14 décembre 2019, la dépêche tient un scoop, des intolérant·e·s ont attaqué une crèche de Noël vivante organisée par l’association Vivre Noël autrement. Des enfants, des animaux, dans cette violence ! Vous imaginez ? Moudenc réagi dans la foulée de l’article pour défendre cette « association laïque […] la liberté d’expression ainsi qu’à respecter l’histoire et les traditions de notre pays ».
S’en suit une série d’article dans toute la presse nationale. Il faut alors se promener sur les réseaux sociaux ou attendre un article de France 3 pour entendre un autre son de cloche. Les organisateurs et organisatrices de cette petite fiesta version culs bénis font parti·e·s des branches traditionnalistes de l’Église, et le moment qui a mené à une fin précipité n’a pas été si violent.
L’enquête de France 3 était bienvenue mais poussons un peu plus loin.
La crèche de Noël vivante toulousaine, une longue tradition...sous Moudenc
2014 - Jean-Luc autorise « des étudiants » à organiser une crèche -
Moudenc vient de prendre le Capitole et souhaite vite effacer les traces du PS au pouvoir. Ça ne veut pas seulement dire mettre des caméras et des flics armés à chaque coin de rue, mais aussi retrouver « la magie et l’esprit de Noël ». Mettre une crèche de Noël dans le Capitole amenerait la polémique, alors une autre proposition tombe à pic :
« Si nous n’en sommes pas organisateurs nous sommes satisfaits de l’arrivée de la crèche place Saint-Georges, qui concorde avec notre volonté de retour de la magie et de l’esprit de Noël dans la tradition la plus populaire, en dehors de toute question religieuse » explique le maire. »
La Dépêche se fait le parfait relais de cette initiative « bon enfant » initiée par « un groupe d’étudiants et anciens étudiants catholiques ». Frédéric Brasiliès (ex) élu délégué aux festivités et aux animations à la mairie de Toulouse (et depuis accusé de plusieurs viols) « annonce une belle crèche vivante avec une chorale ». La Mairie et Moudenc approuve puisqu’apparemment il n’est pas question ici de religion. La « tradition » (pas très laïque) est lancée !
2015 - La crèche des« jeunes chrétiens » place de la Trinité « soulève le débat » -
Reblote un an plus tard. Les étudiants de l’année passée ont sûrement un peu vieilli puisque les voilà devenus « jeunes chrétiens ». Mais la mairie valide toujours, et la Dépêche fait son reportage décrivant un public « plutôt satisfait ». On friserait même « l’unanimité », la preuve avec ce témoignage recueilli par le torchon local : « C’est une très belle idée en cette période de Noël, approuve une senior. La crèche est tout de même le symbole du monde catholique et donc de la France, fille aînée de l’Église ». Nous sommes bien en 2015.
2016 - On continue, atterrissage place Saint Georges -
Et c’est toujours un succès selon le journal le plus détesté des toulousain·e·s qui décrit des « badauds nombreux à prendre des photos et à reprendre en chœur les chants.. »
Même Moudenc est venu célébrer ce Noël laïque, y allant de sa petite vidéo publié (en direct !) sur son compte Facebook. « Quelle belle initiative » confie Moudenc.
2017 - Retour à Saint Georges avec la maîtrise des enfants de Saint-Etienne et la chorale des Béatitudes -
La Dépêche sort un publi-reportage le matin pour promouvoir l’événement.Sans surprise le site Infos Toulouse (site d’information des extrêmes droites toulousaines) alors récemment créé sort un compte rendu. Parmi leurs photos de la crèche, une black face.
Les cathos tradis ont mis les moyens pour attirer les ouailles et sortent une vidéo teaser annonçant le rendez-vous « venez chrétien et chrétienne » y chante les choeurs. Mais nous sommes toujours face à une tradition laïque pour la Mairie de Toulouse.
2018 - « Gloire à Dieu » -
Un petit teaser pour la route ?
Le site Famille Chrétienne dans sa catégorie « évangélisation » interview Alice de Guillebon alors responsable de l’Association Noël autrement qui se félicite de « cet événement inspiré d’une initiative bordelaise comparable. « Les gens sont très contents, ils retrouvent des traditions qu’ils avaient quand ils étaient jeunes », assure-t-elle, évoquant également un très bon accueil par les commerçants du quartier et la bienveillance de la mairie de Toulouse. » On apprend qu’à cette occasion « plusieurs milliers d’images de la Nativité du Christ seront distribuées aux passants, avec les horaires des célébrations de Noël dans les églises de Toulouse ». Mais tout cela reste laïque évidemment.
2019 - Pas du prosélytisme -
Une nouvelle fois la presse locale a assuré la promotion de l’événement, afin qu’il sorte potentiellement du petit milieu catholique traditionaliste toulousain. La Dépêche s’inquiète tout de même d’une éventuelle controverse mais Erwan Demolins l’un des organisateurs rassure : « Ce serait raccourcir les choses de penser qu’il s’agit d’une action de prosélytisme ». Pas de raccourci. Il ne s’agit que de quelques heures de chants d’églises et de millers de tracts pour la messe. Ok ?
Cette année aussi Infos Toulouse était présent à l’événement où dans une « ambiance bucolique, les bénévoles ont distribué entre deux chants de l’Avent, des petits prospectus avec les horaires des messes de Noël », laïcité oblige.
Vous avez dit laïque ?
Après Alice de Guillebon c’est un certains Erwann Demolins qui semble faire office de devanture pour l’association Vivre Noël autrement organisatrice de ces séances de prières de rue annuelles. Erwan a épousé Violaine Poirier en août 2015. Violaine Poirier ex scout Europa (une branche catholique traditionnaliste des scouts) à Bordeaux dans une « compagnie » lié à la Fraternité Saint Pierre de Bordeaux où l’on fait la messe en Latin.
Depuis leur mariage, Erwan et Violaine ont eu un enfant, baptisé par l’Institut du Christ Roi Souverain Prête (...) dont parlait l’article de France 3.
L’association qui organise ces créches de Noël vivantes n’est pas seulement liée par ses membres à une partie de l’Église catholique, mais aussi par les moyens financiers et matériels.Un tour sur le Facebook de l’association permet de se rendre compte que les réunions et répétitions de la crèche vivante sont hébergées dans des églises et autres lieux possédés par différentes branches du catholicisme toulousain. L’association a même déclaré son siège 13 Place Saint Sernin soit…à la basilique Saint Sernin ! Basilique qui par affection permettait il y a quelques années de défiscaliser ses dons à Vivre Noël autrement.
2020 - ? -
Toulouse reste une grande ville relativement épargnée par les tentatives de retour des traditionnalistes catholiques et de l’extrême-droite dans l’espace publique. Mais cela pourrait changer. Faut dire que Moudenc et ses potes en bon manifestants de la Manif pour Tous leur tendent la main.
Alors l’an prochain, on vient nombreu·x·ses place Saint Georges le dernier samedi avant Noël ?
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