Deux mois confiné·e·s
C’est tout en douceur, et sous la pluie, que lundi dernier Toulouse a connu ses premiers rassemblements post-confinement devant les hôpitaux de la ville. Ces deux derniers mois sont venus brutalement couper un long enchaînement de conflits sociaux quasi ininterrompu de la Loi Travail en 2016 à la réforme des retraites à l’hiver 2019-2020. Pourtant si la vie sociale a été quasiment réduite à néant pendant cette période, toutes formes de revendications n’avaient pas disparu.
Des pneus ont fait pssssssiiiiiiiit, des vitrines ont fait biiiiim baaaaaaam et baaaooouuum , l’ARS a fait splaaaach.
La fête des travailleuses et travailleurs du 1er mai est presque passée à la trappe bien qu’il y ait quelques petits rassemblements en différents points de Toulouse ou à Gaillac dans le Tarn.
Les formes les plus visibles de contestations auront finalement été les banderoles et tags présents un peu partout des ponts du périphérique aux balcons ou murs de la ville.
Sans oublier le feu (d’artifices) dans la plupart des banlieues ou les révoltes dans les taules.
Et maintenant, les gilets jaunes ?
Ce n’est pas du goût des commerçant·e·s de la ville qui ont immédiatement, et avec succès, fait pression sur la Préfecture pour interdire toutes manifestations. Le 14 mai dans un communiqué lunaire le préfet Étienne Guyot annonce l’interdiction de tous rassemblements sur l’ensemble de la ville et la poursuite de toutes manifestant·e·s au visage « dissimulé volontairement » tout en justifiant l’interdiction des manifs par la crise sanitaire !
Les petit·e·s commerçant·e·s crient victoire et leur chef local (Samuel Cette de la CPME 31) en profite même pour distiller quelques menaces : « Par contre, si on s’aperçoit qu’il y a des personnes physiques qui vont porter atteinte à notre survie, on craint des réactions épidermiques. Je ne le crains pas, je le constate même. »
Parmi les commerçant·e·s certain·e·s ont décidé d’assumer leurs penchants autoritaire en organisant leur propre manifestation via la « Fédaration des commerçants toulousains » ! Ils semblent n’avoir pas compris l’arrêté pris par la préfecture, et appellent à se rassembler à 14h place Saint Georges pour « faire comprendre que le "monde d’après" le Covid19 ne sera plus comme le "monde d’avant". ».
Du côtés des groupes et collectifs annonçant les rassemblements c’est (aussi) la confusion. Si tout d’abord un rendez-vous était fixé à Jean-Jaurès, un deuxième rendez-vous a été posé, via Facebook pour un rassemblement devant l’hôpital de Purpan, toujours à 14h. Les syndicats CGT et SUD ont réagi ce vendredi en demendant l’annulation de ce rendez-vous, avant qu’une des pages Facebook qui appelle à ce rendez-vous décide d’annuler.
Nous pensons que se rassembler demain à Purpan n’est absolument pas pertinent et même que cela pourrait jouer un rôle négatif, contreproductif par rapport à ce que nous avons construit lundi dernier. Car contrairement au rassemblement que nous avions organisé lundi, il n’y aura pas ou alors très peu de personnels hospitaliers. La mobilisation de lundi avait été préparée, annoncée dans les services, auprès de nos collègues. Nous avions déposé un préavis de grève.. Ce n’est pas le cas cette fois ci, et la magie des réseaux sociaux n’a jamais remplacé le travail de terrain. L’absence des hospitaliers pourrait être un prétexte à l’intervention, au coeur de l’hôpital, des forces de l’ordre. Le risque sera alors qu’une division s’opère entre un noyau de Gilets Jaunes d’un côté et les hospitaliers et usagers de l’autre. Cela représente également un risque pour les militants syndicalistes de l’hôpital en terme de conséquences disciplinaires, notre direction étant prête à tout pour tenter de nous museler.
Par ailleurs, en Gilet Jaune et blouses blanches, nous avons manifesté pendant 17 mois autour des représentations des lieux de pouvoir : préfecture, Capitole, centre ville... Quel sens aurait un affrontement au cœur de l’hôpital, ce service public que nous voulons défendre et élargir ?
Nous demandons donc aux "organisateurs" de cet évènement Facebook d’en changer le lieu. Si manifestation il y a en ville, plusieurs d’entre nous seront présents. Mais pas à l’hôpital et pas dans les conditions où cela a été annoncé.
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