Ces mardi et mercredi 27 et 28 mars, au moins sept perquisitions ont eu lieu dans au moins quatre villes différentes, Limoges, Toulouse, Ambert et Amiens, et on ne sait pas actuellement s’il existe un lien entre les enquêtes. Neuf gardes-à-vues ont suivi, entre deux et quatre vingt heures. Depuis samedi, trois personnes sont placées en détention provisoire. Association de malfaiteurs, bande organisée, destruction par moyens incendiaires voilà les termes des accusations dans un flou judiciaire et un silence glaçant. Les dispositifs de gendarmeries qui se déplacent au petit matin ne passent pas inaperçus, pourtant les réactions sont timides.
Peut-être est-ce l’habitude de se dire que cela pourrait retomber sur nous, qu’au fond tout cela nous concerne que trop. Pour mieux comprendre, quelques éléments de contexte.
Rappelez-vous, l’état d’urgence était décrété en 2015. Militarisation de la surveillance, fiches S par centaines, un millier de perquisitions, interdictions de manifester et assignations à résidence… On habitue la population à la présence policière et se donne dans le même temps les moyens de réprimer toute forme de contestation. Ainsi l’État de droit qui ne trouve le principe de sa conservation que dans la production d’exceptions à la loi, fait ainsi stucturellement de la police cette illégalité-instituée qui lui assure l’extension permanente de son pouvoir.
Malgré cette chape de plomb, au printemps 2016 la résistance à la « loi travail » gagne la rue, refusant une loi de plus leur permettant de nous écraser sans mot dire.
Manifestations, émeutes, blocages et piquets de grève se propagent alors un peu partout. L’institution policière s’invite à Nuit debout, et n’est pas en reste de lamentations. Ils s’indignent qu’on les haïsse, et que cette haine s’intensifie face aux coups de flashballs et aux interpellations. Mai 2016, une voiture de police se retrouve coincée dans une joyeuse marche de plusieurs centaines de personnes après un rassemblement contre les violences policières. En passant, un fumigène est lancé dans la vitre arrière, l’altercation qui suit fait le tour des médias. Les forces de police sont à cran et enchaînent les arrestations pour association de malfaiteurs, accusation qui tombera d’ailleurs au cours du procès. Plusieurs personnes seront en préventive pendant plusieurs mois, et en septembre, le tribunal 2017 lâche des peines se voulant exemplaires. La solidarité pendant le mouvement continue par la suite malgré le fait que le soutien devient lui-même à charge . Dans ce contexte, des structures de l’institution policière sont prises pour cibles en réponse aux vagues successives d’arrestations, à la criminalisation de toute forme de refus, comme en souvenir de Rémi, Adama, Théo et tant d’autres…Si la police est ainsi prise pour cible, c’est bien parce qu’elle est là pour neutraliser toute contestation effective, tout débordement.
Les stratégies policiaro-judiciaires se renouvellent sans cesse, elles font feu de tout bois, il n’est pas de maison où ne puisse se trouver des preuves de conspiration : « Donnez nous un accusé et nous trouverons l’accusation », disait un tchekiste en 1928. Pour ce faire, les termes des accusations s’adaptent pour prendre de cours nos manières de les déjouer.
Nous savons que tapies dans l’ombre, les enquêtes s’accumulent, les perquisitions traquent et fouinent un peu partout où ça conspire autre chose que l’air vicié du fatalisme et de la productivité.
Nous appelons donc à ce que partout se soulèvent voix, rassemblements,actions, toutes réponses en bonnes et dues formes, à leurs tentatives d’intimidation et contre les mises en détention de ce dernier mois.
« — Qui es-tu donc, Pan ? Cria le capitaine Crochet.
— Je suis la jeunesse, je suis la joie, répondit Peter tout à trac, je suis un petit oiseau sorti de l’œuf.
Cette réponse absurde prouvait néanmoins que Peter n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était, ce qui est le degré suprême du bon ton. »
Peter pan dans ta gueule !
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