Jusqu’ici tout va bof

Entre répression et émulation, les militant.es de tous bords ont eu de quoi faire ce dernier mois. Tandis que les pâquerettes poussent, les hématomes dûs aux coups de matraques fleurissent. Petit bilan d’un début de printemps chaud-bouillant.

Au niveau des facs premièrement, les expulsions musclées ne se sont pas arrêtées, la liste est la suivante : Nanterre le 9 avril, la Sorbonne le 13 avril, Lyon 2 le 14 avril, Tolbiac le 20 avril et les toutes dernières Metz et Nancy le 25 avril. Ce ne sont donc pas moins de 6 occupations de fac dégagées le mois dernier, sans compter les diverses interventions policières comme celle de Luminy à Marseille qui à empêché un blocage qui se mettait en route. Bien évidemment tout s’est déroulé avec la douceur bien connue des condés, preuve en sont les nombreu.se.x bléssé.es.

Chez nous, au Mirail, on attend leur arrivée depuis que le syndicat-nid-de-fachos UNI a porté plainte contre l’université et a réussi ce mardi 2 mai à gratter 800 euros à la fac et à faire statuer le déblocage et les évacuations en justice. Ce bon vieux Laga-niais (administrateur provisoire et niais de la fac) bien évidement n’a pas attendu le lendemain pour saisir la préfecture ; il aurait pu demander un recours au tribunal, ce qui aurait été en accord avec ses déclarations et promesses faites jusqu’alors. Encore heureux qu’on n’y croyait pas.

Mais rassurons-nous, notre gratin estudiantin n’est pas le seul à se faire allègrement assaisonner de lacrymo. Nos voisin.es directes en ont également bien bavé il y a deux semaines. En effet, alors que les matons « suicident » deux prisonniers à Seysses, les poulets humilient, et embarquent à Bagatelle sous prétexte de niqab. Logiquement la colère s’embrase et les voitures avec dans les quartiers environnants.

Après quatre nuits de révolte flamboyante, place au grand ballet des robes noires et blanches dansantes au rythme des sentences : 21 interpellations. 13 comparutions, la majeure partie reportées au mois de mai. 2 peines de six mois fermes, concernant deux jeunes d’à peine 18 et 19 ans. Une peine de 3 mois de sursis et 210 heures de TIG (travail d’intérêt général) pour détention d’un laser. Et pompon sur la Garonne, le 25 avril une arrestation de plus pour « avoir mis le feu aux poudres sur les réseaux »…

« La police assassine, la justice est complice », on remercie nos institutions de venir actualiser régulièrement le sens de cette vieille rengaine, ça fait moins de temps passé à réfléchir aux slogans… .

En parlant de slogans, allons faire un tour du côté des barricades et potagers à Notre-Dame-des-Landes . On y comptabilise pour l’instant plus de 290 blessé.es, dans nos rangs évidemment. Pour les keufs on n’a pas cherché, on imagine que les trois-quarts se blessent tout seul. Nos blessé.es donc, mais blessé.es par quoi ?

C’est ici que rentrent en jeu les fameuses GLI F4, grenades dites offensives au sein même du jargon policier. Elles contiennent 25 grammes de TNT, provoquent acouphènes et surdité, et surtout c’est le modèle qui dernièrement a arraché le dessus du pied du copain de Bure. Elles sont censées être utilisées pour impressionner et disperser les foules mais il n’est pas rare de les voir partir en tirs tendus directement vers la tête des copaines qui tentent de ralentir les flics. Mais ça n’est pas tout, ils noient les personnes, les vaches et toutes autres espèces qui se trouvent sur zone à coup de nuage lacrymogène qui, nous le rappelons, sont des armes chimique provoquant œdèmes, brûlures cutanées et lésions oculaires. Comme si cela ne suffisait pas, plus d’une dizaine d’arrestations avec GAV et tout le tointoin ont eu lieu et vont continuer de s’abattre.

Des arrestations il y en a tous les jours, lors de manifs, de rassemblements, pour tout et n’importe quoi, tant que les flics nourrissent par ce biais l’idée de leur soi-disant utilité sociale et de leur effet de sécurité bien imaginaire, bien médiatique. Des arrestations avec coups, crachats, et insultes sexistes, homophobes et racistes.

Mais une nouvelle fois rassurons nous « chers compatriotes français », la répression tape d’autant plus fort sur les personnes exilées. Les centres de rétentions n’ont jamais aussi bien fonctionné, les expulsions de squats et des espaces proposés par la préfecture se portent très bien, et bien évidemment la loi « asile-immigration » vient rajouter une couche à cette belle entreprise répressive.

Une loi qui soit-disant pour permettre un meilleur accueil, diminue de 120 jours à 90 jours le délai pour déposer un dossier, et, quand le demandeur est débouté, c’est à dire que la réponse à sa demande d’asile est refusée, il n’a plus que 15 jours au lieu de 1 mois pour faire un recours (sachant qu’il faut au minimum une trentaine de jours pour avoir un rendez-vous à la pref’). Par contre Phiphi à décidé d’augmenter le temps de rétention passant de 45 jours jusqu’à 115 jours, et la retenue administrative pour vérification du droit au sejour passe de 16 à 24h. Ce traitement de celleux qui sont aujourd’hui considéré.es comme « étrangers » sur notre sol et les conditions de leurs déportations aux frontières traduit des pratiques politiques fascistes sur des populations persécutées. L’efficacité du discours sécuritaire, relayé par les médias de masse, justifie ces lois et masque aux yeux de l’opinion publique le fait que l’État est raciste. C’est aberrant et écœurant.

Malgré ça, certain.e.s sont encore à chouiner pour leur petit confort personnel, ces mêmes qui, de par leurs expressions apolitiques et molles légitiment et servent l’offensive menée par l’État et ses sbires. Illes stérilisent les débats, détournent les colères, divisent et permettent à nos ennemi.e.s politiques d’exister.

A contrario, les blocages, les occupations et l’autodéfense collective s’insèrent et nourrissent la lutte face aux répressions structurelles de l’État. Par « structurelles » nous entendons une répression qui émane directement et de façon indivisible des institutions et de la politique érigée par l’Etat (éducation, prison, logement, économie, centres sociaux etc).
Le blocage est un des outils qui permet la mise en place d’un rapport de force, en paralysant l’infrastructure visée, il actionne une lutte continue, la prise en main et l’expérimentation d’organisations collectives, en détournant et se réappropriant l’utilité habituelle des espaces libérés.
C’est pour cela que le blocage et les occupations doivent être totales et se multiplier jusqu’à ce que l’ensemble des revendications soient appliquées.
Il semble nécessaire de rappeler que si ces actions, et de manière plus générale, si des luttes existent c’est bien parce que nous subissons des répressions constantes des institutions étatiques directement liées aux privilèges bourgeois, coloniaux et patriarcaux.

Organisons-nous collectivement pour penser, vivre et partager des outils d’autodéfense populaire qu’ils soient juridiques, corporels, de genre, médiatiques, pédagogiques, de logement etc... Pour construire notre autonomie face aux attaques qui nous sont faites et pour évoluer dans un environnement le plus sûr et bienveillant possible.

C’est bien dans ce sens qu’au Mirail nous ouvrons et occupons des espaces voués à l’autogestion, c’est à dire la prise en main directe des différentes problématiques politiques et sociales, et l’application consciente et réelle d’outils visant à s’autonomiser et questionner à chaque instant les multiples dominations que nous subissons ou perpétuons. C’est aussi une question de réappropriation, d’espaces subjectivés, sans cesse en mouvement, signe d’une vie intense des individu.e.s qui l’habitent et le fréquentent.
Ça a commencé en refaisant la déco grâce aux diverses tags et fresques sur les bâtiments de vinci aux allures d’hosto aseptisé doublé d’un parc à la Huxley, puis plusieurs dizaines de projections s’y sont déroulées (dans la salle cinémarrrche) ainsi que des concerts, des cours expérimentaux de toutes sortes (philo, socio, luttes sociales, dessin de nu etc), des ateliers ( danses, jardinage, yoga, fabrication de meubles, cuisines, clowns, archives du Mirail, street-medic, juridique etc), des scènes de films amateurs ont étés tournées, des espaces non-mixtes ont été aménagés, des free-shops et des espace de santé/préventions libre et gratuit ont vu le jour, et des bibliothèques/infokiosques ont poussés. Ces foyers de luttes ne sont pas dédiés à l’entre soi, des personnes sont venues de toute la France, de l’Allemagne jusque l’Afghanistan pour visiter, discuter, lutter et y vivre.

Dans une question d’ouverture et de convergence des luttes, une trentaine de personnes, exilées et en galère de logement vivent au côté des étudiantes et étudiants ( voici leur communiqué : https://iaata.info/Communique-du-Collectif-des-Refugies-Occupants-du-Mirail-2578.html ) Ces différents groupes cohabitent et luttent ensemble pour faire force et trouver des solutions, tant commune qu’individuelle, aux multiples injustices auxquelles il faut faire front, au sein même parfois de nos espaces de lutte.

Par ce textes nous tenons à rappeler notre soutien à toutes les occupations, les bloqueurs et bloqueuses, les ZADs, les lieux d’utopies, les personnes exilées, en galères, les rêveurs et rêveuses actives, les marginaux et toutes les minorités et personnes en guerre contre les colonisations d’esprits, des corps et de la biosphère.

Le temps de l’unité et de la massification représentative est fini, vive l’autonomie et la diversité des tactiques.

Restons insaisissables, bloquons tout !

4 mains à 4 heures du matin le 4 mai.

P.-S.

Prenez les escaliers !!!

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  • 12 mai 2018

    La diversité des tactiques, On voit ce que çà a donné sur la ZAD !

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