Moudenc veut débitumiser… de qui se moque-t-on ?

Mais de nous, et pas qu’un peu, le promoteur d’un quartier d’affaire de 30000m2 en plein cœur de la ville, le délivreur de permis de construire en veux-tu en voilà, grand ami des promoteurs et des commerçants… Le maire future candidat à sa succession met la question urbaine au cœur de la campagne en disant l’exact contraire de ce qu’il a fait jusque là

Bien entendu cette campagne s’annonce très verte : entre la limitation de la densification, les parasols de plante verte et maintenant le « débitumage » de la ville… Seule l’extrême complaisance de la presse aux ordres permets au maire d’embobiner sans vergogne ses administré.es.

La réalité, quiconque se promène à Toulouse la voit tous les jours. Les chantiers couvrent la ville, les immeubles poussent comme des champignons et la ville s’étend inexorablement.
Cartoucherie, Montaudran, Malpère, Borderouge des quartiers entiers construits là où il y a ou il y avait des friches vertes et arborées. Ce ne sont pas moins de 22 ZAC qui sont recensées par le torchon local en 2013. Et si vous ajoutez à ça TESO, gigantesque quartier d’affaire, les 150 mètres de mépris de la tour d’Occitanie et la ligne de métro Airbus qui desservira des quartiers encore peu denses. Vous avez l’expression d’un un projet tout entier dirigé par la logique de la métropole qui s’impose : toujours plus gros, toujours plus de travail, toujours plus de valeur.
D’autant que ces Zones d’Aménagements Concertées ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la construction, 80% des logements se font au coup par coup par des promoteurs sans scrupules qui déploient des logiques opportunistes pour réaliser leurs opérations toute un peu similaires de 3 à 6 étages. Ces ilots de 40 à 200 logements se construisent sans aménagement et équipement et dans une logique de rentabilité qui fait que « la spéculation est partout à tous les stades de la chaîne de production de logements dans les villes. » et que « Souvent les promoteurs sont assez pingres et cela amène à l’utilisation de matériaux de moins bonne qualité… » [1]. La construction s’immisce partout dans la ville la transformant en profondeur. « Les promoteurs investissent les espaces les moins denses et les plus déstructurés ; ils profitent de l’exurbanisation ou de la fermeture de certaines activités de service (stations-services, ateliers artisanaux…), ils bâtissent sur d’anciens terrains maraîchers, colonisent certaines avenues conduisant aux communes limitrophes de Toulouse, prospectent auprès des particuliers soucieux de vendre tout ou partie de leur bien. Ces opérations par petits, voire moyens programmes, comblent les dents creuses, compactent les linéaires urbains et renforcent les quartiers périphériques, y compris ceux déjà densifiés et en croissance. » [2] Et les « programmes » visent une rentabilité immédiate en visant les jeunes ménages sans enfant et en laissant pour compte les populations les plus précaires. Ce faisant le turn over rapide fait que les habitant.es n’ont plus d’attachement de quartier. Ilelles habitent un bout de ville impersonnelle et sans attache. Le travail est précaire, pourquoi l’habitat ne le serait pas aussi… Les mobilisations sont d’autant plus difficiles et, à mesure que ce développe les « consultations » le pouvoir réel sur notre cadre de vie diminue. Et les grands parcs urbains font partie intégrante de ce projet : l’intensification de l’usage des berges du canal ou de la Garonne vont appauvrir les écosystèmes envahis par les promeneurs et promeneuse et retiré les espaces libres pour des populations précaires qui y ont trouvé refuge.

Ne soyons pas partisan ce maire-là n’est pas pire qu’un.e autre. L’intensification de la construction est une constante depuis trop longtemps. La ville doit s’étendre, les richesses s’accumulé et après nous le déluge. C’est tellement vrai que la planète devient un étouffoir en plus que perdure l’exploitation méthodique de notre travail comme de nos loisirs. Ce n’est pas, et n’a jamais été, une fatalité. Lewis Mumford est un historien étasunien qui a retracé l’histoire des cités depuis l’antiquité il avertit que la mégapole est « la dernière étape du cycle classique de la civilisation, avant son complet effondrement. » [3] Dans les années 60 il constate l’accroissement sans limite des villes la course au gigantisme « La métropole ressemble à la Reine Rouge que l’on voit, dans Alice au pays des merveilles, faire de grands efforts et courir à toute vitesse en restant sur place. En fait, elle a perdu au cours du siècle dernier un grand nombre de ses avantages, l’habileté technique est incapable de compenser l’incompétence politique et l’immobilisme social » [4]. Au final la ritournelle de la ville plus verte entonné par le pouvoir veut faire croire que tout peut continuer comme avant en évitant la catastrophe annoncée, ceux et celles qui nous ont mis dans la merde veulent nous faire croire qu’ilelles vont nous en sortir.

Notes

[1Extraits d’entretien d’un architecte et d’un promoteur voir La densification standardisée au risque de la faible urbanité. Dynamiques toulousaines, F. Laumière, M. Sibertin-Blanc, C. Siino

[2Extrait de l’article précedemment cité.

[3Page 735 de Lewis Mumford, La cité à travers l’histoire, paru initialement en 1961, l’édition utilisée ici est de 2011 chez Agone.

[4Idem p. 752

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