Nous avons découvert l’incroyable secret des théories du complot – Dijoncter.info

Dans toutes les périodes de crises, nous voyons fleurir de nombreuses théories du complot, y compris dans les cercles militants. Comment sont-elles construites et en quoi sont-elles foncièrement nocives ?

Dans notre article, nous allons tenter de montrer les mécanismes du complotisme et comment ils sont utilisés par des mouvements politiques qui ne sont pas forcément ceux que l’on croit. L’anarchisme et les organisations progressistes ne sont malheureusement pas immunisés. Nous n’avons pas souhaité traiter les complots de façon à les remettre en cause en tant que tel (véracité, fausseté etc..) mais plutôt nous attaquer à leurs rouages. En effet, même si cela est important de démonter les théories complotistes, cela peut donner du grain à moudre à leurs adeptes dans le sens où ceux-ci vont chercher systématiquement des complots, voir même des complots dans les complots. Bref, vous l’aurez compris : ce système de pensée est une boucle infinie qui doit être combattu, aussi, grâce à l’analyse de son fonctionnement.

Le complotisme et ses théories, qu’est-ce que c’est ?

Le complotisme est le fait d’interpréter systématiquement l’Histoire et ses événements sous le prisme d’un grand complot national ou international à l’aide de théories dites « théorie du complot ». Elles ont généralement toutes le même schéma narratif et des protagonistes récurrents. Il s’agit de faire une différence entre le complot et les complots : les complots existent (la mort de Jules César par exemple) mais le complot universel qui régirait notre monde lui, n’existe pas. Dans le complotisme il y a la volonté d’expliquer la marche du monde, de révéler à la majorité ignorante l’urgence du danger qui se trame contre elle et de s’exposer en tant que prophète victime des puissants et/ou des conspirateurs que l’on dénonce.

Dans son livre L’imaginaire du complot - Discours d’extrême droite en France et aux Etats-Unis, Jérôme Javin identifie 3 catégories d’acteurs que l’on trouve toujours dans une théorie du complot. D’abord une minorité malveillante, faisant partie des élites (que cela soit réel ou non), ceux-là sont les conspirateurs, ils sont peu mais très puissants. Il y a ensuite la majorité de la population, manipulée, qui ne sait rien du complot ourdi contre elle et enfin, la petite partie de ceux qui dénoncent le complot et le combattent. Vous l’aurez compris les théoriciens se placent souvent dans cette dernière catégorie. Les groupes ciblés par les conspirateurs sont décrits comme puissants et avantagés dans la société alors qu’en réalité ce sont souvent des groupes marginalisés et sans pouvoir. Ces boucs émissaires sont souvent placés aux côtés du gouvernement ou des cercles de pouvoirs institutionnels qu’ils manipuleraient pour servir leurs intérêts (le lobby Juif ou LGBTI+ par exemple). L’état serait complaisant voire complice et finalement lui-même victime des conspirateurs. Le double complot est très courant dans ces théories. Les théoriciens ou propagateurs insistent toujours sur l’urgence de la menace, les conspirateurs sont « à deux doigts d’arriver à leurs fins et il est urgent d’agir ». Nous sommes ici dans le registre de la persuasion qui joue sur les sentiments, les émotions plus que sur la raison.

Les discours complotistes sont assez flous pour qu’il soit le plus difficile possible d’argumenter contre eux et pour qu’un maximum d’indices puissent remplir les conditions de son affirmation. Pris chacun individuellement, ils ne représentent pas un réel intérêt, mais leur accumulation permet au théoricien d’affirmer qu’il y a « quelque-chose de louche », « que tout cela cache quelque-chose ». Sébastien Chonavey, auteur et professeur des écoles en Belgique, appelle cela « la recherche indiciaire ». Vient ensuite l’idée qu’il n’y a pas de hasard dans l’histoire, qu’elle est le produit d’une élite secrète qui planifie à l’avance les événements, cette logique apporte souvent les mobiles aux théories du complots. Ce cheminement de pensée est possible parce que la personne cherche uniquement à valider son hypothèse de départ et qu’elle va systématiquement et sciemment écarter tout ce qui viendrait la contredire. C’est ce qu’on appelle un biais de confirmation. L’étude historique nécessite de la rigueur et une méthodologie qui n’est jamais respectée dans l’élaboration de ces théories. Enfin, les conspirateurs malveillants sont décrits dans le complot, de façon directe ou non, par la symbolique, les clichés et idées reçues. On a alors une division du monde en différent camps et il faudra, à terme, en choisir un. Leur vision est bien souvent manichéenne.

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