Contribution au « débat » lancé par la Dépêche du Midi dans son numéro du 12 avril 2017. par Marc Attéia (avril 2017)
Ce « débat » a été lancé pour donner un nom à la Tour qui devrait s’élever en 2022 sur l’emplacement de l’ex-centre de tri SNCF entre la gare Matabiau et La Médiathèque J. Cabanis.
Les appellations suggérées à ce jour – Tour d’Occitanie, Tour Marengo, Tour Matabiau, Tour Riquet, Tour Cathare, Tour Canal du Midi, Tour Jean Jaurès, Tour Nougaro, Tour Concorde, Tour Tolosa, Tour Capitoul - sont toutes inappropriées !
Quel lien y-a-t-il, en effet, entre cette Tour et l’Occitanie (Terre de la langue d’Oc) ou Marengo (victoire napoléonienne) ou Matabiau (l’Abattoir) ou les Cathares (persécutés par les prêtres dominicains de la Saint Inquisition) ou Jean Jaurès (assassiné à cause de son pacifisme à la veille de la première guerre mondiale) ou Tolosa (cité romaine) ou Riquet (qui s’est ruiné pour construire le Canal du Midi) ou les Capitouls (qui se sont enrichis avec le pastel) ou Nougaro (qui a chanté la ville rose) ou Concorde (cet avion supersonique à la carrière si courte) ?
Mais, soyons constructifs.
Voici trois appellations qui me semblent mieux caractériser cette Tour en projet :
(i) Première appellation : La Tour des fadas.
Les fadas, ce sont ces architectes, ces entreprises de construction , ces cabinets immobiliers, ces édiles toulousains qui se sont concertés pour bétonner verticalement un quartier déjà tellement bétonné horizontalement, hélas !
pour accroître la pollution atmosphérique de la cité toulousaine jusqu’à l’asphyxie...
et faire un pied de nez aux mises en garde de la COP 21 !!
et, dans notre époque si troublée où inquiètent bruits de bottes et bruits de guerre, comment « sécuriser » - comme l’on dit - cette Tour haute de 150 mètres...
(ii) Deuxième appellation : La Tour des zombies.
Selon le Dictionnaire, un zombie est un mort vivant ou bien une personne que l’on manœuvre à son gré.
Tous ceux qui s’enthousiasment à l’annonce des projets faramineux, que les medias vantent de façon dithyrambique, sont des naïfs ou des ignorants.
Aujourd’hui, il est légitime de se demander où sont à Toulouse les urbanistes non inféodés aux puissances financières, les intellectuels - sociologues, psychologues, etc. - dont les analyses du corps social étaient autrefois si pertinentes et si acérées, etc.
Sont-ils devenus des zombies ?
(iii)Troisième appellation : la Tour phallique.
Les grandes métropoles mondiales sont hérissées de tours gigantesques (à New-York, Dubaï, Shangaï, etc.)
Ces Tours manifestent la mégalomanie de leurs concepteurs, des « capitaines d’industrie » des banquiers, des édiles qui les ont voulues.
Elles disent l’orgueil et l’arrogance des riches qui les ont fait construire.
Dans le numéro de la Dépêche du Midi daté du 18 mars, le journaliste qui fait la promotion de la Tour dont nous parlons, écrivait :
« Tolosa (…) fut déjà au Moyen- Age et sous la Renaissance la cité d’Europe connue par ses tours capitulaires. Chaque fortune du pastel, chaque capitoul arrivé, voulait alors surmonter son hôtel particulier, aux allures de palais, d’une haute tour de brique. »
Qui peut croire que la Tour toulousaine pourra masquer la misère d’une population, nombreuse, qui s’est accrue au cours des dernières décennies, à Toulouse ?
Dans le numéro de la Dépêche du Midi daté du 15 mars dernier, le journaliste qui fait la promotion de la Tour dont nous parlons, écrivait :
« La ville de Toulouse compte actuellement 35 squats dont le plus important aux Arènes accueille 400 personnes (avec un seul point d’eau). Médecins du Monde s’alarme de la situation dramatique et « indigne » de ces squats et bidonvilles toulousains.
(…) Comment une telle situation peut-elle perdurer au 21° siècle, dans la cinquième puissance économique mondiale, dans une ville aussi historiquement marquée par sa tradition d’accueil ?
(…) L’association (Médecins du Monde) dont les bénévoles vont régulièrement au contact de ces populations (des squats) issues en grande majorité de l’immigration, continue de dénoncer l’indignité et la dangerosité des squats et bidonvilles de l’agglomération toulousaine pouvant avoir des répercussions graves sur la santé de leurs occupants »
Marc Attéia (avril 2017)
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