sont de plus en plus nombreux/nombreuses.
Donc, les « vigiles » sont dans notre hall, les potes devant l’hôtel, et nous à l’intérieur. Statu quo. Mais arrivent les keufs, dont les uniformes seront aussi quelque peu humidifiés après être passés sous nos fenêtres…
Bref, il commence à y avoir du monde dans notre hall d’entrée. Heureusement, les potes se sont déplacé.e.s en masse pour nous filer un coup de main, plus d’une centaine personnes sont rassemblées devant le bâtiment. Ça contrebalance un peu le crew de gens qui nous veulent pas du bien. On les remercie, ça faisait chaud au cœur, sérieux.
La situation dure un peu comme ça, certains flics tentent de faire copain-copain, ils veulent bien évidemment nous protéger, tout en posant d’habiles questions sur nos barricades. Certains éprouvent moins de sollicitude, nous braquent avec leurs flash-ball et promettent de nous défoncer la gueule si on leur ouvre pas. Par ailleurs, ils expliquent aussi poliment aux Titans qu’il ne faut pas débarquer armés de barre de fer pour virer les squatteurs : « c’est mieux de faire une procédure ». à un moment, un deal nous est proposé : on livre le ou la pote qui a renversé les sceaux d’eau sur les chtars et ils nous laissent tranquille, honnête non ?! Après s’être torturé le cerveau face à ce dilemme, on les envoie gentiment paître.
Ils passent finalement le pas de notre porte : en sortant, le colosse désigne du doigt, au sein du groupe de potes situé devant, quelques têtes. Les flics se jettent sur une de ces personnes, probablement parce qu’elle était plutôt en périphérie du rassemblement et moins concentrée à surveiller ses arrières qu’à parler avec une voisine, choquée de la violence des hommes de main du proprio.
Au moment de partir, l’ogre explique qu’il va revenir « avec des gars bien F.N. » : ça nous rassure plutôt, ça nous aurait embêté.e.s d’humilier des camarades.
Le moment où ils se cassent une bonne fois pour toutes, les gen.te.s ne cachent leur enthousiasme. Ça crie vraiment dans tous les sens pour exprimer le fait qu’on est ravi.e.s du départ des vigiles autant que celui des flics.
Stressé.e.s mais satisfait.e.s d’être parvenu.e.s à rester dans notre maison, dégoutté.e.s par le fait qu’un pote se soit fait embarquer en garde à vue, on tire les leçons de cette expérience.
Ils ont en face d’eux des barricades plus solides, un groupe d’habitant.e.s plus déterminé à rester dans ce lieu, et la certitude que nous ne serons pas tou.te.s seul.e.s si jamais ils essayent de reproduire leurs crasses.
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