Présent-e-s à ce petit gala de l’entre-soi dominant : l’ancien président Minovez, l’actuel, la présidente de Région Carole Delga, la députée Martine Martinel et plusieurs crânes chauves du milieu politricard et universitraître. Ils et elles ne se sont pas étouffé-e-s avec les petits fours.
Pour protéger tout ce gratin, une surveillance qui se veut discrète en ce sacro-saint lieu du Savoir. Discrète mais néanmoins très dense : l’équipe habituelle mais nombreuse des vigiles-briseurs de grève qui hantent habituellement la fac, des vigiles niveau ++ en costard et oreillette sortis d’un James Bond, des BAKeux, etc. Marche également à côté des encravaté-e-s ce qui semble être un gradé dont la veste passe-partout laisse entrevoir un écusson POLICE. Une voiture de police sérigraphiée est en stationnement sur un parking vers l’entrée de la fac. Qui viendrait chahuter la fête saurait être reçu-e !
Difficile exercice certainement pour les encravaté-e-s : s’assurer que leur domination soit bien là mais qu’elle soit imperceptible, inquestionnée. Que la petite promenade de santée, les poignées de main et les sourires factices aux dents blanches rendent bien en photo. Le tout en n’ayant pas l’air d’être prêt-e-s à déployer la violence de l’Etat pour maintenir l’ordre social. En entretenant auprès des étudiant-e-s une légitimité d’ordre universitaire.
Car c’est également de ça qu’il s’agit dans cette nouvelle ère : rompre avec le passé et l’histoire des luttes, avec la "mauvaise image", la "réputation sulfureuse" ; "oublier les mauvais fantômes qui l’avaient paralysée pendant deux mois fin 2014". Finies la grogne, les petites chahutteries à vélléités politiques : place au consensus des bâtiments neufs, à la pédagogie à l’ère numérique, à la recherche de l’excellence et autres bullshit.
De leurs côtés, les médias rafolent de cette rénovation à coups de centaines de millions d’euros et de privatisation, ne tarissent pas d’éloge sur la canopée (le toit moche duquel pendent des caméras de surveillance discrètes, hautes et hors d’atteinte. Quelle belle fac avec son application GPS pour se retrouver sur le campus et le paiement instantané au distrib’ par carte étudiante !
Ironie du sort, se déroulaient également à quelques mètres des élections de département et le rabattage syndical des étudiant-e-s. D’un côté, les décideurs et décideuses pavannent sous protection, de l’autre nous sommes invité-e-s à jouer le rôle du vernis démocratique et de la délégation de pouvoir. Votons, votons ! Choisissons la couleur du prochain bâtiment VINCI ou le corps de police qui rôde sur le terter.
Si pour nous la défense de l’université n’est pas une fin en soi, la tendance actuelle à la privatisation et à la sécurisation ne fait pas rêver. Pour celles et ceux qui en douteraient encore, l’université n’est pas plus à l’abris de la vague autoritaire en cours que le reste des "services publics" ou de la société. Ce n’est pas un Temple, une retraite où il fait bon vivre entre gens de bons esprits, hors du monde et de ses problèmes.
Désertons la fac ou habitons-la : taggons nos murs et leurs caméras !
PS : la rumeur court que malgré le dispotif policier, quelques-unes se seraient amusées à chahuter la balade de plaisance : qu’en est-il ?
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