Les activités à Euforie : fonctionnement et réflexions

Au bout de 3 mois d’existence, on voulait rendre public un texte sur le fonctionnement de l’auto-organisation des activités au squat Euforie, en précisant notamment les rapports qu’on a envie d’avoir aux questions de thunes, de fête, et d’alcool.

Les ativités à Euforie

Tu trouveras dans cette partie comment les activités s’organisent à Euforie. Que tu aies envie d’en organiser ou que tu sois (pour l’instant) "juste" un.e utilisateur.ice, nous t’invitons à lire ces quelques lignes pour comprendre comment ça se passe.

Proposer une activité

Tu veux proposer quelque chose à Euforie ?
Si tu connais bien le lieu, les bases politiques [1], le fonctionnement, tu peux directement écrire l’événement sur l’agenda mural. En précisant ce que c’est, qui peut venir (par exemple si c’est une réu fermée ou une discussion publique), de quels espaces il y a besoin, si c’est bruyant ou pas... C’est cool de faire attention à ce que ça ne soit pas en même temps qu’autre chose. Il y a différentes salles, mais plusieurs espaces ne sont pas fermés donc on entend beaucoup ce qu’il se passe à côté.

Si tu n’es pas sûr.e, tu peux venir à une permanence : les jeudis de 16h à 18h et les samedis de 14h à 16h. Là tu pourras parler avec les gens qui tiennent la perm. Soit c’est évident que c’est ok (ou pas ok), en lien avec les bases politiques et le fonctionnement du lieu et si c’est bon tu peux écrire sur l’agenda. Soit ça nécessite plus de discussions et tu peux venir en parler pendant une réunion, tous les jeudis à 18h.

Il n’y a pas du tout l’envie que les réunions hebdomadaires soient un moment où un groupe de personnes décisionnaire dise oui ou non pour les activités, c’est pour ça qu’on propose qu’un maximum de propositions puissent se faire de façon autonome.
Pour des activités régulières, ou pour des événements qui nécessitent tout le bâtiment, c’est cool de faire passer l’info à la réu hebdomadaire (soit en venant, soit en laissant un mot dans le cahier des réu).

Auto-organisation

Euforie est un lieu auto-organisé. Cela signifie que son fonctionnement est, le plus possible, mis en pratique par l’ensemble des personnes qui l’utilisent, ce qui vous incluent, toi et les personnes avec qui tu fais ton activité. La base c’est bien sûr de ranger et nettoyer les espaces que vous utilisez, mais pour que le lieu tourne correctement il y a besoin d’un peu d’investissement supplémentaire.

Comme des fois on ne sait pas trop comment participer à un lieu, et que même ça peut être parfois assez impressionnant si on ne connaît pas bien les gens, on te propose ici quelques trucs :

Déjà, c’est cool de venir aux réus hebdomadaires. Ça permet de participer aux décisions qui concernent le lieu, comme les chantiers à venir, certains évènements, la défense juridique... Ça permet aussi de débriefer de ce qui se passe à Euforie au sein des activités, de travailler ensemble sur d’éventuels problèmes, d’échanger des infos, bref d’avoir un vrai fonctionnement collectif plutôt que d’évoluer en parallèle sur le lieu sans forcément se connaître.

Ensuite il y a différentes tâches (ménage, chourses [2]) à faire de temps en temps : elles sont toutes notées sur un tableau, il suffit de le consulter pour savoir ce qui urge.

Enfin, il y a les permanences, moments où on assure une présence pour accueillir et répondre aux demandes d’information. C’est aussi un temps où peuvent s’organiser les chantiers à réaliser. Tout le monde peut assurer une perm, de préférence à plusieurs, il y a un planning à l’entrée pour s’inscrire.

Évidemment cet investissement ne peut pas être le même pour tout le monde : ça dépend du temps et de l’énergie qu’on a, du nombre de personnes qui participent à l’activité, de votre temps de présence sur le lieu… Si votre temps/énergie sont trop limités, ça serait cool qu’il y ait au moins une personne qui vienne au squat le 1er jeudi du mois à partir de 16h : c’est pendant cette permanence qu’on fait le grand ménage du lieu, puis la grosse AG avec (on l’espère) un max de personnes qui participent et organisent les différentes choses qui se passent.

Thunes

Dans ce lieu rien n’est à prix fixe, ni les entrées pour un événement, ni la bouffe, ni les boissons, ni des zines ou autres. Tout est gratuit ou à prix libre. Et il y a l’envie de ne pas mettre la pression pour que des gens mettent des sous. Ça passe par exemple par ne pas regarder combien chaque personne donne (si elle donne). Et ne pas mettre des notes du style "prix libre et nécessaire" ou "prix libre et conscient". Ça peut être cool de détailler le prix qu’a coûté ce qu’on vend/ce qui est utilisé et aussi dire à quoi sont destinés les sous récoltés.
C’est ok de mettre un pot prix libre pour récolter des sous en soutien à quelque chose, ou bien pour rembourser des dépenses liées à l’événement (matos, défraiement pour un trajet...), mais pas pour de l’enrichissement personnel.

Il y a des gens qui mettent souvent plein de temps et d’énergie pour proposer des activités gratuites et qui en dehors de ça ont des galères de thune. On a envie de proposer des discussions sur nos rapports individuels et collectifs à la thune. Et aussi, la norme dans notre monde c’est que pour valoriser le travail de quelqu’un, on lui donne de l’argent. On a envie de chercher d’autres façons.

Dodo

Euforie ne propose pas d’hébergement. Il est par contre possible, pour les personnes qui y organisent des événements, de mettre en place un/des sleepings, le temps de l’événement. Euforie étant avant tout un lieu d’activités, c’est cool de faire gaffe à ce que ça ne dérange pas les autres activités prévues.

Communication

Comment annoncer au monde l’existence de ton activité à Euforie ? Déjà, inscris-là sur le calendrier mural à l’entrée du lieu, et laisse à coté une affichette qui décrit ce qui va s’y passer.

Pour la communication extérieure tu es libre de faire comme bon te semble : flyers, affichage dans la rue, internet… Le nom et l’adresse du lieu sont communicables sans problème. On tient quand même à préciser qu’on a une grosse préférence pour les auto-médias comme Démosphère ou IAATA.info plutôt que pour les réseaux sociaux… Enfin si tu veux que ce soit diffusé sur la liste mail d’Euforie, envoie simplement la description de l’activité à euforie@riseup.net – prévois quelques jours le temps qu’on fasse suivre. Tu peux préciser dans la com’ que le bât n’est pas vraiment adapté aux personnes en fauteuil ou à mobilité réduite : seuils pour les passages de porte, mais les toilettes sont trop étroits (au pire, il y a les wc publics sur le trottoir d’en face du bat).

Fêtes, soirées et concerts

De base, l’idée de ce lieu est de servir d’espace de lutte, d’organisation et de rencontre. Il se peut que des soirées, des fêtes et des concerts s’y organisent. Cela dit, il serait dommage que le lieu finisse par ne servir qu’à ça, une sorte de salle de concert / boîte de nuit "radicale" à prix libre. On peut quand même y organiser des fêtes et des concerts mais en faisant en sorte que ça n’empiète par sur les autres choses proposées, à Euforie ou ailleurs.
On a envie aussi que le lieu permette d’expérimenter des moments de sociabilité autre que celle sous alcool et dans le bruit. Bien sûr, on kiffe les concerts et les fêtes, dans ce qu’elles permettent de se défouler, de se sentir bien, de danser... mais on aimerait aussi des boums d’aprèm, des karaokés et des caches-caches géants, où on s’amuse autrement qu’en étant spectateur.rice.

À propos des fêtes et de l’alcool à Euforie et dans nos milieux

On constate qu’on a du mal à faire des soirées de soutien sans vendre de l’alcool. Pour récolter de l’argent et permettre à des gens, des collectifs, des luttes, des groupes de continuer d’exister, on organise des soirées de soutien, souvent avec des concerts, où nous proposons de la bière et du vin moins cher qu’en bar ou en discothèque.
[C’est d’un "nous" flou ici dont il est question, un "nous" du large milieu anti-autoritaire, féministe, squatteur, anticapitaliste.]
A Euforie, on s’est retrouvé.es à plusieurs personnes en réu hebdomadaires à avoir envie de questionner cette évidence sur la place de l’alcool dans nos milieux. Après plusieurs discussions, la décision a donc été prise qu’il n’y ait plus de vente d’alcool dans le lieu. Évidemment, chacun·e est libre de venir avec ses consos. Nous avons envie de tester ça, pendant deux mois. Avec l’idée d’en faire un bilan, de voir ensemble les intérêts et les limites de cette tentative. Cette décision ne convient pas à toutes les personnes qui utilisent le lieu, ça nous semblait important de le préciser.

Si les fêtes/soirées/booms peuvent être des moments collectifs de rencontres, de liens, de joie, de danse, d’émancipation, ce sont aussi souvent des espaces dépolitisés, vecteurs de comportements merdiques (violences, bagarres, agressions, dépassements de consentement etc). Nous précisons qu’il serait pas mal de séparer consommation de drogues (dont l’alcool) et comportements problématiques. La consommation de substances contribue malheureusement trop souvent à créer des situations merdiques, mais il serait injuste de tenir les consommations (et les consommateurices) comme seul·es responsables des abus. Des personnes consomment des produits sans que cela n’ait de conséquences chiantes pour les personnes autour, et d’autres peuvent pourrir des espaces ou des moments sans rien prendre.
Les espaces "safe", où aucune situation d’agression ou de conflit ne se passerait, n’existent pas. Cela dit, nous pouvons essayer de capter comment ces comportements se mettent en place, et porter une attention collectivement à tout ça, sans qu’il n’y ait de spécialistes.

On constate que l’omniprésence de l’alcool et de la fête produisent aussi des dynamiques d’exclusion quand c’est l’unique manière de sociabiliser. Cela peut être compliqué pour certaines personnes d’être confrontées à la présence de substances qu’elles essaient de ne plus consommer, pour celleux pour qui les ambiances bruyantes avec beaucoup de monde ne sont pas envisageables (parce que trop d’angoisses, trop de fatigue, trop de stimulations, trop de risques, etc) et pour les personnes qui n’ont pas les codes, ne rentrent pas dans les normes du milieu, n’ont pas les références, et autres...

On a envie d’éviter de banaliser les consommations de substances (quelles qu’elles soient), mais nous voulons éviter de porter des discours jugeants ou des injonctions moralisatrices. Nous pensons que mettre à disposition des outils et des espaces dédiés (stand de réduction des risques, brochures d’informations, espaces dédiés à la consommation pour éviter l’incitation) peut contribuer à casser le tabou et rendre plus collectives ces questions.

Nous n’avons pas de solution magique ni d’avis tranché marqué dans le marbre. Nous avons des pistes, des outils à explorer, et surtout l’envie que ces questionnements puissent exister de façon plus visibles. Rester seul·es avec ces problématiques nous expose (dépressions, aggravations/déclenchements de troubles psys, suicides, précarités etc). Collectiviser les problèmes, c’est se donner les moyens de créer plus de solidarité.

Ce texte est aussi une invitation à ce que ces questions de la fête et des drogues existent plus dans nos milieux. Par exemple avec des discussions, des textes, ateliers, ou autre (en + des rares initiatives qui existent déjà). Et c’est évidemment possible de proposer ça à Euforie.

Prenons soin de nous, et brûlons ce monde !

P.-S.

L’Euforie, 36 rue du Canon d’Arcole à Toulooz
Métros Compans/Canal du Midi
Permanences les jeudis de 16h à 18h et samedis de 14h à 16h
Réu d’orga ouverte les jeudis à 18h

Notes

[1voir Un nouvo squat d’activités sur ToLose ! qui en parle un peu

[2contraction de courses et chourre

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