En pratique, cela signifie qu’il y a trois douches communes sans serviettes ni portes pour une trentaine de personnes. Cela signifie aussi que nos nuits sont rythmées par les pleurs des bébés des uns ou les ronflements des autres. Nous étions chez nous et tout s’est effondré en quelques heures. Au-delà d’avoir tout perdu, le silence des institutions résonnent violemment en nous. Nous ne le comprenons pas.
Aucun suivi n’est effectué, nous devons batailler pour avoir un rendez-vous avec les divers services publics et, surtout, nous sommes TOUJOURS à l’initiative de ceux-ci. L’immeuble a brûlé, nos vies avec et nous voilà laissés dans un gymnase froid et lointain sans aucune solution. Même les journalistes sont interdits d’accès, accentuant le silence quant à notre situation.
Néanmoins, depuis peu certain.e.s d’entre nous se voient proposer des appartements par la SOGEM, ou d’autres agences. Mais, la contre-partie pour ce relogement est de présenter des garanties lambda, exigées par l’ensemble des propriétaires.
Au 73 et 73bis rue de Bayard, les situations des voisins et voisines étaient pour la plupart précaires. Nous étions dans ce bâtiment justement parce que ces garanties n’étaient pas demandées. Sinon qui accepterait de s’endormir au milieu des blattes ? Nous et nos proches ne gagnons pas trois mois de loyer, nous n’avons pas forcément de CDI ou de garants donc nous apprenions à vivre avec des fils électriques qui pendait dans le salon, des vitres super fines ou des toilettes désossées, avec des punaises de lit jusque dans les couloirs, des déchets dans toute la cage d’escalier, un ascenseur et du ménage que l’on payait jusqu’à 100 euros par mois mais toujours défecteux. Des procédures d’insalubrité ont été lancées et continuent d’être en cours, car ce n’est pas parce que nous sommes précaires que nous ne méritons pas un logement digne. A défaut d’un immeuble chaleureux, nos intérieurs étaient nos foyers. Nous les avons perdu et demandons l’accès à un habitat digne, propre et dans nos moyens avec les mêmes garanties qui jusque là satisfaisaient la SOGEM et les propriétaires.
Nous refusons de nous dissocier. Nous sommes tous et toutes des habitants à part entière, papiers ou pas papiers, bail ou pas bail, ça n’a jamais dérangé nos propriétaires. Pourquoi maintenant ? Car si leur responsabilité attenante au relogement est engagée, nous c’est notre vie qui a été dégagée par le mauvais entretien des lieux. Nous exigeons donc une solution de relogement collective, et non au cas par cas en sélectionnant les habitant.e.s les plus solvables ainsi que des logements similaires en surface et en loyer à nos appartements perdus.
De plus, certain.es d’entre nous ne possédaient pas de papiers français. Nous exigeons la régularisation des sans papiers sinistré.e.s de cet incendie au titre de la circulaire NOR INTK1229185C du 28 novembre 2012, autrement appelée "circulaire Valls".
Brûlamment,
Des habitant.es des 73 et 73 bis rue Bayard.
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