Difficile d’avoir échappé aux différentes annonces de hausses des impôts locaux 15% de hausse pour l’année prochaine ce qui donnerait selon les prévisions une recette de 30 millions d’euros. Les associations notamment culturelles vont aussi voir leur budget sérieusement amputé, 10% cette année et cela devrait se poursuivre dans les années à venir. La pire mesure reste tout de même la fin de la gratuité de la cantine scolaire. Ce sont près de 7000 familles qui sont concernées par la mesure qui va sans doute priver quelques gosses du repas le plus important de la journée.
Il serait tentant de charger le maire UMP flambant neuf de la ville mais il est clair que la baisse des dotations de l’Etat est une incitation à ce genre de mesure [1]. Pourtant la Mairie ne semble pas disposée à laisser tomber quelques dépenses qui ne semblent pas tellement prioritaires, comme par exemple construire un stade pour une équipe de rugby [2].
Assumer des choix politiques
Si la mairie de Toulouse n’hésite pas à laisser tomber les gosses les plus pauvres elle ne recule pas devant un investissement de plus de 6 millions d’euros [3] dans un stade au nom du "rayonnement" de la ville.
un choix politique a été fait dans ce cas précis en faveur du rayonnement du sport, et celui de la ville. Il s’agit également de répondre à une demande des associations sportives.
Jean Jaques Bolzan adjoint au Maire en charge de la Démocratie locale le 3.04.2015
"La demande des associations sportives", un joli terme pour parler du passage en super ligue Anglaise du SASP Toulouse Rugby XIII. Un projet au long cours qui veut faire jouer le TO XIII dans la cour des grands et surtout faire de cette équipe une machine compétitive sur le plan financier. Une petite visite sur leur site à l’onglet équipentreprise donne une idée de la teneur "sportive" de ce projet. Ce que finance la mairie de Toulouse ce n’est pas un équipement de quartier pour les associations sportives, mais bien la possibilité de faire émerger dans le sport business une entreprise sportive. Le maire de Toulouse lui même ne disait pas autre chose en octobre dernier.
Toulouse a besoin d’équipements aux normes pouvant proposer une offre adéquate à des clubs sportifs de rugby ou de football en plein développement. Ainsi, le futur Arnauné a été envisagé d’emblée comme un stade de 1re catégorie FFF et qualifié A pour la FFR
Jean Luc Moudenc Maire de Toulouse
Inutilité sociale...
Le projet relève du pur délire : faire un stade de 8000 place assises [4] en plein dans une zone urbanisée et sans parking. Des tribunes qui vont complètement obscurcir les habitations situées alentours et deux ans de travaux dans un endroit déjà sujet à des bouchons tout au long de l’année, un vrai rêve pour les riverains. Le plus drôle est que la mairie doit assumer un double discours. Pour les voisin.ne.s inquiets des nuisances elle réaffirme qu’il n’y aura pas plus de 15 matchs par ans comme au jour d’aujourd’hui. C’est à dire que cet équipement coûteux ne servirait qu’au prestige du TO XIII... En revanche, il va être difficile de faire admettre aux toulousain.e.s qu’un tel investissement ne sert qu’à des intérêts privés et ce stade est plutôt destiné à accueillir quelques matchs intermédiaires, des événements promotionnels ou ces sortes de choses que les communicants inventent pour faire rayonner des marques. En plus de tout, l’utilisation par les écoles, collèges et associations risque d’être remis en cause. Une pelouse de terrain d’honneur ça ne s’utilise pas comme ça. Du coup nombre d’activité liées à la vie réelle du quartier vont être déplacées sur les terrains des collèges et lycées Toulouse Lautrec. Le résultat sera une usure accrue des équipements socialement utiles au profit du bling bling sportif.
... et foutage de gueule
Le quartier a défendu bec et ongles ce stade lorsque l’arrivée du métro lui promettait un devenir de parking, au nom de l’utilité sociale du stade et aujourd’hui celui-ci va lui être volé. Nous passons d’un stade de quartier à être le quartier du stade... Lors de la révision du PLU en 2009 il n’avait pas échappé à la sagacité de quelques un.e.s qu’une modification du stade était désormais possible, et dans des mesures qui dépassaient l’utilité locale. Très vite une pétition circula et recueillit de nombreuses signatures. Du coup le mandataire de service jura haut et fort que jamais il n’y aurait de restructuration du stade sans concertation.
Les promesses n’engageant bien sur que ceux et celles qui y croient la mairie actuelle se cache derrière le fait que le temps presse pour passer outre l’engagement. Il y aura pourtant enquête publique, entre juin et juillet ! Alors que tout est déjà sur plan et ne souffrira que de modifications à la marge. La mairie ne prend même pas le soin de maquiller un tant soit peu sous un verni participatif ses passages en force. On ne sait pas s’il faut le regretter.
Il y aura peut être des gosses qui ne mangeront pas le midi, des associations qui devront licencier mais la ville aura un stade flambant neuf et une équipe de XIII reconnue à l’international, alors de quoi se plaint-on ?
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