Sans savoir combien nous serions ce samedi 6, le rendez-vous était donné place Saint-Pierre à 14h. Depuis le pont, nous avons vu venir un bateau pirate sur les voiles duquel on pouvait lire "On élit pas ceux qu’on combat", accompagné d’une soixantaine de musiciens. Des cuivres, des choeurs, des percussions sont au rendez-vous. Tout ce petit monde a préparé une myriade de pancartes ; "Plus de Shit à la cantine", "France=Boloss=Victime", "Flic=Policier", "Ni fachos, ni libéraux, nitendo"...Dès le début, des papiers circulent avec les paroles des chansons révolutionnaires qui seront chantées. Le groupe allume les amplis et commence alors à jouer une sorte de noise qui allume direct la foule, alternance de choeurs cuivre et percus qui détonne sur la place Saint-Pierre. Avec le son et le mot qui a tourné du bouche à oreille, nous sommes rapidement 200/250 mêlés à la foule d’un samedi après-midi en centre ville.
Après deux morceaux, le cortège s’ébranle alors sur les quais direction la Daurade. A ce moment-là, pas de dispositif policier visible autre que le RG Rayban/Cheveux blancs dans sa voiture et quelques bacqueux annoncés derrière la Daurade. C’est dans la bonne ambiance que le cortège s’arrête devant les terrasses de la Daurade et affiche son scepticisme électoral avec les premiers chants :"Ni patrie, ni patron, ni marine, ni Macron". Le monde s’agrège au cortège assez vite, la circulation autour de nous est stoppée, le cortège arrête le temps pour en faire exister un autre. La musique qui s’arrête pendant les déplacements retentit et les première cannettes de 8-6 sont dégoupillées.
Nous continuons ensuite dans les petites rues vers la Place de la Bourse mais le temps se gâte, de plus les flics décident de nous coller au cul mais en gardant leurs distances. Il y a une poignée de flics de la nationale en tenue anti-émeute, une pincée de bacqueux et un zeste de voltigeurs. Arrivés sur la place, nous notons quelques graffs bien sentis : "Un pavé dans les urnes", "L’économie, c’est la mort" et le début d’une longue série de collage d’affiches :"Immigrés ne nous laissez pas seuls avec les Français".
Sur la place de la Bourse ça sonne bien, c’est une petite place où ça résonne dingue. D’un seul coup, l’orage gronde, la grêle s’abat sur nous, il fait sombre, mais la musique continue, fort ; on s’abrite comme on peut mais on reste : l’ambiance est incroyable, ça nous fixe ensemble.
Aussi vite qu’il est arrivé l’orage se dissipe et la lumière du soleil nous réchauffe, les choeurs ne cessent de chanter, ça danse, des malins sèchent leur vêtements sur les rebords des fenêtres. On notera la présence enflammée de Buzz l’éclair au sommet d’une fontaine, sauvage.
En suivant le cortège repart mais les bites rétractables du quartier piéton nous empêchent de passer. Une trentaine de personnes se mettent alors autour du bateau pour le soulever et nous permettent ainsi d’accéder à la rue Saint-Rome où la frénésie du shopping bât son plein. Certains badauds ont peur du cortège qui arrive sur eux, d’autres les rassurent :"Mais non, ça a l’air joyeux, ils chantent".
Dans les petites rues, le cortège est impressionnant et il chante :"Je ne crois pas en Macron, je n’irai pas voter, je ne crois pas en Le pen, je n’irai pas voter, allez allez, on n’ira jamais voter, allez allez on préfère jeter des pavés".
Arrivés Place du Capitole, nous sommes étonnés d’être arrivés jusqu’ici, nous notons la présence de quelques CRS, très calmes en cette sacro-sainte journée électorale. Sur la place, une grande scène couronne un dispositif de fan-zone. La musique NRJ a du mal à retenir les passants dans ses filets, toute la place est bouclée pour promouvoir la sortie d’un guide sur Toulouse : malheur, il y a plus de monde autour que dedans. Notre cortège qui, lui, bât son plein, s’installe alors côté rue du Taur et recommence à jouer. Le son du bateau prend vite le dessus sur la cacophonie NRJ. Beaucoup de passants s’agrègent au rassemblement que nous formons. Un passant avec sa famille demande dans la précipitation : "C’est un rassemblement pour Le pen ?" en prenant ses jambes à son cou : on le rattrape et le rassure "Non, non c’est contre Le pen, c’est contre Macron et contre la mascarade électorale", "Ok ok, je reste". Peut-être faudrait-il avoir plus de banderoles avec un message politique évident la prochaine fois.
Après avoir mis le feu à Capitole, on repart direction Saint-Sernin, c’est assez euphorique entre les gens. On ressent beaucoup de confiance, il y a beaucoup de collages et quelques tags faits rue du Taur. On continue à chanter et on s’arrête devant la basilique, il y a un peu moins de monde qu’avant, les potes fatiguent un peu, ça fait une pause appréciée et on profite de l’ambiance et du soleil. A ce moment là, des potes se détachent du cortège et se font courser sur 200 m, mais heureusement l’athlétisme des copains leur a évité un sale moment. Les flics ont pas kiffé les tags...Nous oui.
Le cortège repart pour faire son final place Arnaud Bernard, les musiciens déchaînés donnent tout. Tout le monde est vidé. Là, une manif appelée à 18h est censée partir à 18h, on est à l’heure. Après la zik, on sent que les quatre heures de marche ont fatigué les potes. Pas de soucis, tout le monde semble assez content de cet aprèm. Les plus motivés craquent un fumigène en simulant un départ en manif, et c’est le dernier fait marquant de l’après-midi qui s’achève. On a bien promené nos poulets, on a fait la fête, on s’est fait du bien.
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